lundi 31 août 2015

Hommes extraits des arbres à coups de tronçonneuse et burin




Originaire de Lituanie, le sculpteur sur bois Edvardas Racevičius (41 ans) vit dans le nord de l'Allemagne depuis 2002 à Greifswald, une petite ville typique du Mecklembourg-Poméranie-Occidentale. Il faut l'entendre expliquer sa démarche artistique avec son accent lituanien fluide et presque mystérieux: on est transporté dans un autre monde, celui du nord de l'Europe où le christianisme a tenté d'effacer la culture et les croyances. Mais Racevičius leur redonne vie dans un contexte contemporain en taillant vigoureusement dans la mémoire du bois.




Grâce à la magie de l'artiste, l'arbre n'empêche pas de voir la forêt. Racevičius met en scène l'errance de l'humain moderne qui a perdu le contact avec ses racines autant qu'avec l'étendue des mondes invisibles. Dans la culture baltique, la forêt représente le lieu des expériences les plus sacrées, et l'arbre l'axe vertical du monde. Selon les croyances traditionnelles des tribus qui peuplaient ces forêts, les âmes des ancêtres s'incarnaient dans les troncs et les branches; il semble qu'on inhumait aussi des morts dans les arbres. La relation était à ce point intense que les vieux Baltes se demandaient pourquoi les arbres ne sécrétaient pas de sang lorsque les premiers envahisseurs chrétiens ont commencé à les abattre.



En quelque sorte Edvardas Racevičius retrouve des âmes cachées dans les arbres et les en fait sortir. Exposées en pleine lumière, elles ont l'air gênées, comme surprises en plein délire; la mise au jour de leur complexité leur fait honte, alors que nous connaissons tous des difficultés et des faiblesses... Après avoir fréquenté le lycée artistique de Klaipėda, sa ville natale, Racevičius a fait un stage de deux ans auprès d'un sculpteur. Puis il est entré au séminaire dans l'intention de devenir prêtre. Mais il a poursuivi ses études théologiques en même temps que celles de pédagogie à l'Université de Vilnius. Et s'est enfin dirigé définitivement vers la sculpture. Le premier thème qu'il a traité tournait autour de la douleur du Christ, très représentée dans les icônes de Lituanie.



Aujourd'hui, Racevičius est persuadé que les racines de la culture européenne et sa vitalité proviennent de la terre. Regardez ces hommes qu'il a arrachés aux arbre, ils restent attachés à leur tronc par le socle et donc au sol. La masse de ce socle est impressionnante, elle nous remet à notre juste dimension par rapport à notre environnement, la nature qui nous nourrit puis nous engloutit. Solidement campé sur ses jambes pour diriger la tronçonneuse, l'artiste lituanien traduit pour nous quelques éléments primordiaux de l'héritage de son peuple qui fut attaché à la nature et a travaillé la terre comme on écrit le livre des annales. "Ich versuche nicht nur die organischen Formen, sondern auch das Prinzip der Veränderung in meinen Skulpturen umzusetzen." Il travaille les formes organiques mais aussi le principe du changement. C'est un exemple à suivre si nous voulons évoluer.

André




mardi 25 août 2015

Quand un jeune prêtre confond cul et oreille, bite et baguel...



5e siècle avant notre ère.


Du yiddish beygl, rouleau à la texture ferme.
Le père John Riccardo.
Au cours d'une conférence de trois jours organisée récemment à Plymouth (Michigan) autour du thème du célibat et de la chasteté que les LGBTI catholiques laïcs devraient respecter, le prêtre John Riccardo a relaté comment il répond aux jeunes qui lui demandent pourquoi "Dieu hait les gays". Non, dit-il, Dieu ne les rejette pas, mais leur sexualité n'est pas naturelle. Et le révérend pose cette question saugrenue: "Si je coupais un baguel en deux et que j'enfonçais une partie dans mon oreille, que diriez-vous?"  "C'est pas fait pour!" "Exactement! Cela endommagerait votre canal auditif..."


Regardez attentivement la photo du prêtre et celle des baguels, il vous viendra toutes sortes de suppositions pas toutes chastes ni charitables. L'évangile de Matthieu, dans le Nouveau testament, déclare ceci (chap. 12, vers. 34): C'est du trop-plein du coeur que la bouche parle. L'homme bon, de son bon trésor tire de bonnes chose; et l'homme mauvais, de son mauvais trésor en tire de mauvaises. Un proverbe japonais résume: Lorsque le crapaud ouvre la gueule, on voit son estomac. Une autre parole de la Bible précise: Tu aimeras ton prochain comme toi-même... Or, pour suivre la doctrine de son Église, John Riccardo a fait beaucoup de mal. Il a renforcé l'attitude des ouailles homophobes, il a rendu timides les paroissiens qui voudraient soutenir les LGBTI, il a encouragé les persécutions dans les cours d'école.



En tant que choix personnel, le célibat et la chasteté sont respectables à condition  de ne pas être imposés de l'extérieur. Et puisque l'Église insiste tant sur le terme naturel, il se trouve que notre sexe fait naturellement partie de notre corps, pour que nous puissions en tirer toutes sortes d'expériences, de sensations, de bonheurs et aussi de malheurs qui font partie des apprentissages de la vie. Si le prêtre John n'était pas empêché, par contrat, de vivre sa sexualité auprès d'une femme ou d'un homme, sans que son employeur ne le condamne, peut-être encouragerait-il ses catéchumènes à aimer mieux, avec plus de délicatesse, de force et de sentiment, plutôt qu'à condamner une catégorie minoritaire.




Oui, nous les LGBTI sommes peu nombreux par rapport à la population qui se déclare hétérosexuelle.
Donc, pourquoi ces attaques constantes contre les gays, alors qu'il y a tant de graves et importants problèmes auxquels se coltiner si l'on veut apporter un peu de paix, de justice et de guérison dans ce monde? Posez-vous la question, John Riccardo! Et si votre emploi actuel ne permet pas d'y répondre, cherchez un patron plus éthique et qui ne s'ingérera pas dans vos affaires de baguel.

André