mercredi 28 avril 2010

Témoignage: comment l'abus sexuel détruit un gars

-- Les conséquences peuvent mener au suicide
Jusqu'au milieu de l'été dernier, Fernando était considéré comme un type dynamique, talentueux, généreux avec tout le monde. Chacun l'admirait dans le petit groupe qui s'était formé autour de lui... Puis Fernando avait disparu. On savait qu'il allait passer des vacances avec l'un de ses fils venu de loin lui rendre visite. Mais on ne l'a plus revu ensuite... Lorsqu'il est réapparu cette semaine, on ne l'a pas reconnu tout de suite. Son entrain: disparu. Son regard franc: éteint. Même son élocution rapide -- les mots roulaient sur sa langue comme les cailloux dans un ruisseau à la fonte des neiges -- s'est tassée... Aussi inconcevable que cela puisse paraître, Fernando traverse une dépression. Comme beaucoup de types dans la quarantaine, il est entré en quarantaine -- oui, cet isolement de tous les dangers où l'homme se trouve face à lui-même, à son passé et à un avenir très hypothétique.

Après des vacances heureuses avec son fils, Fernando a senti une immense solitude l'envahir. Le souvenir des drames de son enfance a refait surface. Il avait huit ans lorsque la police a enlevé clandestinement sa mère et son père (et en a profité pour vider la maison de toute nourriture). Les parents enfermés dans un centre de détention secret -- peut-être torturés, il n'en a pas parlé --, une tante s'est occupée des enfants. Elle a abusé du garçon. Et lorsqu'elle dormait, des jeunes voisins venaient en faire de même. Telle était l'Argentine à la fin des années 1970. La mère de Fernando a passé trois mois au cachot. Le père presque deux ans.
Enfant forcé à pratiquer une fellation.
L'Église continue à mégoter sur l'ampleur de la faute.
Lorsque l'adolescent s'est préparé à devenir communiant, c'est le prêtre qui a abusé de lui, et d'autres garçons. Fernando a supplié ses parents de l'en dispenser; ils lui ont répondu qu'il inventait cette histoire pour se soustraire à son devoir religieux... De voir cet homme lumineux pencher aujourd'hui entre la vie et la mort, je souscris au terme de crime crapuleux pour qualifier l'abus sexuel d'un enfant.

Ulysse

2 commentaires:

Touzet Louis a dit…

J'ai aussi été abusé par un prêtre ici en France. J'avais 10 ans. Cela a duré presque 3 ans. Avant j'étais dans les premiers à l'école. Après ça été la cata. J'en avais 30 quand les souvenirs sont remontés. J'ai fait 3 tentatives. J'aurai recommencé si je n'avais pas enfin consulté un psy valable. Ceux des hopîtaux sont nuls, jeunes sans expérience et arrogants.
Je prie pour que Fernando en rencontre un qui est capable. Dites-lui. Merci.

Moins que rien a dit…

L'inceste, le viol laisse un enfant sans défense, et l'adulte plus tard sans défenses, au pluriel, devant toutes sortes de situations dans lesquelles on s'effondre tout à coup alors qu'on croyait s'être construite une cuirasse pour ne plus souffrir, jamais plus.