lundi 8 novembre 2010

Menacé de mort, l'évêque gay porte un gilet pare-balle

Sortir du placard n'est pas une garantie de vie facile. Gene Robinson, premier évêque ouvertement gay de l'Église épiscopalienne américaine (rattachée à la Communion anglicane) a annoncé samedi qu'il mettra bientôt fin à son ministère pastoral à cause des menaces proférées contre sa vie et de la controverse autour de sa nomination qui ne s'est pas apaisée depuis 2003. "Ces sept dernières années nous ont fortement éprouvés, moi, ma famille et vous les membres du diocèse", écrit-il dans un message adressé aux fidèles. Lors de sa consécration dans le diocèse du New Hampshire, l'évêque avait été obligé de porter un gilet pare-balles. "Les menaces de mort, et maintenant l'extension au monde entier de la polémique déclenchée après votre décision de m'élire ont pesé, non seulement sur moi, mais aussi sur mon bien-aimé époux, Mark, qui m'a fidèlement soutenu."
Mark et Gene, "pacsés" en 2008.

Robinson, fils de paysans, prêtre (protestant), avait discuté de son désir des hommes avec sa future épouse. Ils se sont mariés en connaissance de cause, ont eu deux filles qui le soutiennent activement, comme le fait son ex-femme. Ils ont divorcé bien avant que Robinson ne rencontre Mark Andrew. Les deux hommes sont pacsés depuis que le New Hampshire a instauré l'union civile; deux policiers assuraient leur protection durant la signature du contrat. C'était en 2008 et Robinson devait se rendre en Grande-Bretagne où allait se tenir la conférence mondiale des Églises de la Communion anglicane qui a lieu tous les dix ans. L'évêque avait expliqué que cette mesure assurerait la protection légale de son compagnon et de ses deux filles en cas de nécessité.

Les Églises de la Communion anglicane en Afrique, Asie, Angleterre et aux États-Unis sont divisées concernant l'autorité de la bible sur la vie privée -- avortement, divorce, remariage, homosexualité, et sur le ministère des femmes... Si le débat est vif, seule une frange (pas uniquement épiscopalienne) de terroristes menace l'évêque. Chrétien, il ne faut pas l'oublier, n'est pas une appellation contrôlée. Certains christianistes ont oublié comment Jésus/Dieu distinguera ses élus lors du bilan final. "J'ai eu faim et soif, vous m'avez donné à manger et à boire; j'étais un étranger, vous m'avez accueilli; nu et vous m'avez vêtu; malade, vous m'avez visité; prisonnier et vous êtes venus me voir." Cette attitude fonde encore la morale occidentale, même sécularisée. Jésus l'explicite ainsi: "Dans la mesure où vous l'avez fait à l'un de ces plus petits de mes frères, c'est à moi que vous l'avez fait". (Matthieu, chap. 25.)

André

2 commentaires:

Magalie a dit…

Cet homme et ses deux familles sont un exemple pour nous qui apprenons comment vivre le couple contemporain en respectant la nature de chacun. Et pendant ce temps des ecclésiastiques se chamaillent, complètement à côté de la plaque, au lieu de se demander ce qu'ils pourraient faire pour illuminer leur existence et celle de leurs paroissiens.

Mascot a dit…

Ils ne sont pas arrivés à séparer l'église de l'état, ni la foi chrétienne de la violence.