dimanche 29 juin 2008

La messe est dite, embrassez-vous et allez en paix!

Vitrail de la chapelle privée de sainte Uefa à Nyon: "Donnez-vous le salut les uns les autres
d'un saint baiser." (Épître de Paul aux Corinthiens I et II)

"Ite, missa est", parole qui clôt la messe, signifie: les jeux sont faits. La formule païenne "Ite diis placuit" (ainsi en a-t-il plu aux dieux) s'applique à la fin de l'Euro: la chose est accomplie. Toutes les peines et humiliations de l'homo sapiens fouteballicus, ses joies sportives et ses triomphes belliqueux se sont déversés sur le continent. Aux belligérants, maintenant, de faire la paix en attendant la prochaine guerre.

Parmi les émotions que nous, les mecs, exprimons bruyamment durant ces affrontements, il y a l'amour pur envers les héros qui réalisent nos rêves d'exploits et de conquête sur le terrain. Puis la détestation lorsqu'ils nous déçoivent. Cette idéalisation quasi religieuse traduit l'adoration virile qu'un gars peut ressentir envers un autre gars. Amour qui peut dépasser en intensité la passion du jeune marié; mais amour éphémère. L'adorateur désirerait se trouver dans les chaussures à crampons de l'adoré pour souffrir et vaincre comme/avec lui; il ne dédaignerait pas non plus de se trouver dans son slip, afin de cueillir l'offrande humide des femmes après le match.

Cette émotion complexe n'est pas ressentie comme sexuelle, même si elle fait appel à des affects proches. Les deux partis en présence savent qu'ils jouent avec un fantasme [le moi cherche à échapper à l'emprise de la réalité] provoqué par un mélange de jalousie/envie et d'adulation. Les athlètes sont les plus visés par ces amours mâles passagères. Des sentiments que vous n'éprouvez pas envers votre pote: la jalousie et l'adoration tueraient votre amitié.

Complexe, l'adulation mâle envers les vedettes du sport? Certains adorateurs fous vendraient leur âme. D'autres seraient honorés de prêter leur bien-aimée à leur adoré et de se retirer sur la pointe des pieds. Après, une autre messe serait dite.

|| Ulysse


vendredi 27 juin 2008

Père et fils: de nombreuses existences virtuelles


Regardez cette photo: elle me donne le frisson parce qu'elle raconte combien le monde des pères et des fils a changé depuis l'enfance du photographe. Parue ce matin dans le blogue Vos photos de Libération, elle est intitulée Autoportrait, solitude numérique et son auteur, Christophe Quinzoni, décrit l'instant:

«Face au miroir, appareil à la main et le regard un peu vide, j'appuie sur le déclencheur. Au fond de la pièce, l'ordinateur, et mon fils aîné qui s'évade vers ses mondes numériques... A cet instant, nous sommes séparés par des murailles invisibles de milliards de pixels. Chacun de nous dans l'une de ses nombreuses existences virtuelles. L'esprit envahi d'instructions techniques et de signes graphinumériques, je ne vois plus de lui que son reflet qui me tourne le dos...»

Père et fils, c'est un classique de la photographie. A l'automne 1941, Robert Capa cadrait Ernest Hemingway et son fils Gregory assis sur un pont en bois, avec leurs deux fusils de chasse.

Dans l'image de Christophe Quinzoni le frisson naît de la dynamique entre les moyens de communication représentés -- texte manuscrit, ordinateur, appareil de photo numérique. Une génération plus tôt, la même photo aurait donné ceci: papa derrière son bureau, les doigts sur la machine à écrire, et le jeune Chris en train de photographier son chien avec un appareil à cassette ou de piloter sa voiture à piles à l'aide d'un câble. La même que celles des générations précédentes, à quelques détails près.

Aujourd'hui, penché sur l'ordinateur, le fils de Christophe développe des mécanismes de pensée inimaginables quand son grand-père avait son âge, des processus que son père a acquis à l'âge adulte. On sait maintenant que les cellules nerveuses sont capables à tout instant de couper d'anciennes connexions pour créer de nouveaux câblages, donnant à notre cerveau la possibilité de modifier/amplifier sa programmation. Qu'est-ce que les nouveaux cerveaux ont encore en commun avec le mien (septuagénaire)?

Alors que sa vue baissait, Nietzsche s'était procuré une machine à écrire (début des années 1880). Et il avait constaté que son style changeait. Il relevait déjà que notre matériel d'écriture exerce une influence sur la formation de nos pensées.

|| Ulysse

jeudi 26 juin 2008

Dans le paquetage des soldats au front: une provision de deuils


S
emaine dernière. Service de rapatriement des corps de cinq soldats britanniques tombés en Afghanistan. Selon Londres, le total des pertes en vies humaines depuis le début de l'intervention en 2001 s'élève à cent hommes.

A l'aube, des parachutistes se recueillent en mémoire de leurs camarades tués en opération. Quelles émotions traversent leur esprit? Le chagrin éprouvé alors que des potes leur sont enlevés? La peur de subir le même sort ou de devenir handicapé à vie? La pensée des familles touchées par ces disparitions; de leur propre famille, épouse, enfants? La fureur à cause des moyens insuffisants mis à leur disposition pour mener cette guerre? La colère au sujet des promesses non tenues: qu'ils participeraient à la reconstruction d'un pays?

A quelles tentations doivent-ils résister? Celle de ne plus s'attacher aux autres membres du bataillon afin d'éviter le choc des deuils? Pourtant, la cohésion des combattants est indispensable à leur sécurité de groupe.

mardi 24 juin 2008

Attrait de la mode / Deux mondes



La mode capillaire et vestimentaire, c'est une manière collective de vivre sur cette planète. Elle dépend de la saison, du milieu social, de la tranche d'âge, des moyens financiers. Et du régime politique.















