vendredi 30 juillet 2010

Des crapauds, le cul entre deux chaises


L'été, saison des rencontres plus faciles. Rêve ou réalité? On s'installe à une terrasse sous l'ombre complice d'un parasol. On patiente, le regard protégé par des lunettes teintées. On occupe un emplacement idéal, une table, deux à trois chaises. Le mec bien de sa personne,
charmant, demandera si on attend quelqu'un, et s'installera d'abord sur la chaise la plus éloignée... Merde! "C'est libre?" Un couple de vieux réquisitionne les deux chaises. Encore une soirée de foutue.

À l'ère du speed dating (quinze minutes pour choisir l'amour de sa vie) il faudrait suivre un cours de voyance avant de "sortir", comme on dit "Je sors en boîte", "Je vois quelqu'un" ou "Je sors avec Jean-Paul depuis trois semaines" ce qui signifie: nous rentrons ensemble... La peur de rester sur le carreau, la peur de perdre son temps. Il faut qu'elle/il semble immédiatement correspondre à mes critères pour que je daigne lui adresser une parole aimable... Nous avons oublié que certains crapauds, si on se donne la peine de les écouter (éventuellement de les embrasser), se transforment en prince. Prince de ceci, prince de cela. Certains sont faits d'un matériau d'ami marrant, de conseiller (par ex. imbattable sur les voyages, ce qui peut être fort utile); d'autres sont tissés d'une fibre d'amant, voire de mari...

Dans les lieux où se retrouvent des hommes entre eux
(pas pour le foot) -- certaines plages l'été --, la compagnie se partage entre princes et crapauds. Les princes sont à l'aise dans leur peau et leurs amours. Les crapauds non (et on a beau les embrasser...). Les crapauds cherchent un service minimum, du speed fucking -- une pipe ou une baise express. Ils passent entre cinq et sept, à la sortie du boulot, fébriles car bobonne les attend pour le repas. Ils se trimballent un besoin qu'elle ne peut satisfaire. La crainte d'être reconnus ajoute une couche à leur excitation... Le camps de la "normalité" et celui des princes les méprisent.

Le cul de ces crapauds-là est posé entre deux chaises, au sens littéral et au figuré. J'ai envie de leur dire: la vie est trop courte pour la gâcher à ce point. Et leur vie, s'ils n'y mettent ordre, sera brève en effet.

Ulysse

1 commentaire:

Adal a dit…

Ces hommes qui sont plus ou moins bi (le cul entre deux chaises c'est pas très élégant!!!) devraient faire leur libération comme les gays pour se faire accepter par la population en général et leurs familles. Mais c'est plus complexe et beaucoup sont tellement pris dans le secret ou (pire) le mensonge que...