lundi 11 juillet 2011

Camaraderie et nudité à l'armée -- images d'époque


La coopération entre soldats est un élément aussi important que l'obéissance totale pour la cohésion d'une armée. C'est le même esprit d'équipe qu'on demande à des footballeurs, fait d'encouragements mutuels, de sacrifices, d'unité et d'intuition dans les décisions rapides.
 Guerre du Pacifique: pub américaine pour des serviettes de bain.
Un filet a été installé pour protéger les soldats des crocodiles.
"Des millions de serviettes Cannon sont livrées aux forces armées, c'est pourquoi
le choix a diminué dans les magasins. Mais dès que la guerre sera finie..."

Années 40: douche improvisée sur quai de gare.
La fraternisation mâle (male bonding) a fait l'objet d'études éthologiques, tant chez les animaux supérieurs que chez l'être humain, pour analyser les modèles de coopération, de camaraderie et de rivalité au sein des groupes. Une constante ressort dans la manière dont les mecs gèrent leurs amitiés et leurs complicités: ils les exercent principalement durant des activités communes -- profession, sports, jeux, sorties en plein-air, discussions politiques autour d'une bouteille ou beuveries; alors que les femmes resserrent les liens dans le partage du vécu et des émotions.

Guerre de 1914-1918: ablutions sous surveillance.





Il ne faut pas le répéter plus loin, sinon les visages se fermeront et la main qui serrait l'épaule du copain retournera dans la poche de son propriétaire: les sociologues désignent ces relations non romantiques, mais très importantes entre personnes du même sexe, du terme d'homosocialité. Elles sont très chaleureuses -- visez les étreintes footballistiques après un but marqué --, pudiques comme certaines amitiés durables, sans aucun arrière-plan sexuel et pourtant très physiques. (À l'armée où la promiscuité domine, on n'échappe pas à l'intimité morale et corporelle, voire sexuelle telle la masturbation de groupe.) Certains hommes estiment que leur désir homosocial est aussi intense que leur désir amoureux ou leurs besoins purement sexuels.

Guerre de 1939 à 1945: douche militaire sur roues.
Parlant de l'amitié profonde entre deux hommes, Michel de Montaigne (16ème siècle) l'a splendidement résumée: "Parce que c'était lui; parce que c'était moi." Ce sentiment qui l'unissait à Étienne de la Boétie, il l'a ainsi décrit dans ses "Essais":
Au demeurant, ce que nous appelons ordinairement amis et amitiés, ce ne sont qu’accointances et familiarités nouées par quelque occasion ou commodité, par le moyen de laquelle nos âmes s’entretiennent. En l’amitié de quoi je parle, elles se mêlent et confondent l’une en l’autre, d’un mélange si universel, qu’elles effacent et ne retrouvent plus la couture qui les a jointes. Si on me presse de dire pourquoi je l’aimais, je sens que cela ne se peut exprimer qu’en répondant: parce que c’était lui; parce que c’était moi.
André

4 commentaires:

Philippe M a dit…

Ess-ce que cela reviendrait à dire que la réalité des sentiments ou des émotions n'est pas ce que nous en voyons ?... Qu'elle serait infiniment plus riche et complexe que le catalogue que nous avons bien dû en établir pour tenter d'y comprendre... que dalle, finalement !?...
Et que savons-nous dela vie propre de ces mots que nous avons bien dû inventer pour décrire "ça" ?...
Amour... amitié... affection... attirance... Où ça commence ?... ou ça finit ?... "ces trucs".
Et, pour simplifier, ne pourra-t-on donc jamais laisser son sexe (ou son coeur !) au vestiaire ?...

Au secours ! Je nage encore à mon âge. Merci à qui aurait compris quelque chose de bien vouloir me l'enseigner.

Philippe

Coersen a dit…

Théoriquement la fraternisation entre mâles devrait être plus facile entre gays. Je la recherche mais peine à la trouver. Est-ce ma faute? Les gars des générations libération sexuelle et sida disent qu'elle était plus fréquente à ces époques du fait de la militance, des groupes, de la solidarité active. Aujourd'hui, selon eux, c'est la compétition, non pas la solidarité, qui prévaut. Caisse-con-peu-fer?

Anonyme a dit…

en mème ten, sète prévalence de la compétition sur la solidarité est aussi le fait de notre société actuelle il me semble, les gays ni échappe pa. sè tte la société ki a chanjé et ki changera encore.

ce que je sais, sè ke je ne sais rien ! on ne peu rien de + je croi philippe...

peu tètre fau til renoncer a théoriser et vivre ce kon ressen sans se posé tro de kestions...

et si la connaissance était dan lexpérience, nn ds la réflexion ?

Anonyme a dit…

..."la connaissance est dans l'expérience, pas dans la réflexion"... Il faut que je me fasse tatouer ça quelque part !

Et plus sérieusement: un très sincère MERCI à toi, Damstounet !

Philippe