dimanche 14 septembre 2008

Les Italiens, leur bite, les nonnes et le mauvais sort


F
aute de liquidités
pour payer la facture du carburant, les avions d'Alitalia resteront cloués au sol demain lundi. Les syndicats refusent le contrat de travail, les diminutions de salaire et de vacances imposés par les repreneurs. Aussi, en ce triste dimanche, les pilotes d'Alitalia, les stewards et le reste du personnel masculin se palpent-ils plus que jamais la braguette.

Se gratter l'entrejambe en public d'un air absent -- ou inquiet, comme
aujourd'hui -- fait partie du mode de vie en Italie. Qu'est-ce que cela signifie? Que ces types ignorent l'usage de la douche, du savon et du talc? Pas du tout. Qu'ils sont en perpétuelle représentation? La fierté du coq, un peu. Qu'ils veulent attirer la chance: au poker par exemple? Ou conjurer un malheur? Oui, la mort, la perte de leur emploi, la disparition, entre autres de ce précieux service trois-pièces, source de tant de satisfactions symboliques et physiques, comme l'exprimaient déjà les Latins avec ce "Hic habitat felicitas", le bonheur s'est installé ici. Revenons à l'antiquité pour comprendre nos contemporains.

L'équivalent
du phallos grec est le fascinus des Romains. L'organe qui suscite la fascination de son propriétaire et de la personne en face de lui. Grâce l'élévation du fascinus, elle peut juger de l'authenticité des sentiments exprimés. La touchette intime remonte à l'ère pré-chrétienne; elle est associée à la superstition du mauvais oeil (la guigne). Quelqu'un vous veut du mal à vous, votre famille, vos possessions et vous fixe intensément pour provoquer une calamité. On peut imaginer que pour protéger de ce regard malfaisant votre plus précieuse et fragile possession -- votre fertilité, votre honorabilité -- vous la couvriez de vos mains. Avec le temps, les hommes se sont aussi couverts dans d'autres situations: lors du passage d'un cortège funèbre par exemple, ou en apercevant une nonne!

Pour se protéger du mauvais sort, et de l'impuissance, les Romains ont aussi créé des amulettes phalliques qu'ils pendaient à leur cou ou au poignet. Certains Italiens d'aujourd'hui portent encore une amulette en forme de corne (même signification) et font le geste de la mano cornuta pour conjurer la malchance (alors que d'autres se signent). Comme quoi la bite offre plein de ressources au langage masculin, sans oublier le doigt d'honneur.

Enfant, je n'ai jamais vu mon père se tacler. Parfois, lorsqu'il se croyait seul, il rectifiait la position; les slips kangourous n'avaient pas encore traversé l'Atlantique. Il ne m'a jamais non plus prédit que
mon petit oiseau s'envolerait si je le cajolais trop. Le matin, lorsqu'il quittait la chambre matrimoniale pour se rendre à la salle de bain, il se grattait consciencieusement les fesses et cela m'étonnait. Beaucoup plus tard, je me suis aperçu que je faisais pareil. Aujourd'hui, je sais pourquoi et j'ai élargi ma pratique matinale au périnée (notre plancher, derrière les couilles) et aux plis des aines. Cette zone correspond au premier chakra selon la médecine traditionnelle de l'Inde. C'est le lieu symbolique de notre enracinement dans la réalité de cette terre (pas un hasard que notre racine en soit proche); un lieu que je stimule en me levant le matin. Je pourrai y puiser la force de réaliser mes projets de la journée, grâce à l'énergie qu'il produit.

|| Ulysse

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