lundi 21 septembre 2009

Une soirée au lupanar


A Lausanne, si vous suivez le chemin des pélerins de Compostelle, vous passez devant le temple de Saint-François, derrière le Palace and Spa où crèchent les arsouilles du CIO, puis vous longez l'allée Ernest-Ansermet jusqu'à la Cinémathèque suisse. Ensuite, vous dépassez l'allée Igor-Stravinsky et amorcez la descente sur l'avenue de Tivoli. Là, vous ne pouvez pas manquer mon lupanar préféré. Il se nomme le Pink Beach; pink en allusion à la période de mon enfance où les homosexuels qu'on embarquait vers les camps d'extermination portaient une étoile rose. C'était dans un pays voisin.
La rencontre: Prelude to a Kiss (2006).
Attablés hier au bar du Pink (heureux de nous être rencontrés et sans crainte de descente de police), mon compagnon de la soirée et moi lisions la liste des en-cas affichée au mur. Elle est entourée d'écrans sur lesquels gigotent de jeunes messieurs qui se croquent les oignons et se pistonnent le jambon sans discontinuer -- des Ken épilés, mécaniques comme les lapins Duracell. "De la tarte ou un croque-monsieur?"

Je m'étonnais de la diffusion des pornos jusque dans le hammam de l'établissement (mais la vapeur confère du mystère aux ébats!) alors que les mecs présents en chair et en os suffisent à alimenter la fièvre (passé 150 hommes en même temps les jours d'affluence, la plupart beaux et virils). Mon compagnon a répondu: nihil novi sub sole, rien de nouveau sous le soleil! Au temps des Romains également, les fresques dans le corridor du lupanar de Pompéi servaient d'instruction sexuelle aux jeunes gens et c'était aussi le catalogue des prestations. Là, mon lupanar préféré (le plus grand de Suisse) diffère de celui qui a été enseveli sous les laves du Vésuve. Le Pink fonctionne selon le principe du pique-nique canadien; l'écot payé à l'entrée couvre les frais de fonctionnement. Il n'y a pas de travailleurs sexuels: aux clients de bosser dur!

Pour illustrer ce sujet, j'aurais pu choisir la reproduction des fresques du
Viccolo Storto à Pompéi. Mais les toiles de Troy K. Caperton [voyez Google], moins artistiques peut-être, cernent de plus près le climat du Pink. Né en 1949, deux fils, trois compagnons successifs, Caperton est passionné d'histoire de l'antiquité, très impliqué dans le social, membre d'une chorale masculine à Austin, Texas. Il a mis en scène ses Compagnons gladiateurs (huile, 2007) "dans leurs cantonnement sombre et humide sous l'école des arts sanguinaires. A travers l'histoire de l'humanité, il y a toujours eu des hommes qui, pour une raison ou l'autre, ont préféré l'érotisme particulier qui se développe entre mâles. Ma toile tente de capter cette fabuleuse énergie."

Gladiator Companions (2007).

Ulysse

2 commentaires:

Francen a dit…

Romains 6,23: "Car le salaire du péché c'est la mort, mais le don gratuit de Dieu c'est la vie éternelle dans le Christ Jésus notre Seigneur." Les nazis n'avaient pas si tort.

Mioumiou, en réponse à Francen, a dit…

Eh Francen! Tu risques bien de retrouver ces pédés détestés (ou enviés???) en enfer toi-même. Puisque tu lis la bible, regarde dans l'évangile ce que Jésus répond aux gens qui accusent une personne surprise en adultère (ils veulent la lapider): "Que celui d'entre vous qui est sans péché lui jette le premier une pierre!" Tu ferais bien t'étendre tes lectures. Juger autrui c'est un vilain défaut.