A Téhéran, la Police des moeurs a arrêté ce jeune homme lors d'un contrôle concernant la "corruption sociale". Sa coiffure et ses vêtements ne correspondent pas aux règles en vigueur. A Florence, Scott Schuman a photographié un jeune élégant en costard kaki dans le voisinage de la via Roma.

Remerciements: Nuno (London, Ontario) et Scott Schuman (The Sartorialist).

lundi 23 juin 2008

Un Noir à la Maison-Blanche, dans votre pantalon et vos amours



La campagne présidentielle de Barack Obama a commencé il y a seize mois et des Etatsuniens se demandent aujourd'hui encore s'il n'est pas musulman, s'il prêterait serment sur la bible, s'il est un vrai patriote.


En fait, son bagage multiracial et ses années à l'étranger
servent son prestige auprès des gens qui apprécient une expérience culturelle et sociale. Les autres continuent à colporter un tas de rumeurs à son sujet. Et il n'y a pas plus raciste que ce bouton vendu durant la Convention républicaine au Texas: "Si Obama devient président, est-ce que nous l'appellerons encore la Maison-Blanche?".

(Certains Américains ne supportent pas l'arrogance des Texans; ils regrettent la négociation de 1845 qui a arraché le Texas aux Mexicains.)


A côté de l'Amérique
du choix politique se dessine celle de l'opportunisme. La marque de sous-vêtements Andrew Christian met en vente un slip Obama. Prix: 29 dollars dont une partie reversée à la campagne du candidat. Slogan: "Nous croyons en ce que l'Amérique peut devenir. Dans l'espoir restauré, la prospérité et la paix. Participez au mouvement en faveur du changement!" En résumé: électeurs, maniez-vous les fesses et pétez sec!

La compagnie qui produit les préservatifs Obama n'affiche pas de soutien politique, elle ne joue pas visiblement sur la réputation des zobs afro-américains. Ses slogans caressent tout de même dans le sens de l'actualité. "Les préservatifs Obama offrent une meilleure protection que le Service secret." "Ils ne vous laisseront pas un mauvais goût dans la bouche."

|| Ulysse

dimanche 22 juin 2008

>>>>>>>>> Elle est amère, la vodka russe dans le jus d'oranje



















À la 117e minute, samedi soir, Arshavin ne laisse aucune chance à Edwin van der Sar et pousse l'humiliation jusqu'à marquer entre les jambes de l'inamovible gardien de but de l'équipe oranje.

Le photographe Erwin Olaf avait-il pressenti cette douloureuse défaite en faisant poser l'équipe néerlandaise ce printemps pour le journal AD?

Olaf avait prévenu les joueurs qu'ils seraient portraiturés couverts de boue [si cela n'est pas prophétique... ] et de manière érotique, voire sexuelle. Tous les joueurs ont accepté, sauf le défenseur Joris Mathijsen qui ne voulait pas être photographié "à moitié nu" parce qu'il est "très timide". À noter: avec ce ruban d'identité attaché au poignet, van der Sar, 37 ans, est déjà un homme mort pour le foute.

Plutôt que la sensualité du sport, les photomontages d'Erwin Olaf mettent en avant la montée d'adrénaline et la violence nue. Pour certains, c'est érotique.


|| Ulysse

samedi 21 juin 2008

Les anges aussi participent au défilé de la fierté gay


La marche des fiertés gay s'est déroulée aujourd'hui à Bienne en présence de Mister Suisse 2008. Dans le discours qu'avait rédigé son chargé de relations publiques, il a fait son coming-out: il est hétéro [nobody is perfect]. Il consacrera néanmoins une partie de son année apostolique au soutien des minorités, notamment, a-t-il dit, les handicapés et les homosexuels [de quoi fâcher les deux camps].

Pendant que la Miss au masculin pérorait, je songeais à la multitude d'anges protecteurs qui se tenaient auprès de chacun/e des participants. Ces créatures invisibles prennent certes des congés imprévus. Mais combien de fois nous ont-elles pas sauvés de dangers évidents ou cachés... L'air de rien, les homos mâles s'exposent souvent à des risques considérables, voire suicidaires.

La gay pride céleste se tiendra demain; certains anges (les plus folles) se sont rasé les ailes. Les nouveaux résidents qui ne connaissent pas encore les us du Paradis (et ont passé leur vie à condamner les femmes adultères, l'avortement et les homos) vont prendre un sacré rateau en assistant au défilé de la pédale angélique.

Mon père racontait cette blague. A l'issue de sa vie, un brave homme frappe à la porte du Paradis. L'apôtre-concierge lui fait visiter les lieux. Le conservatoire où les filles apprennent à pincer la harpe, la salle de danse où sont enseignées les claquettes (cours obligatoire, car l'éternité est longue, surtout au début). Et la visite dure déjà depuis deux heures lorsqu'ils passent devant un miroir sans tain à travers lequel ils aperçoivent une masse d'individus agités. L'apôtre dit: "Chut! ne faites pas de bruit. Ce sont les ..." [remplissez la case par l'Eglise à laquelle vous pensez, ou la chapelle politique, la secte, le gang scientolomerdique, le club de supporteurs]. Et il précise: "Ils se croient les seuls au Paradis."

