mercredi 8 octobre 2008

Ce que la candidature de Sarah Palin révèle de l'Amérique actuelle




Ce qui suit est un extrait de Mad Dog Palin, un article de Matt Taibbi paru dans le numéro actuel de Rolling Stone. Seul un Américain a le droit de juger son pays ainsi. "Ce qui effraie le plus au sujet de la colistière de John McCain ce n'est pas son incompétence, c'est ce que sa candidature révèle sur l'Amérique" affirme l'introduction. Taibbi se trouvait à Saint-Paul pour le discours d'intronisation de la candidate républicaine à la vice-présidence. A la sortie, il entend une femme coiffée d'un chapeau de cow-boy dire: "Elle me rappelle vraiment ma cousine. C'est une vraie femme. Comme elle."

"A
ce moment-là, j'ai compris le cynisme absolu de toute cette manoeuvre électorale accablante. Voilà où en sont les Américains. Vous pouvez envoyer leurs gamins par milliers se faire exploser les couilles au loin sans raison valable, vous pouvez les écraser de dettes gouvernementales, des milliards de dollars année après année, et ils passent joyeusement leur hiver à regarder des émissions de télé-réalité et des matchs; vous pouvez les tromper avec des hypothèques et ne leur laisser que leurs cartes de crédit pour vivre avec des salaires de misère tout en exportant leur emploi en Chine ou en Inde.
Et rien ne semble leur importer aussi longtemps que vous vous rappelez qu'il faut les distraire quelques mois avant les élections, avec ces caricatures débiles qui présentent votre programme
présidentiel. Si Sarah Palin ressemble suffisamment à cet archétype bavard de la mégère américaine moyenne, le peuple lâchera son paquet géant de chips, s'essuiera la bouche, se précipitera aux urnes et votera pour elle. Non parce que ce serait raisonnable, ni parce que ça améliorerait sa vie ou celle des autres. Non, mais simplement parce qu'elle fait appel à son narcissisme le plus élémentaire; et parce que l'image qu'il voit à la télé lui rappelle le pauvre con écervelé qu'il regarde dans son miroir chaque matin.
Sarah Palin symbolise tout ce qui va mal aux Etats-Unis aujourd'hui. En tant que représentante de notre système politique, elle vole encore plus bas que ses prédécesseurs; elle est le couronnement de toutes les vilenies du manipulateur Karl Rove. Et plus que tout, elle démontre tragiquement combien peu nous demandons en retour de l'abandon de notre pouvoir politique.[...]
La droite de l'espèce Bush-Rove n'a pas économisé sa peine pour trouver un
visage à mettre sur sa politique dégueulasse, inhumaine et catastrophique. Il a su plaquer avec génie la cupidité institutionnelle des huit dernières années sur l'image de la supermère de l'Amérique pavillonnaire. Car il n'existe presque rien au monde de plus malfaisant que ce type de tyran femelle provincial.[...]
Ce qu'il faut comprendre avec le choix de Palin pour vice-présidente, c'est que beaucoup d'électeurs américains n'exigent plus que les candidats présentent un programme politique; ils leur demandent seulement un divertissement médiatique et deviennent leurs supporteurs de la même manière qu'ils sont fans de tel ou tel concurrent de Star Academy.[...]
Forcément, l'image de Barack Obama a elle aussi été construite avec habileté. La différence d'avec celle de Palin réside dans ce qu'Obama représente. Il se bat en faveur de la tolérance, de l'intelligence, de l'éducation et de la patience; il accepte le compromis et la négociation; il est prêt à prendre les difficultés de face -- des qualités dont nous aurons besoin pour notre prochain gouvernement, si nous voulons nous sortir du gâchis dans lequel nous nous trouvons.[...]

Le plus écoeurant avec Sarah Palin, ce n'est pas son manque absolu de compétence, ou le fait qu'elle est une fanatique religieuse, mariée à un séparatiste, ou incapable de donner une éducation sexuelle à sa propre fille, ou une fausse conservatrice qui a augmenté les impôts et utilisé abusivement des fonds d'Etat chaque fois qu'elle le pouvait. Le plus effrayant à son sujet c'est ce qu'elle révèle de nous autres: qu'on peut nous enculer pendant huit ans entiers, et que non seulement nous disons poliment merci, mais que nous sommes prêts à signer pour huit années supplémentaires à condition qu'on nous caresse dans le sens du poil pendant un bref instant avant les élections."

Illustration haut de page de Robin Eley dans The Village Voice cette semaine.

3 commentaires:

Anonyme a dit…

A part quelques intellos brillants mais sans influence, la plupart des Américains croient fermement que leur nation a une mission divine à exercer dans le monde. Et ils sont prêts à l'exercer avec les armes. Démocrates ou républicains, il y a finalement peu de différence. Les humanistes et les chrétiens européens ont de la peine à le comprendre.

Anonyme a dit…

C'est misogine, votre blog. Très pd.

Damstounet a dit…

Très pertinent cette analyse.
Pourtant, peu tètre faudrè til arrété de prendre sans cesse l'image de la sodomie comme une métaphore négative pr illustrer son propos mème si sa lui donne indéniablement plus de force et de conviction.

Cela peu tendre ds l'inconscient du lecteur a confirmer voire a renforcer l'image négative kil a de cet acte et par suite de la sexualité homosexuelle masculine...

Ce sont des choses à ne pas négliger...