mardi 6 décembre 2011

La curiosité sexuelle des garçons, l'attitude des adultes

Un coach sportif très populaire dans son collège de Penn State a été arrêté le mois dernier aux États-Unis pour viols et autres abus sexuels sur une quarantaine de garçons entre 7 et 13 ans (au moins huit victimes avérées). Des responsables de l'école auraient couvert ces délits. Samedi, le New York Times publiait une interview dans laquelle le présumé coupable (libéré sous caution) clame son innocence: "J'étais pour eux un substitut paternel". Blogueur invité, Robert G. se souvient. -- André.

Dans l’affaire d’abus sexuels envers des garçons par l'entraîneur de Penn State, je me méfie; certains Américains tendent à voir de la pédophilie dans des photos de bambins nus sur une plage. S’il ne s’agissait que de douche collective, partagée en tout bien tout honneur entre un adulte et une équipe de garçons même pré-pubères, je ne suis pas certain qu’il y ait de quoi crier au scandale. Quoi qu'il en soit, elle a réveillé des souvenirs d'enfance (années 1960). Est-ce que je me pose rétroactivement en victime?

Comme scout louveteau (8-12 ans) j’ai participé à un camp dont le responsable procédait chaque soir personnellement à la douche individuelle de chaque garçon à poil, passant consciencieusement son éponge savonneuse partout... Lui portait son short de bain, et je n’ai jamais rien remarqué d’inconvenant, même si nous disions que c’était curieux et étions soucieux d’éviter d’avoir le piquet. Je pense néanmoins qu’aucun de nous n’en a jamais parlé à ses parents: nous ressentions que cela ne se faisait pas. Cela ne m'a pas traumatisé (mais ce serait certainement l’effet d’en parler et de voir les réactions horrifiées que cela susciterait!). Pensez: dans le même camp circulaient entre les louveteaux des bandes dessinées pour adultes (petit format) barbotées aux parents. Ni chattes, ni bites, ni sperme, mais des belles filles seins nus et des beaux gosses (dont le slip noir faisait mon désespoir) dans des situations suggestives...

Au même âge et en d’autres circonstances, je n’avais qu’une envie, celle de voir les moniteurs jeunes adultes à poil. Mais ils attendaient (eux!) que nous ayons fini de nous rhabiller après la piscine. Une fois, j’ai oublié volontairement ma montre pour faire irruption plus tard dans le vestiaire... À l’internat, je me suis intentionnellement mis à bander dans une douche collective pour voir si cela déclencherait je ne sais quoi. Mais rien, hélas! (Aujourd'hui je serais probablement signalé à un service éducatif.) Et je conserve un souvenir ému de ma dernière colo de pré-ado où un garçon, qui avait déjà commencé sa puberté, présentait des organes transformés ornés d’une collerette de poils.
Si j’ajoute que, quelques années plus tôt, j’étais attiré par la pissotière du quartier dans laquelle je me rendais seul, on se dira que je suis totalement dépravé. En réalité pas du tout: je vivais alors dans une innocence inconcevable aujourd’hui, ignorant des choses du sexe et a fortiori de l’homosexualité, ou des pervers à l’affût... Je devais avoir 10-11 ans lorsqu'un copain a tenté de me faire croire des choses dégoûtantes sur ce que font le père et la mère pour avoir un enfant. À 13 ans, après notre première leçon d’éducation sexuelle donnée par une doctoresse, mon voisin de banc et moi-même avons bien compris que le nom scientifique du zizi était “anus”... Et je garde un regret éternel de mon déniaisement raté: à 12 ans, je me suis enhardi à dire au fils du boucher, gros vantard, que mon piquet remontait plus haut que le nombril. Mais la fin de la récréation a sonné et nous n'avons pas eu le temps de nous rendre aux WC pour comparer.
L’affaire de Penn State prend évidemment une toute autre coloration que ces souvenirs si l’entraîneur (père de six enfants) a réellement sodomisé un garçon de 10 ans dans un vestiaire et abusé de nombreux autres jeunes en situation familiale difficile. La curiosité sexuelle des adolescents fait partie de la construction de soi. La condition de leur épanouissement futur repose sur le fait qu'elle ne sera pas suivie d’un passage à l’acte. C’est aux adultes de savoir y résister, d’assumer la différence de rôle qui est le leur.

Robert G.

1 commentaire:

unnu a dit…

j'ai souvent la même impréssion d'exagération dans ces affaires, surtout que les journalistes donnent peu de détails et des flous d'explications artistiquement entretenu!
Lorsque j'étais en colo nous nous baignions garçons, filles et moniteurs nus dans la rivière nous nous frottions mutuellement le dos, je n'ai jamais fait de lien avec de quelquonques attouchements ...
Je me demande quelle société de frustration et d'interdit permanent nous sommes en train de construire?