Si vous avez quand même envie d'aller au ciel, malgré ce que vous avez enduré sur terre de la part du pape, de votre pasteur, de votre rabbi ou votre imam, rappelez-vous ce que Jésus a dit: "Il y a beaucoup de place dans la demeure de mon père" (Jean 14,2). Alors, ne faites plus attention à leurs condamnations. Moi, je choisis une autre promesse: "Le royaume de dieu est déjà là, au milieu de vous" (Luc 17,21).

|| Ulysse

vendredi 20 juin 2008

Comment les hétéros profitent des avancées des homos Oh! Oh!

Lorsqu'il s'est lancé dans sa campagne électorale, le futur maire et ministre-président de Berlin a déclaré: "Ich bin schwul, und es ist auch gut so", "Je suis pédé, et c'est tout aussi bien!" L'actuel maire de Paris n'a pas caché aux Français qu'il conjuguait l'amour au masculin. Le bourgmestre de Hambourg n'en fait pas non plus mystère. Ces trois hommes mènent une vie politique responsable et sont respectés. Loin d'eux le mensonge et les cérémonies des apparences. Ils réservent leur énergie à la vraie vie.

La manifestation annuelle lesbi-gay des Romands et Alémaniques frontaliers se déroule ce samedi à Bienne. Discours de politiciens, de représentantes des milieux sportifs et d'Amnesty. Défilé dans la ville. Célébration religieuse oecuménique. Spectacles: la chorale mâle des Schwule Berner Sänger, des chanteuses blondes, latinos, comiques. Du rock, du cabaret, du cinéma. Et la nuit pour manger, boire et danser, se congratuler entre filles et garçons, s'embrasser.

Pourquoi nommer cette manifestation Gay Pride -- fierté gay? "Il n'y a pas de quoi être fière/fier...", soulignent certains. Touché! Tout comme il n'y a pas de quoi pavoiser d'être né hétéro... Coulé! C'est arrivé sans qu'on n'y prenne garde, et basta! Sauf que la "fierté", c'est une idée des blacks étatsuniens pour exprimer leur valeur face à l'arrogance des blancs. Mais donc, pourquoi défiler encore, maintenant que les mentalités ont changé?

Parce que l'évolution des mentalité est lente, c'est normal. Parce que la honte au fond de soi met du temps à s'effacer, si jamais... Parce que beaucoup de lesbiennes et de gay se sentent isolés dans leur milieu (religieux), leur village (reculé), leur famille (immigrée). Mal compris, certains malmenés (jeunes chassés du foyer familial, ou envoyés dans un camp de rééducation psycho-religieuse).

Et puis nolens volens, à leur insu ou volontairement, les gouines et les pédales qui ont reçu la force de faire leur coming-out (sortir de l'ombre) donnent une leçon de courage à celles et ceux qui -- hétéros ou autres -- se sentent enfermés dans une situation inextricable. C'est un courage féminin qui rend les mâles plus virils et les femmes plus belles! Alors, vous qui nous regardez défiler, qui vous moquez des drag-queens mises en avant par les télés, vous qui redoutez ces mecs bardés de cuir qui savent mettre le paquet: captez plutôt le courage et demandez à dieu ou au diable de vous en faire une injection!

Autre bénéfice de la visibilité gay: après avoir aidé les goudous et les tantes à se déculpabiliser, elle permet à d'autres de sortir de l'ombre. N'importe quelle ombre. Comme me le disait un mec bien dans sa peau, cet après-midi: "C'est pas parce qu'on aime beaucoup les pommes qu'on n'est pas tenté parfois de croquer la poire!" Ou réciproquement. Que dieu te bénisse, mon frère!

|| Ulysse


jeudi 19 juin 2008

Se faire traiter d'enculé: plus pénible que de se faire mettre



Se faire mettre [par sa femme, par son homme] est un plaisir profond pour le mec détendu qui apprécie cette pratique et s'y est préparé. En revanche, se faire traiter d'enculé n'est jamais jouissif.

Voyons trois situations. 1) Un automobiliste insulte un autre automobiliste, qu'il ne connaît pas, et lui envoie un sonore "enculé!" en pleine gueule. Il ne fait pas allusion à l'orientation sexuelle de cet homme, il lâche sa colère avec le premier mot qui lui vient à l'esprit. 2) Un ado traite de pédé un camarade qu'il imagine homosexuel. Il exprime son dégoût et classe son interlocuteur dans la catégorie méprisée des êtres "différents". 3) Un garçon plus jeune qualifie un autre de pédé, comme il a entendu les grands le faire. Parce que sa victime préfère la lecture d'un bouquin aux jeux électroniques. Ni l'un ni l'autre ne savent exactement de quoi il en retourne, mais il est clair pour chacun que c'est profondément humiliant et qu'il y aura tabassage à la récré. Qu'il soit potentiellement gay ou non, le garçon insulté est victime d'homophobie. Les dommages résultant de l'homophobie et du racisme ordinaires sont ravageurs durant l'enfance et l'adolescence.

Le courage de ces jeunes mecs insultés et opprimés mérite d'être salué bien bas.

Jacques Fortin fait partie des responsables d'un réseau LGBT (LesbiGayBiTrans) Formation dans le Midi de la France. Ces spécialistes sont à la disposition des personnels qui s'occupent des jeunes (santé, enseignement, encadrement social) pour les sensibiliser aux souffrances et aux prise de risques liées à l'homophobie subie par les adolescents. Ces journées de formation sont prises en charge par les autorités locales ou départementales.

