mercredi 10 septembre 2008

Sarah Palin, intégriste et pionnière, fait bander l'Amérique


Avant le big bazaar électoral durant lequel la teigneuse Clinton devait enfin abdiquer devant Obama, des christianistes avaient prié que le ciel arrose le stade à ciel ouvert des démocrates. Dieu ne les a pas entendus (ils avaient probablement oublié d'y joindre un chèque). Mais l
e succès indubitable du candidat métisse a été de courte durée.

Car l'ouragan qui a déferlé sur la côte sud des États-Unis a été rapidement neutralisé par la tornade Sarah qui
fonçait depuis l'Alaska sur le meeting électoral des républicains. Aujourd'hui les christianistes dominionistes américains [attachés comme les intégristes musulmans à un gouvernement dirigé selon leur interprétation du livre saint -- bye-bye la séparation Église-État] lancent cet ordre de marche (sur l'internet): "1) priez pour que le tandem McCain/Palin gagne la présidentielle, 2) priez pour la conversion de John McCain et ensuite pour sa mort rapide". Car malgré la confession de foi récente du candidat républicain, ils ne le considèrent pas comme un vrai chrétien, mais ne voudraient pas l'envoyer en enfer -- telle est l'étendue de leur charité. Il y a trois jours, le message a été modifié ainsi "2) priez pour la conversion de John McCain et proférez des malédictions s'il ne défend pas activement le caractère sacré de la vie humaine [= s'il ne proscrit pas l'avortement dès qu'il est nommé président]. McCouillon, qui a déjà traversé trois cancers, pourrait bien succomber à cette attaque de magie noire, lui qui a pourtant abandonné ses principes les plus respectables pour plaire à la droite populiste.

Entretemps, Sarah Palin est arrivée et éclipse complètement McC. Chienne
de combat, "pitbull avec du rouge à lèvre" comme elle l'a expliqué dans son grand discours écrit par d'autres, elle relaie toutes les attaques contre Obama, même les plus injustfiées, les plus trompeuses. Elle dénigre aussi Washington et son gouvernement qui écrase le bon peuple, feignant d'oublier que son propre parti y tient les commandes depuis huit ans. En bref, Palin c'est tout et n'importe quoi, c'est baby Bush en jupon, avec une bouche de suceuse. Sauf que...

Sarah Palin rayonne. Elle joue parfaitement de son charme érotique; elle
connaît l'étendue de son autorité "maternelle", sur les femmes de tous âges, et encore plus sur les hommes américains. Cela les fait bander parce qu'elle leur rappelle la première femme de leur vie en même temps qu'elle les met mal à l'aise, puisqu'ils auraient voulu s'en affranchir. Et le fait qu'elle incarne si bien le pouvoir féminin les fait encore plus bander: elle est la dominatrice que tant de mecs anglo-saxons rétribuent pour une rencontre secrète et jouissivement douloureuse. Pour la première fois dans l'histoire des Etats-Unis, une femme alpha a toutes les chances de devenir vice-présidente -- puis présidente par la grâce de Dieu.

Si la Barbie caribou, épouse d'un eskimo, professe des convictions christianistes intégristes (la guerre en Irak fait partie du plan de Dieu), rien ne prouve pour l'instant qu'elle est aussi religieusement fanatique qu'elle ne le professe. Car ce que femme veut, Dieu le veut. Ce dont on est sûr, en revanche, c'est qu'elle ravive l'image nostalgique des femmes pionnières du passé américain -- dures à la tâche, aussi entreprenantes que les hommes, encore plus résistantes. Ce qui pourrait apporter un nouveau souffle au féminisme étatsunien... Pouvoir au féminin (avec juste la corruption nécessaire pour s'y maintenir), rouge à lèvre (qui met en valeur les discours), cul passionné, religion austère et cupide.

|| Ulysse

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