samedi 19 septembre 2009

Sites de rencontres (1): qui propose, s'expose


L
e célibat n'a jamais paru aussi désespérant. Dans leur blogue Lurid Digs (effroyables planques ou crèches à chier), cinq beaux mecs privilégiés et une nana espiègle passent au tourniquet les intérieurs de gars qui ont publié leur photo sur un site de rencontre. Ils ne présentent que des "horrifying gay amateur interiors"... Travaillant dans la culture pop, chargés de chroniques de réflexion sur la société et ses sexualités, ou
diffuseurs de porno "de qualité", elle et ils se retrouvent de cas en cas sur la toile pour commenter les photos choisies et énoncer des jugements vaches et définitifs. Soyons (un peu) garces avec eux...

C'est la saison de la chasse. Pourtant, l'instinct de tueur n'empêche pa
s de cultiver aussi la part mystique de l'être (ou du néant). Les bougies verte et rouge peuvent être à mises à profit de différentes manières. S'il était chinois, le gars moudrait les cornes pour en tirer un aphrodisiaque.

Tout dans la c
uisine souligne la nature sauvage et virile de l'occupant. Cependant deux dangers le menacent: 1) qu'il se trompe de vibro-masseur, 2) que la planche en contreplaqué (à g.) qui soutient les armoires suspendues ne se brise sous leur poids. Notez la teinte verdâtre du décor, habilement rehaussée par la lumière glauque des tubes fluorescents. Chaque détail est couillu dans ce lieu de vie et envoie subtilement le message qu'aucune femme, jamais, n'y a mis les pieds. Les boîtes grosses portions et l'occupation totale des surfaces de travail révèlent que la bouffe passe directement de l'emballage à l'écuelle, avec un détour par le micro-ondes si nécessaire. La part féminine indispensable se loge dans le rideau.

Le fils à sa maman vient de lui téléphoner qu'il n'a plus rien à se m
ettre, qu'elle veuille bien passer apporter le linge repassé et emporter le sale. Même s'il se voit en homo erectus sans femme ni enfants, libre de ses choix et mouvements, le mec célibataire ou divorcé d'aujourd'hui vit en cage (barreaux à la fenêtre, rideaux sombres) et s'adonne à l'auto-flagellation (fouet de crin) comme le reste du monde. Devant pareil bordel, celui qui répond à l'annonce ne pense qu'à une chose pour éviter la déprime: se cacher la tête où on le lui propose si rondement.

Un sénior bien planté dans son décor s'expose, lui plein d'allant, au milieu des reliques de son existence. Sous le fauteuil, dans la boîte Tupperware (lavable en machine à laver), les lingettes humides attendent, prêtes à l'action. Dieu fasse qu'elles n'aient pas le temps de vieillir!

Ulysse

4 commentaires:

Ponpon a dit…

Je suis allé sur Lurid Digs, c'est vrai qu'ils sont vaches. Mais quel étalages de home sweet home dans les photos. Je ferai plus attention la prochaine fois que je passerai la mienne sur un site.

Affamé, Genève, a dit…

Pourquoi s'arrêter aux détails? La beauté (ou la méchanceté, dans ce cas) est dans les yeux de celui qui regarde. Personnellement, je vois dans la 3e photo une harmonie parfaite des proportions. Je parle des fesses bien sûr et leur teint lumineux m'exciiiite. Qu'ils sont beaux les culs protégés du soleil dans ce monde de bronzés!

Perlon a dit…

Concernant le type dans sa cuisine, je note une seule faute de goût: il n'aurait pas dû mettre de liquette (marcel), la ceinture à outils suffit.

Alfred a dit…

La hausse du chiffre d'affaires d'Ikea ralentit: 14% il y a trois ans, 7% ensuite, 1,4% dans le dernier exercice. C'est le moment d'actualiser leur catalogue et de virer les jolies familles ethniques en faveur de modèles plus couillus. Succès assuré.