jeudi 29 octobre 2009

Ma femme a été violée. Cela me hante, mais pas elle...


V
otre compagnon ou votre épouse a été victime d'un viol, d'un abus ou d'un inceste et semble avoir surmonté cette épreuve. Mais vous, qui ne le/la connaissiez pas à l'époque du drame, vous en êtes bouleversé aujourd'hui encore et cela vous poursuit. Tel était le sujet de la lettre à laquelle répondait Cary Tennis hier dans Salon le magazine sur internet. Je résume la lettre d'un mari en détresse et l'analyse que fait Tennis de la situation.

Le mari. "Ma future épouse (que je ne connaissais pas encore) avait fêté son anniversaire dans un bar avec un ami d'enfance
et elle avait décidé de passer la nuit chez lui parce qu'elle avait trop bu pour reprendre sa voiture. Elle s'était couchée alors que d'autres personnes, qui s'étaient jointes à eux, continuaient la soirée chez l'ami. Plus tard, l'un des gars s'est introduit dans la chambre où elle dormait et l'a brutalement violée. Nous sommes mariés depuis vingt ans. Elle affirme qu'elle s'est remise de cet acte de violence et ne veut plus en parler... Moi, j'y pense tous les jours, je suis en colère, je rêve de la venger, mais cela s'est passé il y a si longtemps! Pourquoi mon obsession? J'ai consulté des thérapeutes, pourtant ne suis jamais arrivé à en parler avec eux..."

La réponse. "Je suis content que vous ayez écrit. Peut-être êtes-vous prêt aussi à en parler. Cela pourrait apporter un changement. D'abord: vous n'êtes pas responsable de ce qui s'est passé; votre épouse non plus. Vous ne pouvez rien y changer. En revanche, vous pouvez transformer cet évènement qui vous tire en bas et en tirer une motivation positive. Commencez par reprendre contact avec l'un/e de vos thérapeutes. Le simple fait de trouver des mots pour le dire vous apportera déjà une victoire sur le passé, même si la démarche est difficile.

"Il est très pénible pour un homme de se trouver désarmé face à la violence. D'autant plus si elle est dirigée contre une personne qu'il aime. Cela le prive de sa dignité et de son sentiment de sécurité. Mais s'il accepte sa faiblesse, il retrouvera l'innocence de l'enfance et prendra conscience qu'il n'est réellement pas coupable de ce qui s'était produit. En même temps, le désir de protéger cette personne prendra une nouvelle dimension: celle du problème social que représentent l'abus et le viol... Et chaque homme qui en a pris conscience peut s'engager afin qu'on en parle ouvertement, que la violence soit combattue par un plus grand respect des victimes potentielles, qu'on prenne des mesures éducatives et légales pour la prévenir..."

2 commentaires:

Fabienne a dit…

C'est vrai: tant que la honte et le silence l'emportent, rien ne change. Cary Tennis a raison, il faut que les hommes nous aident à en parler, qu'ils prennent la mesure de cette blessure morale. Merci Ulysse de m'avoir fait connaître ce chroniqueur sensible.
P.S. Je sais qu'il y a aussi des hommes victimes de ces violences. Je ne les oublie pas, car pour eux aussi, c'est très honteux d'en parler.

Anton, qui doute, a dit…

Ce mec est impuissant et pathétique. Depuis le temps qu'il se lamente dans sa grande douleur (c'est pourtant pas lui qui a été violé), il aurait pu, par ex., s'adresser à un foyer de femmes battues et demander comment les aider. Prendre les enfants en promenade, peut-être.
Mais je me demande où est le VRAI problème. Est-ce qu'elle a menti? Après tout, elle était dans la maison d'un ami. Elle aurait pu crier à l'aide! Est-ce pour cela qu'il n'a pas pu parler chez le psy, de crainte de découvrir le pot aux roses?