samedi 31 mai 2014

Des hommes nus à l'écoute des vibrations de la forêt et des arbres



Trois photos sans relation avec l'expo.

Une exposition intitulée Des hommes et la forêt se tient au château de Nyon, sur la rive suisse du lac Léman. Réalisée par Vincent Lieber et Alexia Ryf, elle rassemble des installations, sculptures et autres oeuvres de plusieurs artistes. La vidéo d'Antoine Roegiers m'a fasciné et emmené dans un monde ingénument cauchemardesque. Inspirée des Sept péchés capitaux de Bruegel l'Ancien (1557), elle met en scène des pécheresses et pécheurs en compagnie d'animaux plus humains que nous dans leur humour. Franticek Klossner a filmé un gars qui se roule à poil dans les feuilles mortes. Le visiteur de l'expo le siffle (littéralement) et il apparaît, puis disparaît. On le siffle autant de fois que nécessaire pour l'observer enfin frontalement. Il ne ressemble ni à un forestier, ni à un ermite: juste un fantasme gay de bomec... Eva Jospin -- fille de -- a découpé des troncs et des branches dans du carton. C'est bien vu, aussi admirable et frustrant que la carrière de son père.

Vidéo: "Les sept péchés capitaux".

On siffle et le bomec apparaît.

Eva Jospin: forêt de carton.
Josef Felix Müller qui m'intéressait dans les années 1980 -- époque où ses hommes n'étaient pas de bois, bien que taillés dans un tronc ou brossés sur la toile (voyez pourquoi ci-dessous) -- se manifeste maintenant avec des forêts dépeuplées. Quant à Nikola Zaric, il installe des hommes à tête de cerf ou d'âne qui vous tendent leurs bras pour vous réconforter. Le visiteur peut se procurer le catalogue de l'expo dans lequel se trouvent des pages blanches qui l'invitent à dessiner et se laisser inspirer par d'autres esquisses ou tableaux. [Expo de mardi à dimanche, 10h-17h, jusqu’au 26 octobre.]

Josef Felix Müller: époque actuelle.

Müller: Homme avec enfant.

Müller: "Plaisir masculin, le petit train" 1981.
Mon rapport aux arbres a changé depuis une année. Un parc que je traverse souvent rassemble de splendides spécimens. Je marche désormais en levant la tête pour les contempler et les écouter. Car oui, depuis que j'ai appris à me connecter auprès d'entités invisibles, mais très attentives à nos besoins, j'entends aussi ce qu'émettent les arbres. Leur langage se traduit par des pensées -- du moins à mon niveau actuel d'écoute. Ils ont vu passer tant de personnes qu'ils nous connaissent bien. Et à force de ressentir leur force, de les observer moi aussi, je commence à comprendre leurs messages. Un de mes jeunes amis, beaucoup plus avancé dans ce type de communication (il voit leur aura), s'adresse tous les jours à un très vieil arbre qui est en train de se dessécher. Il l'accompagne tendrement de ses soins palliatifs et karmiques, l'encourage en lui rappelant que pour les arbres aussi, il y a d'autres vies dans d'autres lieux.



Cinglés que nous sommes, hein, ce jeune homme et moi? Un jour, cela vous prendra aussi de communiquer avec d'autres espèces et d'autres dimensions... Intéressez-vous à ce que découvrent les physiciens qui explorent l'univers quantique. Où deux particules, dites intriquées, restent connectées même lorsqu'elles sont séparées par l'espace et le temps. Où toute mesure sur l'une affecte l'autre qui s'y aligne à une vitesse plus rapide que celle de la lumière... Qui d'entre nous comprend, en se penchant sur son ordi, que l'appareil est constitué d'un nuage de particules, que sa couleur métallisée n'est qu'une fréquence sans existence absolue? Bientôt, ces notions de base seront enseignées à l'école.

André

jeudi 29 mai 2014

Parade navale -- comme à la "Belle-Époque" -- au pays de Chaplin


Le souvenir de Charlot à Vevey.
Quelque dix mille personnes ont assisté dimanche dernier au ballet naval de six
bateaux à vapeur datant de la Belle-Époque à Vevey. Petite ville lémanique [lake Geneva, Genfersee] connue pour avoir été le dernier lieu de séjour de sir Charles Spencer Chaplin lorsqu'il quitta les États-Unis (qui l'accusaient d'être "dangereusement progressif et amoral"), Vevey abrite le siège central de Nestlé, première entreprise agroalimentaire au monde devant PepsiCo. Charlot s'était installé au manoir de Ban en-dessus de Vevey en 1953 avant d'être invité à rejoindre le paradis des artistes le matin de Noël 1977. Il n'y aura pas de paradis pour les géants de l'agrobusiness qui dénaturent tout ce qu'ils touchent.

Le "Vevey" au début du siècle dernier.

Le "Guillaume Tell" en 1823.
La Compagnie Générale de Navigation sur le lac Léman dispose d'une flotte de 19 unités dont huit datent de la Belle-Époque. Dimanche, la foule fêtait le retour du "Vevey" né en 1907 et fraîchement sorti du chantier de restauration. Il a retrouvé son éclat d'origine malgré une cure qui lui a fait perdre deux tonnes et gagner l'équivalent d'un Airbus en câbles et en électronique.

Agrobusiness: le braconnage des ressources.

Roue à aube du "Vevey".

Un lâcher de 2000 ballons.
Le pote que j'appelle le Cousin Germain avait invité ses vieux amis à un excellent déjeuner sur le "Vevey" pour fêter son 72e anniversaire. Nous avons donc courageusement risqué notre vie durant le ballet naval lorsque les six bateaux s'approchaient dangereusement les uns des autres pour composer des figures chorégraphiques. Le spectacle s'est terminé par le lâcher de 2000 ballons.


Né sous les bombes dans une grande ville d'Allemagne, le Cousin Germain a récemment acquis la nationalité suisse qui s'ajoute à la première. Ses enfants en ont une troisième. Lui-même a exercé sa profession sur trois continents -- Europe, Afrique, Asie -- et dans trois régions linguistiques de Suisse. Son père était militant communiste sous le régime nazi, lui est militant actif dans une section d'Amnesty International. Ainsi se dessinent des destins de père en fils, dans un continent qui évolue malgré la croissance douloureuse de ses dents de sagesse...

André

La ville de Lausanne, où j'habite, face aux glorieuses Alpes françaises.

mardi 27 mai 2014

Lutte: il faut en avoir une paire solide -- et renifler, tordre, pincer




Le film Foxcatcher a été couronné du prix de la mise en scène dimanche au Festival de Cannes. Il met aux prises John E. du Pont, héritier d'une dynastie d'industriels, et deux frères champions olympiques de lutte gréco-romaine. Le milliardaire est obsédé par les jeunes hommes en justaucorps pour lesquels il a transformé son domaine en centre d’entraînement qui vise les Jeux olympiques. Du Pont semble avoir choisi la lutte parce qu’elle oblige ces mecs orgueilleux à ramper en chevauchant et humiliant leur adversaire. En toile de fond, le metteur en scène Bennett Miller radiographie les rapports de classe aux États-Unis. Les photos ci-présentes ne sont pas tirées du film. Néanmoins elles montrent la relation trouble qui se dégage de la lutte, affrontement violent et intime auquel se soumettent de jeunes mâles pour tenter de se faire une petite place dans cette société qui méprise les vaincus.                                                             -- André