jeudi 1 janvier 2009

-- Qu'est-ce que les danseurs de la "Jungle" peuvent attendre des croque-morts du Conseil fédéral? -- Rien, hélas.

Ajouter une image
J'ai passé d'un an à l'autre dans la "Jungle", soirée gay du MAD à Lausanne. Quatre heures sur la piste de danse, interrompues par une brève pause pour un tour dans les étages. Musique house, celle qui fend les parquets et les tympans. Foule compacte: 1500 hommes dont trois poignées d'hétéros qui appréciaient l'ambiance plus vigoureuse et le bain de testostérone; quelques centaines de femmes (en majorité produits d'origine, à part les Brésiliennes) mais pas le haut du panier comparées à la splendide robustesse des mecs. Et une douzaine de gogo-boys barcelonais, bétail musclé passé à la cire, se trémoussant sans conviction ni goût du spectacle, probablement hétéros.

Qu'est-ce qu'un couillon de bientôt 73 balais peut foutre au milieu de ces types qui pourraient être ses fils et petit-fils? Eh bien: danser et profiter du spectacle! Contempler les gars. Ils ont sué toute l'année
afin de se muscler et ils se déhanchent torse nu pour rentabiliser l'investissement. A moins de 50 cm de tes yeux et tes mains, tant la foule est dense. Déchiffrer les images et les textes gothiques tatoués sur lesdits torses. Lire les formules imprimées sur la ceinture des slips. Étonnants ces catholiques et musulmans qui annoncent l'année "Calvin" (2009)! Honnêtes ces gars qui avouent que leur paqueton est "Klein", petit! Les portables fournissent aussi de la distraction: photos qu'on vient de prendre sur la piste, photos pour se stimuler, reportages en direct adressés aux copains qui se trouvent à l'autre bout de la salle.

Il faut être en alerte pour tenir debout malgré les tamponnements. La règle de ce siècle veut que, lorsqu'on se rend d'un endroit à l'autre, on traverse la piste en fendant la foule -- cigarette et verre à la main -- plutôt que d'emprunter les passages dégagés. On se fraie un chemin en taillant
dans la masse à coups d'épaules, hanches, genoux et chaussures; le liquide éclabousse les danseurs, les cigarettes laissent des traces sur les peaux nues... Le sous-sol s'inscrit "boys only". Une Mère Noël distribue des présés à l'entrée du coin sombre. Et comment les autres mères protègent-elles la santé de leur fils à peine adulte? Ce bel espagnol (noeud pap, torse vêtu seulement d'une fine bretelle retenant son pantalon noir) a été gavé d'ail! Peu de risque qu'on le cerne de trop près.

En patinant sur les trottoirs et escaliers givrés pour rentrer chez moi, je passe devant une autre boîte à danser. Les agents de sécurité séparent plusieurs gars prêts à s'étrangler, un Turc éponge le sang sur son visage. Les filles supplient leurs mecs de cesser la bagarre, les engueulent, insultent le
camp adverse avec des "ta mère n'est qu'une pute" ce qui facilite le travail des agents. Couleurs de peau et accents variés; hétérosexualité obligée et affichée.

Dans la mouvance gay, le multi-culti, la coexistence des races, des cultures et des classes sociales est très développée. Non par idéalisme, mais dans l'intérêt de chacun. Car ce mélange stimulant, excitant enrichit notre vie sexuelle, culinaire, touristique
et -- finalement -- nos amours. Je revois ces belles gueules méditerranéennes qui ont transporté mon regard durant la nuit et, sans crier gare, apparaît la photo officielle [très trafiquée, cliquez pour l'agrandir!] du Conseil fédéral pour 2009. Les sept ministres suisses, parmi lesquels celui qui a gagné le lot de consolation d'être président pour un an (cravate bleue) et la chancelière (dernière à droite). Dans leur costume de croque-morts... C'est évident sur la photo: les problèmes actuels dépassent la compétence de ces schnocks. Leur déguisement inconscient annonce leur disparition imminente. Il faut à la Suisse une gouvernance d'un type nouveau (un peu moins débile de chez les débiles) qui déborde l'échelle de ce pays enfermé dans son cercueil de verre aux poignées dorées. Bye-bye les nanas à l'air trop satisfait et les couillons sans vision, dégagez le terrain, place aux jeunes!

D'où ma question: qu'est-ce que les beaux danseurs de toutes nationalités qui étaient rassemblés cette nuit au MAD, eux qui vivent, travaillent et paient leurs impôts en Suisse, peuvent attendre des schnocks alignés sur cette photo? Edgar Morin prétend que lorsqu'un "système n'est plus capable de traiter ses problèmes vitaux, il régresse".

En attendant le néant, je nous souhaite à tous bonne année. Dans un climat d'incertitude, il faut savoir saisir les plaisirs improbables (photo, cliquez!) même quand on se fait mettre! C'est peut-être brutal, mais riche en découvertes et en transports...

Ulysse

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Vous êtes trop dur, vous dépassez les bornes de l'aceptable. Si c'est pour cracher du venin qu'on blog. Un peu de réflections vous ferait pas de mal. Mais à votre âge...?

Anonyme a dit…

Tu ne donnes ni la marque ni le distributeur de la bi-cyclette. Je ferais bien un tour pour me remettre les idées à l'envers.