lundi 1 décembre 2008

Le bruit du tam-tam dans la forêt urbaine: histoire de capote


L
es hommes, lorsqu'ils ont des relations sexuelles avec des hommes, n'ont pas l'habitude de se raconter avant de faire l'amour. (Ils parlent avec les femmes par courtoisie ou pour franchir au plus vite le barrage des questions.) J'ai entendu cette histoire hier. C'est un gars séronégatif (appelons-le X) qui baise
un mec au sauna. Au plus fort de l'action, la capote se déchire et X ne s'en rend compte qu'après avoir éjaculé, au moment où il se retire. Il en fait part à son partenaire du moment, Z, qui hausse les épaules, émet un "Qu'est-ce que ça peut foutre?" et quitte immédiatement la cabine. X a toujours respecté les principes du sexe sécuritaire. Ce qui vient de se passer lui fout les boules au point qu'il ne sort pas immédiatement à la poursuite de Z pour lui poser la question qui s'impose.

Les scénarios se croisent dans la tête de X. Le mec que je viens de baiser est-il séropo? Est-ce la raison pour laquelle
il ne m'a même pas demandé si j'étais nég ou pos? Dans ce cas, est-ce que je suis en danger? Devrais-je envisager un traitement post-exposition dès demain? Comment vais-je supporter les effets pénibles du traitement durant quatre semaines? Ou bien Z suppose-t-il que je suis négatif, je ne sais pas pour quelle raison... Certains types imaginent pouvoir le détecter. Les hommes qui ont des relations sexuelles avec des hommes, n'ont pas forcément non plus l'habitude de se raconter après avoir fait l'amour.

Et si X avait été positif, aurait-il eu les couilles de le déclarer à Z après avoir constaté l'état de la capote? Beaucoup de mecs séropos considèrent à juste titre qu'il n'est pas utile, ni judicieux, d'annoncer leur statut sérologique tant qu'ils baisent couverts. La stigmatisation face au VIH est bien réelle. Elle peut être involontaire, mais brutale, lorsqu'un type te demande maladroitement: "Est-ce que t'es contaminé?" Beaucoup de gars se sentent rejetés -- autant par les amis, la famille qu'au travail -- lorsqu'ils informent leur entourage de leur statut positif. En réalité, ce n'est pas eux qui font peur, mais "la maladie", et cette image trouble de la mort qui se faufile derrière. Ceux qui ont un cancer font la même expérience. (La crainte de la stigmatisation est peut-être ce qui a fait fuir Z lorsque X lui a montré sa capote déchirée.) Car la rumeur méchante se propage aussi rapidement que les battements du tam-tam dans la grande forêt urbaine.

Ulysse

Photos.-- Après la fellation, le mec tatoué s'apprête à stimuler son partenaire par un léchage bucco-anal; côté VIH, le risque n'est pas élevé, en revanche la transmission de l'hépatite et de parasites est fréquente. Pour se prémunir, il faut une une hygiène rigoureuse et se faire vacciner contre l'hépatite A et B. Test de dépistage des infections transmises sexuellement (ITS) tous les six mois. Le jeune avaleur de sabre a l'air étonné d'y être parvenu! Fellation sans capote et sans éjaculation: peu de risque HIV; ne pas se brosser les dents une demi-heure avant ni après. Test ITS tous les six mois, y compris un prélèvement dans la gorge.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

C'est vrai que la peur du quand dira-t-on peut nous amener à faire des grosses coneries et pas prendre les précautions. J'en ai faites deux ou trois fois. J'ai eu chaud, mais pas de suites sauf une mst guérissable. La Vierge m'a protégé. Maintenant je fais gaffe!!! Ulysse merci de nous rapeler à l'ordre.