J'ai entendu Fortin en parler lors de journées consacrées à l'homosexualité à l'Université de Lausanne il y a deux ans. Hier, il était l'invité du Café politique de SolidaritéS Vaud et traitait un autre sujet: L'utopie homosexuelle et la World Cie. Ou: comment le libéralisme a étouffé Mai 68 et les autres mouvements de la jeunesse en ébulition à l'époque. Immense sujet qui donnera lieu à un bouquin lorsque la conférence brillante, dont c'était la première hier, aura été bien rodée. Jacques Fortin a publié "Homosexualités, adieu aux normes" aux éditions Textuel (2000).

|| Ulysse


mardi 17 juin 2008

Pisse-moi dans le dos et dis-moi qu'il pleut!



C'est la biture du week-end. Elle commence le vendredi soir pour se terminer par une monumentale gueule de bois dimanche à l'aube. Quand les ados et jeunes adultes boivent -- les filles aussi --, les flics et les parents trinquent. Pas amusant de ramasser les fêtards dans leur vomi et leur pisse. Il faut une dose d'humilité et d'humanité pour encaisser leurs insultes.

En Grande-Bretagne, le phénomène est endémique dans les villes ouvrières les plus touchées par le chômage. La génération sans avenir se maintient ainsi en vie.

Sur le continent, les bacchanales adolescentes carburent aussi à l'alcool dans les zones dites sensibles et démunies. Ailleurs, les produits euphoriques sont plus variés et onéreux.

Les psys nous expliquent que le comportement narcissique du petit enfant ressurgit à l'adolescence, une période de l'existence où beaucoup se sentent désorientés, désarmés. Faire la fête en bande restaure un sentiment de toute-puissance, donne l'occasion d'éblouir les filles et les copains et procure aux jeunes gars le compagnonnage braillard si nécessaire à cet âge. Les filles participent à distance. Elles tentent de limiter les dégâts tout en cherchant à s'émanciper. Lorsque cela tourne mal, elles sont plus atteintes que les garçons.

Si d'autres formes de fête étaient proposées à ces jeunes, si les mâles adultes les entraînaient dans des aventures viriles, si on leur confiait des responsabilités dans la famille et la société, peut-être que cette période d'errance en ferait des hommes plus forts.

|| Ulysse

lundi 16 juin 2008

Quand les fils s'emmêlent dans les fils qui les mènent au père

Pas un père absent. Pas un père incestueux.
Un sage qui agit virilement pour transmettre un monde meilleur à ses enfants.


Hier, Z. me parlait de ses deux pères. Celui qui l'avait engendré et que sa mère n'avait pas pris pour époux. Et celui qu'elle avait épousé, avec qui elle avait eu d'autres enfants. Z. avait été élevé par cet homme rude. Difficulté supplémentaire: il avait trois parents de trois nationalités différentes...

Le garçon, un tendre, était le confident de maman, ce qui irritait le mari. Un jour, alors que Z. voyait son géniteur
(le garçon avait 14 ans si j'ai bien écouté son récit), une explication violente avait eu lieu entre les deux "pères" en sa présence. Le père nourricier avait reproché au géniteur de s'occuper si peu de son rejeton, mentionnant toutes les dépenses qu'il lui occasionnait... Z. était devenu un adolescent introverti, secret. Aujourd'hui, quelques décennies plus tard, lorsqu'une bouffée d'abandon le submerge, il respire profondément à travers un filtre (qu'il situe dans son ventre) et se sent purifié de sa souffrance. Lui le rejeton rejeté.

Hier, dans un discours prononcé à Chicago à l'occasion de la fête des Pères, Barack Obama a loué les pères qui savent être à la fois des guides et des exemples pour leur progéniture. "N'importe quel idiot peut engendrer un rejeton", a-t-il constaté. Trop de pères n'assument pas leurs responsabilités, "tels des gamins, au lieu d'agir en adultes. Les fondements de nos familles en sont d'autant plus faibles."

Parlant de son propre père, le candidat à l'investiture présidentielle a précisé: "Je sais ce que cela signifie d'avoir un père absent, bien que mon enfance n'ait pas été aussi dure que celle de beaucoup de jeunes aujourd'hui." Le petit Barack ne connaissait cet homme que par les lettres qu'il recevait de lui.

"Lorsque j'étais un jeune homme, toute la vie tournait autour de moi -- j'imaginais comment j'allais faire mon chemin, ce que je devrais réaliser pour réussir, comment obtenir ce que je voulais." "Maintenant, ce sont mes deux petites filles qui comptent. Et mon problème majeur c'est: dans quel état vais-je leur laisser cette terre." [...] "J'ai compris que la valeur de la vie tient à ce que l'on peut accomplir pour laisser aux prochaines générations -- tous nos enfants -- un monde meilleur. Même si c'est difficile."

|| Ulysse

samedi 14 juin 2008

>>>>>>>>>>>>> Oublier un instant le foute, si terre à terre


Déprimes nationales, grandes gueules de bois des pays humiliés, crises cardiaques et bagarres, ex-jolies-filles prêtes à se mettre à nu pour encourager/consoler leur équipe, mascottes en soldes: les amateurs de foute traversent une saison formidable [du latin formidare = craindre, redouter]. Un moment hors du commun, pour les supporteurs crucifiés comme pour ceux qui jubilent.

Une brève pause loin du quotidien, loin de la dictature du mou et de la prise de risques minimum, loin de ce monde où tout est dans son contraire, où les vieux sont suractifs et les jeunes désenchantés. Où les responsabilités ne sont plus partagées, mais misées aux plus offrants, aux plus gagnants.

Alors, dommage que le foute, qui procure tant d'émotions à vivre en collectivité, soit un sport si terre à terre et fricard.



vendredi 13 juin 2008

La barbouzette plumitive carburait à la caféine. What else?



