jeudi 7 août 2014

L'homophobie exacerbée de l'Ouganda et l'influence des États-Unis

La semaine dernière, la Cour constitutionnelle ougandaise a annulé la loi promulguée en février dernier par le Parlement, le quorum nécessaire n'ayant pas été atteint. Cette ordonnance ajoutait l'interdiction de la "promotion" de l'homosexualité [regardez du côté de Moscou pour comprendre] et l'obligation de dénoncer les LGBT à une ancienne interdiction des relations homosexuelles punies de prison à vie. Les "promoteurs", ce sont les groupes gays qui font de la prévention sida et luttent contre l'exclusion, ainsi les ONG qui pourvoient des soins médicaux. En 2009, la première version de la loi abrogée s'intitulait "Tuez les gays".

Gay présumé lapidé et brûlé, en Ouganda ou au Nigéria suivant les sources.

Cependant, le Parlement pourrait repasser cette loi en s'assurant que le quorum soit atteint. Mais pas avant que le président Yoweri Museveni -- qui la soutient -- ne soit revenu du sommet américano-africain qui se tient cette semaine à Washington. Car les États-Unis ont imposé des sanctions à l'Ouganda et coupé les fonds de plusieurs programmes d'aide à cause de ces lois inhumaines. D'autres pays et la Banque mondiale ont suivi. Grâce à l'annulation de la loi, Museveni se trouve en position favorable pour briguer le retour des aides.



La violence est omniprésente. Un homme est circoncis de force par les membres de sa tribu. Un tabloïd révèle que le chanteur Rabadaba est musulman, cela tue sa carrière. Un voleur est tabassé par la foule et traîné au poste de police.

Aux États-Unis, les Républicains les plus conservateurs continuent à faire pression contre nos droits. À coups de millions de dollars versés directement dans la poche de leaders politiques et religieux, des groupes chrétiens intégristes [l'équivalent des islamistes] exercent une action de lobbying dans les pays les plus corrompus d'Europe de l'Est et d'Afrique pour soutenir leurs programmes homophobes. En Ouganda, dans les églises, les journaux et au niveau politique, cela s'est traduit par un encouragement à la persécution des LGBT. Des gays ont été rackettés par la police, arrêtés de façon arbitraire, licenciés par leur patron, expulsés de leur logement,  agressés, torturés, assassinés, voire brûlés vifs. [Le pays compte une population majoritairement catholique et anglicane; les sectes syncrétistes et les musulmans y sont minoritaires.]



Photo de bogoss à poil publiée sur un site gay ougandais: le visage est flouté. Le kick-boxeur Moses Golola à l'exercice.

L'activisme anti-gay américain est largement subventionné par des milliardaires qui soutiennent les communautés intégristes [ils représentent l'équivalent des Saudis enrichis par le pétrole]. Ils luttent en faveur de ce qu'ils nomment la "liberté religieuse" c'est-à-dire la possibilité de gérer la vie du pays selon les "règles divines", soit l'application punitive d'une sharia chrétienne... Selon eux le monde a été créé il y a 6000 ans; l'écologie ils s'en foutent; le Christ reviendra en Israël dès que les Arabes en auront été expulsés; seuls les Juifs convertis au christianisme seront sauvés en même temps que les Évangéliques. Leur programme prévoit aussi de renvoyer les femmes au foyer, d'interdire la contraception et l'avortement. Ils veulent châtier les enfants désobéissants et "guérir" les LGBT, sinon ce sera la prison ou la mort.



La chasse aux LGBT. -- En 2010, un tabloïd publie 100 photos de gays ougandais présumés avec noms et adresses. Quelques mois plus tard, David Kato qui milite ouvertement est tué à coups de marteau chez lui. À droite: deux hommes arrêtés au petit matin dans leur chambre d'hôtel; un photographe de presse accompagnait les flics.

Actuellement, la stigmatisation des LGBT détourne l'attention du vrai programme intégriste. Quand ces extrémistes auront perdu leur bataille contre nous, ils se tourneront vers d'autres victimes... Et pourquoi l'homophobie gagne-t-elle l'Afrique? Parce que les prêtres, les pasteurs et les politiciens corrompus par les dollars parlent de la "sodomie" comme d'une perversion importée de l'Occident. Or, avant l'arrivée des colonisateurs et de leurs cohortes de missionnaires, l'Afrique était joyeusement nue et polysexuelle...

André

1 commentaire:

Anonyme a dit…

a great news for our african brothers!
good luck for them