samedi 20 octobre 2012

Le double défi posé aux jeunes mâles hétéros


 
Pendant que les ados gays font face au casse-tête de l'acceptation -- par soi-même, puis par l'entourage -- les jeunes hétéros se cherchent aussi: ils doivent s'affirmer auprès des filles tout en testant leur masculinité auprès des garçons. Une période traversée avec aisance si l'on a hérité des gènes du mâle alpha; pleine d'hésitation ou d'humiliations, en revanche, si l'on manque d'assurance et de patience. Que ne faut-il pas encaisser pour se faire accepter par la bande! Boire, gueuler, défier, participer à des jeux stupides et parfois dangereux pour s'affirmer "vrai mec" et éviter le quolibet de "tantouse". Parce que l'homosexualité est très présente dans leurs petits cerveaux: elle leur fait peur, elle les dégoûte, elle les attire.


Personne ne leur a appris à honorer l'homosensualité qui fait partie de leur nature et à la distinguer de l'orientation sexuelle. Nous avons tous besoin du compagnonnage des mecs pour booster notre virilité; besoin d'admirer des modèles, des chefs, des grands-frères; besoin de la fraternité d'un ami intime avec lequel on peut tout partager -- sauf l'amante dans leur cas. Mais regardez-les singer ceux qu'ils appellent les enculés lorsqu'ils ont bu! Regardez-les se foutre à poil, s'exhiber, frotter leur sexe contre les copains, se déguiser en femme, participer à des concours de pisse. Tout cela fait partie des tâtonnements du jeune mâle qui apprend à vivre avec ses caractères sexuels primaires et secondaires -- si petits... et pourtant tellement envahissants.



Lorsque j'étais au collège, vers dix-onze ans, les cours de Morale nous étaient donnés par un professeur de théologie retraité, moche et décrépi qui fantasmait à haute voix en décrivant le camp de vacances sous tente et nudiste qu'il allait organiser pour nous. Je n'avais jamais été prévenu sur les visées des vilains messieurs envers les gamins, mais je pigeais que le stage serait savonneux, glissant. De son côté, l'enseignant qui surveillait nos devoirs nous faisait subir des supplices pour le moindre bavardage: par exemple se rendre à quatre pattes jusqu'au tableau noir et lécher la craie. Le regard perçant, insistant de ce bel homme nous faisait comprendre qu'il était plus dangereux que ses sévices ne le laissaient entrevoir.

Ce qui nous manque, à presque tous durant la jeunesse, ce sont des modèles, des pères, des oncles, des grands-pères, des confesseurs, des maîtres prêts à nous accompagner et nous faire entrevoir les voies qui s'offrent à nous. Sans abuser de leur autorité, ni de notre crédulité, ni de notre sexualité.

André



3 commentaires:

Anonyme a dit…

Sauf que c'est certainement moins difficile car ils n'ont pas à casser les codes mais juste à entrer dans les chaussons de leur père

Anonyme a dit…

Hélas que de couleuvres doit ont avaler ou faire avaler pour se faire accepter par un groupe de mâle purement hétéro ! c'est vrai que l'acceptation de soit passe par ce genre de rite iniatique, qui bien souvent est le défouloir de penchant purement homo de certain initiateur, je pourrais en dire long sur le sujet !!!!

unnu a dit…

voila un article très juste.