vendredi 22 août 2008

John Edwards (2): Dieu et son épouse lui ont pardonné...


I
l est probable que John Edwards (à droite, dans la pose du repentant) n'a de loin pas révélé l'étendue de son affaire extra-conjugale dans sa confession à la télévision américaine [Case des hommes, 11 août]. Peu importe, sinon que la manière dont un homme gère ses crises privées est révélatrice de ses compétences politiques et diplomatiques.
Un mec qui parle trop du merveilleux couple qu'il forme depuis trois décades avec son épouse -- et qui met en avant dans sa campagne le cancer de celle-ci -- doit s'attendre au pire s'il n'est pas irréprochable; ses concurrents dans la course présidentielle -- qu'ils appartiennent à son parti ou soient républicains -- ne manqueront pas de glisser une peau de banane. Donc: un tabloïde (bien informé) suit Edwards à la trace depuis une année et promet encore beaucoup de révélations. Sur ses amours et sur les fonds détournés pour couvrir l'affaire? John devrait normalement se retirer de la scène politique. Non. Son apparition à la télé était encore un moyen de se mettre en avant et de contrôler le script en habile avocat et millionnaire qu'il est. "Mon Dieu et mon épouse m'ont pardonné, donc je vais de l'avant."

Pourquoi les "valeurs familiales" et "Dieu" sont-ils si souvent jetés en pâture aux électeurs américains? Ces deux concepts ont colonisé les terres amérindiennes avec les Pères pélerins (protestants fondamentalistes) et les Irlandais (farouchement catholiques). C'est pourquoi McCain et Obama ont affirmé en choeur, l'autre dimanche, et dans une église, qu'ils étaient born again, des chrétiens confessants pur jus.

En 1999, lorsque Clinton se trouvait sur la sellette, incapable de gérer son affaire Lewinsky avec un peu de pudeur et d'autorité présidentielle, John Edwards avait déclaré, outragé: "Ce président ne
s'est pas montré à la hauteur de sa charge; il n'a pas respecté la dimension morale de sa responsabilité de chef, il a failli à ses amis, à son épouse et à sa précieuse fille. Cela me stupéfie que l'on puisse à ce point manquer à son devoir."

Alors, qui a mis le tabloïde sur la piste? La philosophe Hannah Arendt estimait que politique et bonne foi ne sont pas compatibles. Donc, un conseil aux politiciens (et aux coureurs de jupons): ne vous embarquez jamais dans un sujet délicat ou un jugement hâtif que l'on pourrait vous resservir plus tard!

|| Ulysse

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