mardi 2 mars 2010

Tous nus, pour habiller l'opéra de Sydney


I
l a fallu un peu de temps au photographe Spencer Tunick -- qui avait rassemblé hier plus de 5000 figurants nus devant l'opéra de Sydney -- pour persuader les participantes et participants hétéros d'enlacer les personnes lesbiennes et gay, et vice-versa. "Aussi ai-je été heureux de constater, dans la dernière série de prises de vues, que tout le monde s'était rapproché et échangeait un bisou amical ou un baiser d'amoureux devant cette splendide structure architecturale." L'évènement marquait le début des festivités gay et lesbiennes du Carnaval ("Mardi Gras") de Sydney qui se termineront samedi par une grand
e parade. C'est l'évènement le plus prisé de la planète gay, des touristes du monde entier et de toutes orientations s'y retrouvent.

Art Rush, un étudiant de 19 ans, qui appréhendait le moment où il devrait se déshabiller au milieu de cette foule, a déclaré: "Je n'aurai plus jamais l'occasion de participer à une expérience aussi extraordinaire, alors je n'allais pas faire le prude. Du reste, ça n'est pas du tout sexuel; c'est tribal, un rassemblement humain." L'ensemble des poses dirigées par Spencer Tunick a duré un peu plus d'une heure.

Aucune de ces photos
n'est signée Spencer Tunick.

Dans le Guardian (G.-B.), Jonathan Jones rappelle que Michel-Ange, par exemple, recourait aussi à la nudité pour raconter sa vision de la bible sur les parois et le plafond de la chapelle Sixtine. En août 1510 -- il y a 500 ans! -- il avait terminé de peindre la première moitié de la voûte. Au bord des scènes représentant des épisodes de la Genèse, il avait ajouté de jeunes hommes sculpturaux, dévêtus comme l'Adam vers lequel le Créateur pointe son index. On les appelle les Nus (Ignudi), cela leur donne une contenance, mais n'explique pas leur apparentement religieux...

Qu'en est-il des Nus entourant Spencer Tunick? Dépassé le frisson moral
(et sexuel chez Michel-Ange), il faut bien reconnaître que c'est la manière la plus picturale de célébrer la vulnérabilité humaine, en même temps que son universalité (la foule, photographiée sur plusieurs continents), sans blabla ni faux-semblant. J'y ajoute: la modestie que confère la liberté, puisqu'on a laissé les soutiens-gorge et les falzars au vestiaire. C'est pourquoi il faudra encore attendre avant de pouvoir contempler les statues de nos bien-aimés politiciens et banquiers, intègres et nus.

Ulysse

2 commentaires:

Martin a dit…

Même le Christ, très musclé et puissant à côté de sa mère, est quasi nu dans le Jugement dernier de la Sixtine, si je me souviens bien.

Fbx55 a dit…

Si des gens normaux (que vous désignez du nom "d'hétéros") se mettent à se conduire en exhibitionnistes comme les homos, où va-t-on? Cette collusion me déçoit de la part des Australiens.