lundi 3 septembre 2018

Érections hétéros spontanées en public -- et processus d'inclusion



Les mecs hétéros eux aussi "souffrent" d'érections spontanées en public !








L'inclusion progressive de Martin et Joe chorégraphiée dans la tendresse.

Permettez que je résume ici comment j'ai vécu l'histoire de "l'inclusion" des homosexuels dans la société occidentale. Très jeune garçon au début des années 1940, j'ai compris que les hommes m'intéressaient beaucoup, pas les femmes. Cela ne me posait aucun problème. À l'époque, on parlait peu ou pas des "pédales", ce n'était pas une obsession.



Durant l'adolescence, j'ai lu que l'attachement homosexuel chez les gars de mon âge était souvent un phénomène passager. Je me donnais jusqu'à 20 ans pour y voir clair. Ma préférence ne me gênait pas et au collège personne ne me persécutait. Du reste, que savais-je de l'homosexualité: quasiment rien. À la bibliothèque de l'uni, alors que j'avais enfin accès aux livres réservés aux adultes, j'ai emprunté le seul bouquin consacré au sujet. Un torchon commis par un psy allemand. Pour son étude, il avait interviewé de jeunes délinquants en prison, gars chassés par leur famille et qui survivaient en se prostituant, volant ou trafiquant. La vie dans les ruines de l'après-guerre...




À part quelques profs au collège dont les propos et les actes étaient bizarres -- je comprenais sans que l'on ne me l'explique qu'il fallait s'en méfier -- mon premier contact avec un "pédé" plus âgé s'est déroulé sur l'île naturiste du Levant, face à Cannes. Tard le soir, dans la forêt, il s'approche, c'est ce que je cherchais. Il me demande si j'ai déjà... Je réponds que non. Il déclare: "Alors il vaut mieux pas commencer. C'est une vie horrible." Deuxième contact: ma curiosité me pousse vers un sauna. Dans la salle de repos, un mec s'approche et passe la main sous ma couverture. À ce moment, un autre gars entre. Fin du contact. Dans la rue, en sortant de l'établissement, j'ai l'impression que tout le monde peut lire sur mon visage ce qui vient de se passer. Tant pis.





Ma découverte du sexe et ma vie amoureuse se développent dans les saunas. J'y rencontre des artistes de la sensualité et des robots; des gars qui sont devenus camarades, d'autres des amants, certains mes grands amours. La plupart sont morts, terrassés par le sida, le cancer, le suicide ou un assassinat.






Dans ma jeunesse, les saunas étaient ouverts à toutes les clientèles, à condition que les pédés restent discrets. On y faisait connaissance, on consommait ailleurs. Puis le mot "gay" a fait son apparition et plusieurs saunas aussi ont procédé à leur "coming out". Aujourd'hui, ils ont encore progressé en devenant "hetero friendly". On n'arrête pas le phénomène de l'inclusion...




L'inclusion, c'est l'introduction d'un corps étranger dans un milieu de nature différente. Valable pour le coït hétéro, comme pour la tentative des gens dits "normaux" de nous considérer comme des êtres "égaux". Il faut reconnaître que ça leur est difficile, il leur faut du temps. Cela nous cause aussi bien des problèmes. Nous devons apprendre à baisser la garde, à nous exposer sans protection. Par exemple:
-- Pourquoi tu parles toujours de sexe?
-- J'ai pas parlé de sexe ! J'ai raconté que mon copain et moi avions fait une course de montagne. Si cela signifie que j'ai ainsi évoqué mon orientation sexuelle, toi tu le fais chaque fois que tu mentionnes ta femme et tes enfants... Est-ce "du sexe" ?



Quelques étapes de mon inclusion au sein de la société majoritaire. Lorsque je suis devenu président du premier groupe gay de notre canton. Et membre de la seule organisation "homophile" nationale de l'époque. Lorsque j'ai participé à la première Pride du pays, puis tenu le discours en français de la deuxième, en 1980, en plein air devant 700 personnes. Grosse exposition médiatique pour un gars en pleine dépression (mon mec m'avait lâché). Participation à une émission de radio, une de TV, plusieurs articles haineux dans la presse. Et plein de retours pas forcément sympas, aussi pour ma mère ("Ma pauvre amie, je ne savais pas que vous traversiez un pareil calvaire !") Puis le tsunami du sida. Les connaissances et ami/e/s qui s'éloignent, "parce qu'on sait jamais..." La formation à la prévention, l'information des gars et des établissements gays, la distribution d'imprimés et de capotes, tout cela en digérant la mort simultanée de deux très chers compagnons. L'inclusion intérieure, c'est aussi: tout ce qui ne nous tue pas nous rend plus forts.

André








3 commentaires:

Xersex a dit…

Merci pour ton témoignage personnel: très intéressant!

David Jean Félix a dit…

Bonjour André. J'ai eu l'agréable surprise de voir que tu avais mis un lien vers mon blog sur le tiens. Comme il se trouve que je suis également ton blog depuis quelques temps, je me suis permis de faire un lien, moi aussi. En attendant, merci pour ton travail et bonne conitnuation.

Anonyme a dit…

Les hétéros qui vont dans les aunas gay sont ils de vrais hétéros ?
J'ai lu un article qui racontait que dans certains saunas, il y avait une police interne pour décourager les gens d'avoir des relations sexuelles suite à des plaintes de certains clients qui disaient avoir vu des actes sexuels alors qu'ils étaient venus se détendre au sauna.