Jeudi soir, la Télévision romande présentait son enquête sur une activité obscure de Securitas (service de surveillance et sécurité, 9000 agents en Suisse). Elle révélait que l'entreprise avait infiltré la branche vaudoise de l'ONG Attac pour le compte de Nestlé. Cela se passait entre 2003 et 2004. Le groupe altermondialiste préparait une étude sur les activités de la multi, Attac contre l'empire Nestlé (2004).

Le pot de terre contre le pot de fer.

Une barbouzette à la solde de Securitas travaillait au sein du groupe de rédaction sous une fausse identité; elle avait ainsi accès à tous les renseignements collectés, connaissait leurs sources et les activités des autres rédactrices/teurs -- une équipe jeune, zélée et... angélique, comme on l'est lorsqu'on se dévoue à une cause. Un jour, la taupe a disparu sans laisser d'adresse. Apparemment, la gentille équipe n'avait pas vérifié ses états de service.

Barbouzerie (définition empruntée à Libération): rebaptisée pompeusement "intelligence économique", sotte traduction de l'anglais qui signifie "renseignement/espionnage", la barbouzerie est au coeur de bien des turpitudes politico-financières. [Une entreprise qui se gargarise de déontologie sous-traite le sale boulot.]

Enfant (au milieu du siècle dernier), j'avais déjà l'intuition que Nestlé n'était pas "propre en ordre", pas cette gentille société suisse qui se préoccupe de la santé des moutards. Le scandale sur une fausse déclaration de la composition du café soluble devait confirmer ce sentiment. Puis Nestlé et bien d'autres ont fait passer le message que le biberon était plus adéquat que le sein; même les Africaines privées d'eau potable ont gobé ce gros mensonge. Aujourd'hui, les petites et grandes pisseuses biberonnent toute la journée à l'eau en bouteille. Une entreprise qui détourne l'eau du robinet pour l'embouteiller, c'est beaucoup de fric et de pollution. Une entreprise qui fait passer le yaourt pour un médicament, en exploitant la crédulité des angoissés de l'intestin, a passé sous la coupe des marketing boys et de leurs complices médicastres. Nestlé est souvent soupçonnée d'ententes cartellaires, de politique sociale insuffisante. Elle est une immense productrice de sucreries et de prêt à bouffer malsains (les céréales dégénérées, par exemple). Elle nous fout la honte grave.

|| Ulysse


mercredi 11 juin 2008

Aujourd'hui, c'était la "Journée de la queue" à Pékin



Le 11 de chaque mois, le Bureau de la construction du progrès culturel et éthique de Pékin le consacre à l'éducation des masses, en vue de comportements plus civilisés. Aujourd'hui, la leçon portait sur: former une queue d'attente disciplinée dans les magasins. Le mois prochain: une queue patiente devant les toilettes publiques.

Partout où il faut attendre, les Chinois poussent, passent devant. Ils ne respectent aucune règle de la circulation. Les crachats sonores des mâles, n'importe où, vous soulèvent l'estomac. J'ai souvenir d'avoir failli finir en paillasson dans une gare de Pékin, au moment où la grille s'ouvrait pour l'accès au quai. On ne pouvait pas entrer dans ce train sans réservation et le temps d'embarquement était suffisant, mais chacun poussait, se faufilait avec des monceaux de bagages: c'était en 1996, le dernier jour des festivités du Nouvel an chinois. Violent.

Le lendemain, je visitais Tianjin avec un ami expatrié qui travaillait dans la région et m'avait invité. Le petit-déjeuner s'était prolongé, nous avions bu beaucoup de café. Depuis un pont enjambant la rivière encore à moitié gelée, nous pouvions voir deux ou trois pêcheurs à la ficelle, flottant sur des chambres à air noires, le cul dans l'eau. Un cadavre était étendu sur la rive en pente, le pied gauche attaché à un poteau, la tête en contrebas. Tête et mains étaient d'une couleur indescriptible et avaient gonflé.

En Chine, il n'y a pas de salons de thé ni de petits cafés sympas au bord du boulevard. Ni des restaurants dans tous les coins. Des stands de bouffe en plein air, oui, mais sans WC. Finalement, j'ai trouvé un édicule public (une étoile, pas cinq comme sur la photo). En voici la description. Pas repérable de l'extérieur, sinon à l'odeur. A l'intérieur (4 m sur 3), trois cabines à la turque (juste un trou) sans portes ni papier, mur de séparation à hauteur d'épaules lorsqu'on est accroupi. Trois mecs les occupaient. L'un portait une toque de cuisinier et il n'allait pas pouvoir se laver les mains puisqu'il n'y avait aucune amenée d'eau.

Je cherchais une paroi contre laquelle me soulager et cela les faisait rire. Rien, sinon deux immenses bassines pleines d'urine à ras bord. Me voyant de profil, les types commentaient. Je riais avec eux et j'aurais voulu comprendre. Le petit doigt (de la main gauche) me dit qu'ils philosophaient sur l'acceptation de la différence des sexes (entre mâles) qui n'est pas forcément à l'avantage des Chinois.

Le 11 de chaque mois, nous nous pencherons comme les Pékinois sur des problèmes de queue.

|| Ulysse


mardi 10 juin 2008

>>>>>>>>> Penalty pour le short qui laisse passer les ballons

Les spectateurs qui voient l'action de face se fendent la gueule, l'autre partie du stade n'y comprend rien. Ces joueurs portent "à l'écossaise": ils n'ont pas mis de slip sous leur flottant. Pour un sport rude comme le foot, cela revient à rouler sans s'attacher. Sinon, c'est joyeux de se balader sans sous-vêt en été.

lundi 9 juin 2008

L'homme est un livre d'images: le tatouage comme rituel personnel



Selon Frédéric, que j'ai interrogé, le tatouage marque une entrée dans une autre vie. "Certains imaginent qu'ils renaîtront lors d'une existence future, moi je me réincarne chaque fois que je me décide pour un nouveau motif."

