samedi 1 janvier 2011

À mari et amant cornus: bâtard couillu

De g. à dr.: Ariane et son fil, Thésée, le Minotaure, deux victimes.
Le fil de cette histoire est tordu, mais on aime les énigmes embrouillées. L'épouse du roi de Crète était amoureuse d'un magnifique taureau blanc. Pour concrétiser sa passion, elle demanda à Dédale, l'homme à tout faire du palais, de lui construire un gabarit de génisse dans lequel elle s'enfila pour se faire enfiler par son amoureux. Neuf mois plus tard, comme il fallait s'y attendre, elle mit au monde un fils qui avait la tête d'un taureau et le corps d'un humain. On l'appela le Minotaure. Le roi qui était un peu responsable de cette idylle (trop long à raconter, mais on sait que les cocus...) décida de mettre le bâtard à l'ombre dans un palais labyrinthique et en confia la construction à Dédale.

Thésée achève le Minotaure dans l'arène.
Or, pour expier un crime et se protéger de la peste (trop long à expliquer), les Athéniens devaient envoyer régulièrement sept vierges et sept beaux jeunes hommes en Crète pour les livrer en sacrifice au Minotaure. L'année où il fut tiré au sort, Thésée un fils du roi d'Athènes décida qu'il ne se laisserait pas faire. Avec l'aide d'Ariane, demi-soeur du Minotaure qui dévida un peloton de fil pour retrouver la sortie, Thésée put maîtriser le monstre et sortir indemne du labyrinthe. En prime, il enleva Ariane... Dans toutes les images et les histoires que ce mythe a inspirées depuis de nombreux siècles avant notre ère et jusqu'à Rodin, Picasso, les Surréalistes et les psys, le Minotaure représente la sensualité, la violence, le désespoir et la culpabilité qui bouillonnent comme un jacuzzi au fond de nous.

Le minotaure libéré de son palais-prison.
Et l'on sait combien les eaux tièdes des jacuzzi présentent un milieu favorable à la prolifération des bactéries. Il en est de même des effervescences qui agitent nos âmes et empoisonnent nos vies. Les psys pressés ont beau y verser du chlore, ça empeste de plus en plus. Il faut un nettoyage patient, profond; remonter jusqu'à la source de l'eau qui alimente notre bain de remous. J'ai la chance d'être assisté par un thérapeute qui a compris les tenants et aboutissants de l'épreuve initiatique à laquelle s'était soumis le jeune Thésée, accompagné par Ariane. Comme elle, il m'accompagne et déroule le fil qui me permettra de sortir du labyrinthe. Qu'il en soit remercié ici.

À vous lecteur -- intrigué ou non par cette histoire -- je souhaite une année 2011 riche en découvertes et en consolidation des bonnes choses qui vous sont déjà arrivées!

André        Illustrations: vase béotien, vers 550 avant notre ère. Minotaure vaincu, Picasso, eau-forte, 1933. Minotaure à la carriole, Picasso, huile sur toile, 1936.

2 commentaires:

François a dit…

Cette histoire me donne du fil à retordre. Mais je comprends mieux la symbolique du Minotaure dans l'oeuvre de Picasso et je trouve ses hommes-taureaux très sensuels. C'est lui, le séducteur sauvage tel qu'il s'imagine, il est fier et il en a honte en même temps.

Damstounet a dit…

Mersi, de même ! ^^