mardi 2 novembre 2010

Faut-il enfermer ses parents avec soi, au fond du placard?

J'avais l'intention de passer en revue les raisons -- convaincantes ou non -- que présentent les gars qui s'incrustent au fond du placard. Ceux qui ne veulent pas accepter leur propre homosexualité. Ceux qui imaginent qu'ils auront une vie plus belle en mentant à leur entourage. Mais Victor a posté un message important [cliquez] et lucide après lecture de ma note de samedi: "Sortir du placard".

Victor! [D'abord, je ne sais pas pourquoi je vois le prénom de "David" quand je pense à vous; peut-être pourrez-vous me l'expliquer.] Ma seule qualification pour discuter de ce sujet avec vous, c'est que je suis en train de démêler -- avec l'accompagnement de mon thérapeute psycho-corporel -- un écheveau [un embrouillamini] pas si éloigné du vôtre, qui concerne le secret que portait mon père au sujet de ses deux enfants qui m'ont précédé et ont été assassinés. En lisant ce qui suit, peut-être penserez-vous que je débloque...

Vous êtes un fils attentionné qui aimerait épargner à sa mère -- et peut-être à d'autres -- une révélation qu'elle pourrait mal prendre et qui entraînerait une déception pour elle. Pourtant vous le savez: votre homosexualité n'est ni une tare, ni un choix de votre part. (C'est comme de naître avec des cheveux roux dans une famille qui prétend ne pas aimer les rouquins.) Il faudra que votre mère s'y fasse et qu'elle rejoigne le XXIe siècle, plutôt que de se laisser influencer par ses croyances irrationnelles. Vous n'êtes pas la cause de ses erreurs de jugement. Vous pouvez l'aider à changer, c'est tout. Et si vous n'y parvenez pas dans un délai raisonnable, éloignez-vous d'elle jusqu'à ce qu'elle ait suffisamment reconsidéré ses positions. Vous n'êtes pas non plus sur cette terre pour lui épargner des déceptions dont vous n'êtes pas responsable. Dans l'ordre naturel des choses, ce serait à elle de vous soutenir quand vous vous lancerez sur le chemin tortueux de la paternité. Quête d'un compagnon qui partage votre projet. Quête de l'enfant puisque c'est votre désir. Et choix entre l'adoption, l'insémination avec une mère en co-parentalité ou toute autre méthode qui se présentera. Votre maman connaît les difficultés du parcours et la joie de la victoire, Victor!

Si le Destin lui a offert deux enfants homos, c'est peut-être que, dans Sa grande sagesse, Il voulait lui donner l'occasion de revivre l'expérience une fois ou deux (peut-être aussi avec sa fille), pour la libérer de ce qui lui pèse encore. Aidez-la Victor, en lui faisant cadeau de cette possibilité! Votre prénom, ou votre pseudonyme signifie, vous le savez, que vous vaincrez les difficultés, patiemment, mais sans vous sacrifier.

André

4 commentaires:

Victor a dit…

Mon Dieu... voilà que je me connecte après une journée d'examens harassante, je survole l'article avant de le lire, et je vois mon prénom (car oui ce n'est pas un pseudo) jaillir devant moi, quelle... terreur dans un premier temps, puis bonne surprise.

Un article à conseils qui m'est dédié, ouahou, merci... je pourrais répondre, mais je n'ai pas trop envie d'envahir ce blog avec ma vie et mon problème de coming-out, somme toute banal. Mais, quand même...

Tout ce que vous écrivez, j'en ai conscience, comme je sais parfaitement quelle réaction aurait ma mère si elle savait. Elle serait en colère, elle ne voudrait pas en parler, elle ferait une sévère dépression, puis elle accepterait, serait heureuse de me voir heureux, mais, au fond d'elle, terriblement déçue, et incapable, véritablement incapable d'essayer de comprendre en quoi l'homosexualité n'est pas une tare, même si elle l'accepterait par peur de perdre son fils. Bref. Je compte bien le lui dire un jour, il faudra bien, c'est sûr. Ce que je n'ai pas dit dans mon précédent commentaire, c'est que ma mère est de santé fragile, particulièrement en ce moment, où ses médecins soupçonnent un retour de son cancer de la thyroïde. Et vu le stress qu'elle subit tous les jours autour d'elle, notamment au travail, ce n'est pas le moment. Bien sûr, ce n'est jamais le moment quand on sait que la réaction ne sera pas positive... Mais dans l'état actuel des choses, mon coming-out n'est pas ma priorité, même si une partie de mon bien-être en dépend.

Et en effet, si ma mère, pour qui ses enfants sont la victoire de sa vie, m'a appelé Victor, ce n'est pas sans raison.

Pour David, par contre, aucune idée. Quant à votre thérapie... bonne chance !

Kevin a dit…

Ton paternel, attendrissant, magnifique… le poids des mots… j’ai pleuré pendant la lecture.

Johny a dit…

En toute franchise, ça ne me génerais pas s'il y avaient plus de pédés parce qu'il y auraient aussi plus de nanas à ma disposition. Je le dit sans homophoby du tout. Je respecte le plaisir de chacunes et chacuns.

Anonyme a dit…

voleur de photo!!