lundi 2 février 2009

De l'encrage à l'ancrage (1): les piqûres du tatoueur et du fouetteur


C'
est une quête de sens qui passe de l'encrage à l'ancrage.
Le champion de combat total ci-contre a fait inscrire usque ad finem à la hauteur de ses clavicules: jusqu'aux dernières limites. Un défi qu'il se lance, un avertissement à son adversaire. En free-fight, l'affrontement est sanglant: dans une cage, deux hommes luttent jusqu'au k.o. ou jusqu'à l'abandon. Presque tous les coups sont permis. La couleur que le tatoueur introduit sous l'épiderme au moyen de piqûres est indélébile; le défi ne s'éteindra qu'à la mort. Ainsi passe-t-on de l'encrage du tatouage à l'ancrage d'une volonté inflexible.

Je suis fasciné par cette violence. En même temps, elle me rebute. Je n'ai jamais été victime de violences, mais plusieurs personnes de mon entourage très proche l'ont été, jusqu'au meurtre. Parmi les démarches que j'ai entreprises pour comprendre (non pas le mystère, mais ses effets sur moi), j'ai participé à un stage de BDSM il y a deux ans. Bande dessinée? Non: bondage, discipline et sado-masochisme. Quinze jours autour de Noël dans un lieu perdu des montagnes polonaises, sous la direction du chorégraphe allemand réputé (et hétéro) Felix Ruckert. Une trentaine de femmes et d'hommes allemands, finlandais, suisses... Au programme quotidien: du yoga le matin; une sensibilisation pratique à la rencontre rapprochée (corps et âme) l'après-midi; des applications à tout-va la nuit... Cris et chuchotements.

J'ai compris que les jeux, les règles et les accoutrements des cérémonials SM ne m'intéressaient pas. Je n'ai aucune envie de m'y plier. Ensuite: j'ai aimé les échanges intellectuels et amicaux, durant la journée, avec les ballerines, architectes, philosophes et dominas qui formaient notre groupe...

Et puis, une nuit, j'ai demandé au chorégraphe de me fouetter, en
précisant que je n'en tirerais aucun plaisir maso, mais que je voulais vivre cette expérience. Après une sorte de méditation -- lui par le bondage en mains féminines, moi en autosuggestion -- nous nous sommes mis à l'ouvrage. J'étais debout en croix, les mains suspendues et attachées, les jambes écartées, les yeux fermés, nu à part un jock-strap. Lui, il disposait d'une quarantaine de fouets. Fouets à échauffer le corps, fouets en crins, en cordages, à lanières; fléau, martinet, cravache, ceinture de cuir, knout. Et mains nues... Crescendo, Felix m'a flagellé le dos, les fesses, les cuisses, les mollets, la plante des pieds, le torse, le ventre. Sans jamais que je sache d'où allaient partir les coups; ni quand; ni s'ils seraient caressants ou cinglants, en série ou passagers... J'ai respiré profondément, ri, grogné, poussé des barrissements et rugi dans la jubilation. La douleur? Elle se dissipait puisque que Felix ne me fouettait pas jusqu'au sang. Les endorphines remplissaient leur tâche en me baignant d'euphorie... Rien de masochiste, ni de sexuel dans ce match qui a duré plus d'une demi-heure; juste le sadisme sublimé de Felix, et ma disponibilité.

Comment cette expérience a fait évoluer ma perception des liens qui unissent le corps et le cerveau, l'incarnation et la spiritualité; comment on peut utiliser cette technique d'ancrage pour soigner différentes affections et/ou renaître: tel est le sujet de ma prochaine note. Je ne sais pas encore ce que j'écrirai...

Ulysse

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Je suis comme une gosse cela me donne le frisson. C'est effroyable jusqu'où un homme peut s'avanturer par curiosité. Et en même temps ça me tient hypnotisée! J'ai envie d'en savoir plus. Je me dis que tu fabule mais une petite voix me contredit.

Anonyme a dit…

Où est ce que je peux me faire fouetter comme ça?

Anonyme a dit…

Moi, une bonne raclée, ça me rappelle mon enfance et pourtant ça me transforme encore aujourd'hui (dans la quarantaine) en centrale thermique. Je vis très bien sans, et puis d'un coup il m'en faut une et le lendemain je me sens bien. Ma femme veut pas en entendre parler. Alors je vais voir ailleurs; y a pas relation. Le reste du temps, je suis un type dominateur. Allez comprendre!

J'ai besoin de le raconter. Je sais que c'est pas exactement de ça que vous parlez. Merci de m'accueillir.