C'est une étape assortie de "décisions importantes, et d'un
changement intérieur." Une expérience religieuse, alors? "Dans le sens que cela me relie, peut-être. Je me sens moins divisé contre moi-même. J'ai moins la rage quand je traverse une crise. Mais j'ai jamais rien ressenti à l'église, alors je ne sais pas si ça ressemble à la foi."
Torse: libre inspiration. Tête: Mr German Leather 2004.
Est-ce que d'autres tatoués constatent la même magie intérieure? "Certains ont des motivations plus immédiates: choquer, imiter les copines ou les potes, se faire un truc qui attire l'attention, glaner un souvenir de voyage, immortaliser des amours. Ou bien, c'est une impulsion qu'ils ne peuvent pas expliquer."

Les tatoués que Fréderic fréquente pèsent longuement leur décision, le choix des motifs et leur signification. Et l'esthétique? "Suivant ce qu'on voit sur les bras et les torses, je me le demande... Pour moi, le design comptait pas trop au début. Je voyais quelque chose qui me plaisait et hop! Tant pis si cela ne m'allait pas. Maintenant, je pense aussi au futur: est-ce que cela me plaira dans dix ans? Est-ce que cela aura encore une signification?"

Il y a beaucoup à apprendre sur le tatouage, auprès des individualistes d'ici et dans les sociétés aux rites chargés de tradition. Il faut aussi interroger ceux qui connaissent les effets profonds du tatouage sur la santé et sur l'équilibre intérieur. On y reviendra.

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Ulysse

dimanche 8 juin 2008

Tel père, tel fils: 43 ressemble plus à 41 qu'on ne l'imagine

Cela s'est passé le mois dernier. G.W.B. était en visite dans une Académie des Forces aériennes.
Un cadet est entré en collision avec lui.
L'incident en dit long sur le peu de respect que lui accordent les troupes.


Deux mecs, un ancien et un moderne, mettent désormais le cap sur la Maison-Blanche et les commentateurs commencent déjà à faire le bilan du double mandat de George W. Bush, 43e président des Etats-Unis. Comme nous ne pourrons probablement jamais comparer la manière de conduire les affaires des époux Clinton, attachons-nous à évaluer celles de 43 et 41. D'abord, un instantané rapporté dans une biographie sur la famille Bush:

Après avoir prêté serment lors de son premier mandat, Junior s'est rendu dans le Bureau ovale. Il y était souvent venu en tant que fils de, mais ce jour-là, c'était différent. Il n'était pas encore assis à sa table de travail qu'il vit entrer son père.
-- Monsieur le Président, dit le père d'une voix émue.
-- Monsieur le Président, répondit le fils; les deux avaient les larmes aux yeux.

Ils ont la larme facile. C'est courant chez les types durs avec eux-mêmes et intraitables pour les autres. Senior pouvait à peine tenir son discours tant il était ému en épinglant la Médaille d'Excellence sur la poitrine du prédicateur Billy Graham en 2006. Le même Graham qui était présent à la Maison-Blanche la nuit où a commencé la Guerre du Golfe, en 1991.

Malgré ce que l'on rapporte sur leurs différends et différences, père et fils se ressemblent beaucoup, selon Todd S. Purdom qui a publié une analyse sur la dynastie Bush dans Vanity Fair en 2006. D'abord, ils ont chacun eu un père qu'ils admiraient, craignaient et tentaient de surpasser sans être certains d'y arriver jamais. Les rejetons d'hommes célèbres n'ont pas la vie facile.

L'un et l'autre sont très secrets, fermés; leurs proches ignorent de quoi ils parlent lorsqu'ils se retrouvent en tête-à-tête. Ils se méfient aussi des médias qui ne répètent pas assez servilement ce qu'ils voudraient voir publier. Et pourtant... Chacun en tant que futur président s'était engagé à exercer un conservatisme traditionnel associé à beaucoup d'humanité: ainsi, le "conservateur compassionnel" que promettait d'être Junior. Sitôt oublié. Par exemple, l'amendement constitutionnel à voter pour interdire le "mariage gay" était juste une tactique pour inciter les électeurs conservateurs et paresseux à se rendre aux urnes et élire W. par la même occasion, car ils n'allaient pas choisir un démocrate prônant la liberté d'avorter. Pourtant 43 n'est pas du tout hostile au "pacs" et la fille du vice-président a épousé sa compagne.

Dans un entretien accordé au quotidien allemand "Bild", Junior a déclaré: "C'est intéressant de voir qu'à Washington, les gens veulent que je change... mais, vous savez, moi je ne change pas." Père et fils manifestent la même obstination face aux événements qui démontrent combien leur décision était malencontreuse. Jusqu'à très récemment, 43 a résisté à toutes les revendications de revirement concernant sa politique en Irak, le prix du gaz, l'environnement, l'économie et bien d'autres sujet, prétextant qu'il s'agissait de demandes de changement pour le changement. Sur son blogue politique très suivi, le commentateur conservateur, catholique et gay Andrew Sullivan qui, au début, soutenait W. et sa guerre en Irak, a noté un jour: "Cet homme superficiel, répugnant, faible et insignifiant est encore et toujours notre président. Que Dieu nous vienne en aide!" (Sullivan est croyant.) Un blogueur anonyme donnait ce conseil, hier: "La prochaine fois que vous serez tenté de mettre un bulletin en faveur d'un candidat avec lequel vous aimeriez bien écluser une bière (sans alcool), votez pour l'autre."

|| Ulysse. Photo empruntée à Scott de Bill in Exile.



vendredi 6 juin 2008

Tromperie sur un pucelage musulman: la manière de s'en tirer


Dans une méchante histoire de tromperie concernant le pucelage de la jeune mariée, à Lille, l'institution judiciaire a validé l'exigence de franchise -- et non de virginité, comme on l'a stupidement interprété. La fiancée avait affirmé à son promis qu'elle était vierge. La nuit de noce a prouvé le contraire. D'un commun accord ce couple musulman a demandé l'annulation du mariage qui a été accordée.

