samedi 14 avril 2012

Un pissoir à New York : le Pompéi homosexuel de Keith Haring


Le décor mural que Keith Haring avaient peint dans un centre new-yorkais de la communauté lesbienne et gay vient d'être restauré. Le lieu a été exceptionnellement ouvert au public le mois dernier. Au printemps 1989,  l'organisation avait invité des artistes à participer à une exposition temporaire. Keith Haring avait choisi les pissoirs du 2ème étage dont il avait couvert les murs de ses graphismes exubérants: Sans préparer les surfaces qui s'écaillaient à certains endroits. Pourtant l'oeuvre a survécu à l'épreuve du temps et un couple de mécènes gay a financé cette restauration partielle.

Tout est recouvert.















Mai 1989. Keith Haring, 31 ans, devait mourir neuf mois plus tard du mal qui emportait tant d'hommes gays et bisexuels. On dénombrait déjà presque 100'000 morts aux États-Unis. Néanmoins, ses splendides graffiti éclatent d'une énergie sexuelle goulue, débordante, active par tous les orifices. Comme si le sida n'avait pas déjà étouffé la fiesta gay d'une chape de plomb. L'artiste atteint dans sa santé a couvert les murs de ces chiottes d'une affirmation élégiaque: sa foi en l'immortalité de la libido mâle et de son expression homo.


Keith Haring et son oeuvre.



















La fresque se nomme Once Upon a Time (Il était une fois); elle exprime la nostalgie de ceux qui avaient connu la sexualité débridée d'avant le sida -- où les accidents de parcours se traitaient par un  passage chez le médecin et éventuellement quelques coups de téléphone aux copains.

Les toilettes Keith Haring, comme on les appelle, ont été débarrassées de leurs urinoirs, cabines et lavabos et sont devenues une salle de réunion. Comment peut-on se concentrer sur le sujet à débattre lorsqu'on est entouré de telle matière à fantasmes? Ce serait comme de tenir une séance de travail dans l'un des bordels de Pompéi, où les murs sont couverts de peintures et de graffiti exprimant la satisfaction ou les regrets des clients, leur vantardise!

André



1 commentaire:

unnu a dit…

Quel liberté !