jeudi 24 juin 2010

Ce swâmi nu est aussi un PDG de Madras


L
es raisons qui incitent les naga baba à choisir la voie du renoncement [note de mardi] sont multiples. À part la vocation innée, cela peut être la volonté de fuir le système des castes, ou d'échapper à une
situation économique sans issue, car vivre de la charité des fidèles rapporte plus que le labeur d'un paysan endetté... Et puis, il y a la magie des pouvoirs que le bon peuple prête aux saints nus: la capacité de vivre sans manger ou de marcher sur l'eau, de devenir invisible ou d'entrer en lévitation. On a aussi prêté ces talents à l'homme-dieu fondateur du christianisme...

Un maître spirituel h
indou qui vit selon l'idéal du renoncement et de la nudité visible, a parfois besoin de porter un vêtement. Français de naissance, swâmi Pranavananda Brahmendra Avadhuta vit dans l'État du Tamil Nadu. Il partage son existence entre les industries de tissage et de confection dont il est PDG à Chennai (Madras) et l'âshram (ermitage) qu'il a fondé. Un swâmi est un moine formé auprès d'un gourou; il a prononcé des voeux, notamment celui de chasteté, et se consacre à la plus haute réalisation spirituelle sans forcément se retirer du monde. A son tour, il accueille des disciples.
Il s'habille pour présenter les créations
de ses designers.
Christian Fabre est arrivé à Madras avec femme et enfant en 1971 pour diriger une affaire qui a périclité, entraînant l'effondrement de son mariage. Lui qui avait envisagé la prêtrise catholique s'est mis à lire les textes hindous et à les étudier aux pieds d'un maître. En même temps qu'il entrait dans la vie d'ascète, il a fondé des compagnies qui sont devenues florissantes alors même que le succès ou l'insuccès ne lui importaient plus. 15-20% des profits sont réinvestis dans les affaires, le reste est distribué aux employés. Lui-même s'accorde un salaire de quelques centaines de dollars seulement.
Visiteurs à l'âshram.
Comment swâmi Pranavananda arrive-t-il à concilier ses deux vies? Il l'a récemment expliqué aux Economic Times, à Bangalore. "Lorsque vous êtes amoureux,
le sentiment dure du réveil au coucher. Pourtant vous vaquez à vos activités comme d'habitude. Je suis imprégné de spiritualité et je me consacre aux affaires de temps en temps." Dans son âshram au sommet des montagnes de Kolli, il accueille des visiteurs mâles et des sadhaka, étudiants désireux de vouer leur vie au Seigneur Shiva, et prêts à apporter une aide pratique aux populations pauvres qui les entourent. D'après mes informations, le saint homme est l'un des seuls swâmi ouvertement gay en Inde. "On est gay pour aimer, dit-il, même si c'est d'une manière différente."

Ulysse

1 commentaire:

Daniel a dit…

Vu comme ça le dépouillement aurait des bons côtés.