lundi 5 mai 2014

La jeunesse et les vieux pédés alliés pour changer la société


Yoga: la posture harmonieuse du guerrier.




Jeudi dernier, cinq jeunes moines costauds, probablement tibétains, se tenaient à l'entrée du cinéma Pathé. Quel film allaient-ils voir? Qu'est-ce qu'on a fait au Bon Dieu? Non. A Touch of Sin ? Non, ils avaient jeté leur dévolu sur The Amazing Spider-Man... Je n'ai pas pris le temps de leur poser d'autres questions; je voulais m'assurer une bonne place pour la retransmission de King Lear de Shakespeare, en direct du National Theatre de Londres. Le thème: Aveuglé par son orgueil, le vieux roi Lear cause d'insolubles brouilles familiales (allant jusqu'aux meurtres) en décidant de léguer son royaume à celle de ses trois filles qui saura le mieux exprimer son amour filial. Il perdra ses illusions et peu à peu la raison, finissant par s'exhiber en caleçon dépenaillé. Au bout de trois heures, on sort émerveillé et éreinté par le tour de force des acteurs.

Le duc de Bourgogne, prétendant de la fille cadette.


Lear a perdu la raison.
Durant l'entracte, alors que je vide une flûte de champagne (un rituel pour les directs d'opéra et de théâtre), je vois un jeune homme en livrée Pathé vérifier que tout se passe bien. De taille comme de couleur de peau il ressemble au duc de Bourgogne (ci-dessus). Puisque nous sommes au XXIe siècle, la pièce se joue en costume de ville et plusieurs Noirs tiennent des rôles avec un accent shakespearien. Je demande au jeune homme en livrée s'il est descendu de l'écran pour nous divertir durant l'entracte. Il rit et répond en un français impeccable. Son boulot dans ce cinéma est un emploi d'étudiant: il étudie le génie civil.

Les gardes de corps du roi.

Posture du guerrier: mobiliser ses forces sans intention agressive.
Avec sa permission je compare sa situation de black qui a grandi dans un monde de blancs à la mienne de pédé élevé dans une société de couveuses et de reproducteurs qui se pensent supérieurs à nous. Lui et moi avons reçu le message que pour nous protéger du racisme (de l'homophobie) il fallait faire profil bas. Les choses changent; le monde a besoin de femmes et d'hommes nouveaux comme lui, créateurs inspirés, sortant du moule, réfléchissant à un avenir plus productif pour tous. Il est intelligent, possède une belle âme et je l'encourage à se considérer l'égal des plus doués, de ne pas se contenter d'une place en deuxième classe. Il détient un grand avantage -- comme tous les étrangers -- celui de baigner dans deux cultures dont il peut choisir les richesses tout en laissant tomber ce qui ne convient plus. Il me répond, et je le crois, qu'il va réfléchir à ce que je lui propose.

Les vieux bonzes...

... n'ont pas dit...

... leur dernier mot.
Nous aussi, les gays, avons une place à occuper dans la société. Je dis bien: occuper et non plus réclamer. Il est fini, en Occident, le temps de la militance que j'ai vécu. Nous devons soutenir les autres minorités en arrêtant de gémir sur notre sort ou de nous singulariser. Les étrangers devraient bénéficier de notre expérience pour s'intégrer au lieu de végéter. Les enfants et les jeunes que les parents ne peuvent pas accompagner dans leurs études ont besoin de nos ateliers de rattrapage. L'expérience gagnée à nous développer de manière intégrale et indépendante [en étant mari et femme dans un seul individu] devrait aussi nous inspirer pour décrotter, décrisper la vie politique et envoyer l'esprit partisan au cimetière des couillons. Foi de vieux bonze!

André

1 commentaire:

Anonyme a dit…

AMAZING OLD MEN! WHO ARE # 2 AND #9?
LOVE THEIRS HAIRY CHEST

PLEASE RMOVE THIS VERIFICATION WORDS IS BORING !