vendredi 5 décembre 2008

Conjugo (3) -- Les étudiantes et étudiants entretenus


Rappel: je nomme conjugo [ou conjungo] les combinaisons qui permettent aux humains de transmettre du sperme, d'échanger du fric et du sexe, ou de conjuguer le verbe aimer de je à tu, il, nous et jusqu'à vous. Le récit de Melissa Beech -- lisez bitch -- (nom de plume) intitulé My Sugar Daddy, a paru dans The Daily Beast et a fait le tour des blogues nord-américains.

Un sugar daddy est un mec plus âgé prêt à aider financièrement une jeune personne, femelle ou mâle, contre quelques avantages
définis par contrat. "On pourrait l'appeler prostitution. Je préfère dire arrangement mutuellement bénéfique qui me permet de me payer des fringues d'enfer", écrit Melissa en préambule. Étudiante en Pennsylvanie, de famille aisée républicaine et catholique, elle précise: "Mon milieu m'a fourni les outils nécessaires au succès: éducation très classe, les écoles les meilleures, bonnes lectures, aisance dans la parole, voyages."

Durant ses premières années à l'uni, Melissa a essayé de se débrouiller pour devenir financièrement indépendante. "Dans la vente, comme j'étais entourée de tentations, je dépensais plus que je ne gagnais. Le service au restaurant, c'est trop crevant. Je me suis présentée à plusieurs entretiens d'embauche, mais on me proposait des stages non payés." Puis, le miracle: "Tout d'un coup,
je rencontre un employeur potentiel -- début de la trentaine, célibataire et en plein succès financier. Il ne m'engage pas, mais me propose une situation qui convient parfaitement à mes aptitudes et talents. Il m'offre de devenir mon bienfaiteur."

Vu de l'extérieur, poursuit la bitch, ce genre de parrainage ressemble à de la prostitution. "Mais les femmes n'ont-elles pas toujours usé de leurs charmes pour avancer dans la vie?" Melissa évalue le pour et le contre. Puisqu'elle étudie le journalisme et l'économie et que le parrain candidat évolue dans les médias, il pourrait lui fournir d'excellents contacts. [En plus, quels meilleur travaux pratiques pour l'économie et les médias que de se prostituer?] Néanmoins, elle se demande si le gars va lui plaire. Elle accepte une invitation à dîner et c'est lui qui pose les questions. Journaux et livres préférés, convictions politiques, loisirs. "C'était un homme aimable et à la fin de la soirée je me sentais très attirée. J'ai posé mes exigences, il a posé les siennes. Il cherchait ce genre de relation car ses ex n'avaient pas accepté que son travail passe avant tout."

Puis il a défini le paquet financier. Une allocation mensuelle, des cadeaux réguliers et des vacances en couple dans les lieux les plus beaux au monde. Des suppléments pour lui permettre d'inviter ses copines à des week-ends entre filles dans des stations de luxe. D'autres petits bénéfices comme un appartement à 1'600$ par mois, 700$ mensuels pour la voiture, 12'000$ par an pour sa pelote, un carte de crédit sans limite. [Melissa ment-elle dans son article?] Ses conditions à elle:
"Attendre avant d'avoir des rapports sexuels que je le connaisse mieux." Une certaine discrétion par rapport à sa famille à elle et à ses amis. Seule sa meilleure copine connaît les détails de l'arrangement et les coordonnées du mécène, c'est une sécurité.

Je vous passe les détails des voyages, shoppings, tours en hélicoptère, cadeaux somptueux. La super bitch a attendu trois mois avant d'offrir sa chatte à son généreux matou! Aux Etats-Unis -- pays de toutes les possibilités si vos parents sont riches -- les études dans les universités prestigieuses sont ruineuses. Un bon nombre d'étudiantes et d'étudiants aussi (les sportifs, les artistes et les architectes d'intérieur sont les plus recherchés) se font entretenir par des sugar daddies ou quelques rares sugar ladies. Les autres marnent dans de petits boulots, glanant des expériences utiles. La prostitution traditionnelle à temps partiel fait également partie du lot. Le phénomène est présent en Europe; il va s'accentuer avec la crise économique.

Je respecte sincérement les honnêtes travailleuses et travailleurs du sexe. C'est les putes comme Melissa Beech que je n'encaisse pas. Pourquoi?

Ulysse -- Photo du sugar daddy empruntée à Playgirl, magazine en fin de vie.

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