En acquiesçant à l'annulation, l'épouse de ce mariage consommé reconnaissait que sa virginité revendiquée était bien une qualité sine qua non en vue de l'épreuve de la nuit de noce. Question de culture traditionnelle.

Tollé à tort et à travers la France qui a voulu y voir le consentement de la justice à l'exigence de virginité de l'Islam (en oubliant les Chrétiens fondamentalistes, toujours plus nombreux). Exigence en réalité unilatérale, donc injustifiable, je suis d'accord. Pendant que les féministes et les politiciens braillaient, un imam proposait une solution -- certes transitoire et boiteuse, mais applicable.

Pour protéger les femmes musulmanes françaises, encore si dépendantes de leur famille et du "grand frère" macho,
le cheikh salafiste Ubayd Al-Jabiri [une mouvance fondamentaliste modérée, je crois] a proposé un compromis entre la tradition et les moeurs actuelles. A la question de savoir si une jeune fille qui a "commis la fornication" avant son mariage devrait en informer ceux qui demandent sa main, le religieux conseille de ne rien dire et de "profiter du fait qu’Allah a caché son péché aux gens". [Là, Mademoiselle, il faut faciliter la tâche de Dieu en étant discrète!] Et si son mari l’interrogeait? Elle devrait "jouer sur les mots en disant que c’est en s’amusant qu'elle a perdu sa virginité, cela pouvant aussi bien signifier le rapport sexuel, que la masturbation, ou d’autres activités" sportives telles que le cheval, le vélo...

Pourquoi ne demande-t-on pas au fiancé comment il a perdu son pucelage (à cheval, à vélo, auprès d'une femme mariée, d'une travailleuse sexuelle, ou en se pignolant avec les camarades devant un porno -- et plus si affinité)? Cela ferait avancer l'égalité des droits.

Puisque nous parlons mariage musulman, voici quelques propos glanés sur le site Salafs.com.

[ ] Un homme nommé Hariz vint et dit: "J’ai épousé une jeune fille et j’ai peur qu’elle ne me déteste". Abdullah ibn Mas’ud répondit: "L’entente vient d’Allah et la haine vient du diable qui veut vous faire détester ce qu’Allah a rendu licite. Il est bon que l'homme utilise le siwak avant de l’approcher, afin qu’il n’ait pas mauvaise haleine, de même pour elle." Comme il est rapporté d’après Sharih ibn Hani: "J’ai demandé à Aisha [la préférée du Prophète]: Quelle est la première chose que le Prophète (salallahu’ alayhi wasalam) faisait lorsqu’il rentrait chez lui? Elle dit: [Il commençait] par utiliser le siwak."

[ ] On a demandé à shaikh Abdallah ibn Muni: "Une sœur [une Musulmane] pose la question suivante: "Je suis mariée depuis 6 mois et mon mari me force à sucer son sexe, cela est-il licite ou illicite?" Première réponse: Il n’y a aucun doute que cette habitude du mari est abjecte. [...] L’épouse du prophète Aisha rapporte que le messager d’Allah "n’a jamais vu d’elle ceci (son sexe), et qu’elle n’a pas vu de lui ceci (son sexe)". Deuxième réponse: Aucun hadith n’est authentique à ce sujet. Au contraire les ahadiths authentiques montrent que le prophète (salallahu’ alayhi wasalam) prenait son bain avec ses épouses et cohabitait avec elles prouvant qu'il est permis aux époux de contempler leurs sexes et de prendre plaisir les uns des autres, comme ils l’entendent. Il est permis d'embrasser le sexe de la femme et de jouir du sexe de l’homme. Le seul tabou est le contact avec le madhi (liquide spermatique) et avec la sécrétion vaginale qui sont des impuretés.


C’est une question sur laquelle les savants divergent, car la pratique n’était pas connue des salafs. Elle vient de l’Occident, par l’intermédiaire de la télévision et des films pornographiques. Le shaikh n’a entendu aucun savant autoriser ces pratiques, c’est pourquoi il termine en demandant aux gens de cesser jusqu’à ce qu’on interroge les savants sur cette question.


|| Ulysse Photo:Anton Volkov


mercredi 4 juin 2008

"Café, thé ou moi?": lorsque les hôteses vous envoyaient en l'air



"Coffee, Tea or Me?", un succès de librairie dès sa parution en 1967, prétendait livrer sans inhibition les souvenirs de Trudy Baker, Rachel Jones et de leurs collègues hôtesses de l'air. Les deux premières phrases (de mémoire) donnent le ton:

Donc cette stewardess pénètre dans le cockpit et demande au capitaine: 'Café, thé ou moi?'
Il la dévisage d'un air lubrique et répond: 'Ce qui est le plus rapide.'

