samedi 10 avril 2010

Jésus, figure de l'homosexualité?

-- Elle voit de l'homoérotisme partout (1)
Hier soir dans une galerie d'art de Vevey, ruelle des Anciens-Fossés, une jeune assistante au Centre des sciences historiques de la culture à l'Uni de Lausanne donnait une conférence intitulée "Saint Sébastien et Jésus, deux figures de l'homosexualité", analysant quelques exemples pris dans la photographie contemporaine. Je m'arrête à l'évocation du repas (ci-dessous à droite), une reconstitution de l'Israélien Adi Nes. La conférencière l'a doctement présentée comme "homoérotique", ce que j'ai réfuté à la fin de l'exposé.
Composées comme des tableaux,
ces deux photos d'Adi Nes
se présentent "sans titre"
dans une série
intitulée Soldats.









U
ne can
tine militaire de campagne, quatorze soldats attablés. Léonard de Vinci a représenté treize convives dont la plupart ont le visage tourné vers le personnage central. Sur la photo israélienne, ce dernier est isolé. Les autres gars discutent et je ne vois aucune manoeuvre de drague dans ce repas -- le dernier peut-être pour l'un d'entre eux, qui peut mourir au combat, ou même dans l'explosion d'un bus... La force de cette reconstitution? Elle reproduit l'événement fondateur d'une autre tradition religieuse; et il s'est déroulé dans ce pays même. La tristesse du jeune homme, ignoré au milieu de la tablée, vient du bilan qu'il établit après 2000 ans d'une mission qui aurait pu être pacifique. Le peuple de sa chair a traversé la tourmente, puis il est devenu envahisseur. Le peuple de ses disciples a mille fois trahi son message à travers le monde. Néanmoins, l'espoir survit: selon la numérologie de la Kabbale, le chiffre 14 évoque ce qui est caché dans les profondeurs et finit par jaillir verticalement hors de l'eau, comme un poisson -- le signe du jeune homme.

La photo de gauche -- un soldat blessé (ou mort) soutenu par son camarade -- a aussi été jugée "homoérotique" parce que le personnage assis tient un pinceau de maquillage et dispose d'une palette de fards. ("Mon chou! plutôt mourir que d'aller à la guerre sans ma trousse de beauté...") Moi, vieille pédale de passé 70 printemps, je ne décrypte pas la même chose que la doctorante en histoire de l'art contemporain. Le photographe Adi Nes a été soldat. Il vit dans un pays où les vieux ont connu d'autres guerres. Et il me dit: on peut toujours essayer de maquiller les blessures...

Je n'en ai pas fini avec la complexité de l'oeuvre d'Adi Nes -- père de famille et gay -- sa manière d'étudier l'identité masculine, la fraternité, la sensualité, l'érotisme et la mort. La docte doctorante me l'a fait rencontrer, je l'en remercie.

Ulysse

2 commentaires:

Bruno a dit…

Si vous lisez attentivement l'évangile et d'autres textes qui se rapportent aux communautés religieuses de l'époque, vous conclurez que ces personnes n'étaient pas figées dans une hétérosexualité rigide, mais vivaient un pansexualisme fondé sur l'ouverture à toutes sortes d'idées, très éloignées de la culpabilité chrétienne ultérieure.

Jean-Michel a dit…

Les codes de déchiffrage de cette conférencière sont empruntés à Florence Tamagne qui voit des "implications érotiques" dans tout nu masculin ou groupe d'hommes un peu dévêtus. Au départ, F.T. confond nudité avec érotisme, comme les fondamentalistes religieux. Elle confond aussi la sensualité du corps avec l'érotisme (vulgairement: le cul). Elle est comme ces pauvres mecs qui bandent dès qu'ils sont à poil, même seuls sous la douche -- je fais exception de l'adolescence, bien sûr!