Je ne l'ai pas lu, ni les trois suites (cinq millions d'exemplaires): les clientes que j'accompagnais dans de longs voyages m'ont suffisamment tenu au courant. En fait, les aventures de ces créatures de rêve qu'étaient les "stews" avaient été écrites par un homme, plutôt rustre, qui essayait d'imiter le langage féminin. Donald Bain est sorti du placard en 2003, lors d'une réédition.

A l'époque, voyager en avion représentait une expérience rare et merveilleuse. On s'habillait avec soin pour être digne de la compagnie des jet-setters. Les hôtesses comptaient parmi la crème de la crème des jeunes femmes aventureuses. Des déesses. Sortir avec l'une d'entre elles équivalait à fréquenter une starlette de cinoche.

A la naissance de l'aviation, les premières stews s'occupaient des bagages au sol avant de monter dans l'appareil où elles s'affairaient à rassurer les passagers plutôt qu'à les charmer par leurs déhanchements. Puis les compagnies ont compris qu'elles tenaient un
argument fantas(ma)tique: le lupanar céleste. Elles ont (dé)vêtu leur personnel volant de manière sexy (pas les pilotes): minijupes en polyester, bottes de cuir, coiffures laquées et tout le toutim.

Aujourd'hui, cela paraît difficile à croire, à moins de voler en première. Et une compagnie connue n'oserait plus exploiter ainsi le personnel féminin. C'est l'apanage des bars à filles, des hard discounters allemands et des usines chinoises.

|| Ulysse. Documents: Tony Long, www.wired.com

mardi 3 juin 2008

Seulement une/un sur cinq <<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<




Selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), à peine une personne séropositive sur cinq dans le monde connaît son statut sérologique.


C'est-à-dire que quatre femmes/hommes séropositifs sur cinq ignorent qu'elles/ils sont contaminés.

Certains redoutent de subir le test et de connaître leur statut.

La majorité n'a jamais entendu parler du sida /ou ne sait pas comment se protéger / n'en a pas les moyens / ou ne dispose pas d'une consultation médicale pour le dépistage et le traitement / n'a pas l'argent nécessaire pour se faire soigner.

Seulement 31% des personnes séropositives ou malades du sida dans le monde ont la possibilité de suivre un traitement.

lundi 2 juin 2008

Selon Saint Laurent: "La rencontre la plus importante de la vie"

Exercice au tissu aérien.

En 2002, dans son discours des adieux -- son testament professionnel -- Yves Saint Laurent avait affirmé:

"Tout homme pour vivre a besoin de fantômes esthétiques. Je les ai poursuivis, cherchés, traqués. Je suis passé par bien des angoisses, bien des enfers. J'ai connu la peur et la terrible solitude. Les faux amis que sont les tranquillisants et les stupéfiants. La prison de la dépression et celle des maisons de santé.

"De tout cela, un jour je suis sorti, ébloui mais dégrisé. Marcel Proust m'avait appris que «la magnifique et lamentable famille des nerveux est le sel de la terre». J'ai, sans le savoir, fait partie de cette famille. C'est la mienne. Je n'ai pas choisi cette lignée fatale, pourtant c'est grâce à elle que je me suis élevé dans le ciel de la création, que j'ai côtoyé les faiseurs de feu dont parle Rimbaud, que je me suis trouvé, que j'ai compris que la rencontre la plus importante de la vie était la rencontre avec soi-même. Les plus beaux paradis sont ceux qu'on a perdu."


dimanche 1 juin 2008

Le nouvel "Indiana Jones" accusé d'incitation à la malbouffe




Le quatrième "Indiana Jones" a provoqué la réaction d'un médecin qui affirme pourtant admirer les films d'aventure du réalisateur Steven Spielberg et de son complice, le producteur George Lucas.
.. Dans une lettre ouverte publiée mercredi dernier par Salon, le pédiatre s'insurge contre la promotion publicitaire liée entre "Indiana Jones et le Royaume du crâne de cristal" et des produits de malbouffe.

Le Dr Rahul Parikh
écrit: "Cela fait trente ans que vous produisez des films et la capacité d'émerveillement des gosses (ou dans mon cas d'un homme adulte) ne s'est jamais altérée. [...] En revanche, d'autres éléments ont changé depuis dans la vie des enfants. Leur santé, par exemple. Aujourd'hui, un junior sur quatre est obèse [aux Etats-Unis] ce qui provoque des risques graves de diabète et de maladie cardiovasculaire. L'épidémie d'obésité est à ce point dangereuse que l'on prédit ceci: la jeune génération ne vivra pas aussi longtemps que celle de ses parents ou grands-parents."

Le Dr Parikh poursuit: "Chaque jour je vois des enfants obèses dans ma consultation. Inciter les familles et leurs rejetons à modifier leur régime alimentaire est une bataille presque perdue. Et les studios de cinéma ne nous facilitent pas la tâche lorsqu'ils lient leurs films à des publicités de sucreries et de restauration rapide." Le médecin souligne que les personnages du film ne pourraient pas réaliser leurs exploits physiques s'ils en consommaient. Or la recherche a démontré que les publicités de grignotage ciblant les enfants génèrent vraiment de l'obésité. D'où la requête du pédiatre: "Vous figurez tous les deux parmi les hommes les plus influents des médias. [...] Si vous changiez [de tactique publicitaire] et le faisiez publiquement savoir, d'autres vous suivraient."

Et puisque le nouvel "Indiana Jones" est l'oeuvre conjointe de papys milliardaires, le Dr Parikh conclut: "Maintenant que j'y pense, le Viagra ne serait-il pas le meilleur produit dérivé pour votre film?"

Ulysse -- Illustration d'Harrison Ford s'enfonçant dans un hamburger: Salon.