vendredi 7 septembre 2018

L'homosexualité dépénalisée en Inde -- pourquoi le tabou demeure



Émotion: un avenir plus serein.

Les cinq juges de la plus haute instance judiciaire de l'Inde ont aboli hier un vieil article de loi qui interdisait les relations sexuelles entre adultes de même sexe et consentants. "Nous devons prendre congé des préjudices profondément ancrés dans l'esprit de la société", a déclaré leur président, dénonçant une disposition "devenue une arme de harcèlement contre la communauté LGBT".












Selon le code pénal datant de l'ère coloniale britannique (et fruit de la morale victorienne), les actes homosexuels étaient passibles de prison à vie. Mais les poursuites judiciaires étaient rares. Néanmoins, les organisations religieuses, hindoues aussi bien que musulmanes, combattent farouchement cette dépénalisation. "Cela ne changera rien sur le terrain. Vous ne pouvez pas influencer l'état d'esprit des gens avec le marteau de la loi", a déclaré le chef d'un groupe radical hindou. Hélas, il a raison.



Nos pratiques sexuelles d'actuels LGBT étaient présentes depuis toujours en Inde. Les textes anciens, sacrés et profanes, ainsi que les sculptures qui décorent les temples antiques en témoignent. Mêmes si les ébats ne menant pas directement à la reproduction étaient sévèrement critiqués... Il y a une cinquantaine d'années, mes activités professionnelles m'ont permis de voyager plusieurs fois du nord au sud de l'Inde, ainsi qu'au Népal, et j'ai pu contempler ces incroyables acrobaties érotiques sculptées dans la pierre ou le bois des temples. À deux, à plusieurs, sans oublier les animaux, dans toutes les directions et toutes les orientations.





Lorsque j'en avais le temps, j'allais au cinéma. Dans les films indiens, on ne voyait jamais les amoureux s'embrasser. Ils le faisaient dans l'obscurité ou cachés derrière une colonne. Quelle fausse pudeur, alors que leurs ancêtres se bouffaient joyeusement tous les orifices ! Bien sûr, l'Inde a évolué depuis le siècle passé. Son attitude actuelle est d'autant plus scandaleuse. La Constitution interdit les séparations fondées sur le sytème des castes, mais elles jouent encore un rôle majeur. Le statut inférieur des femmes est toujours présent au travers des mauvais traitements qu'elles subissent. Le racisme hindou vis-à-vis de la minorité musulmane s'est exacerbé, soutenu par le régime actuel. Il va falloir soutenir nos soeurs et frères LGBT en Inde, car leur combat va continuer.


Des sculptures inscrites au Patrimoine mondial de l'Unesco.

Ce ne sont pas les Indiens dits évolués, ces génies de l'informatique, du marketing ou de la contrefaçon qui vont soutenir celles et ceux qui auraient besoin de leur appui. Ils sont comme tous les groupes qui montent rapidement dans l'échelle sociale: trop aveuglés par leur nouveau pouvoir financier pour militer en faveur de l'égalité. Des petits groupes de femmes et d'hommes le font, mais leur action ne dépasse pas le niveau local de ce pays gigantesque.



Miniatures indiennes.


La colonisation britannique a effacé le souvenir d'une sexualité ouverte en Inde. Avec son mépris condescendant envers les civilisations non chrétiennes, elle a tout écrasé. Avant le pillage occidental des valeurs culturelles et des ressources en Asie, Afrique et Amérique, nord et sud, il n'y avait pas de standard intercontinental en matière de sexualités. Les relations érotiques entre mecs étaient admises dans de nombreuses cultures, pourvu que l'un des partenaires adopte une attitude féminine. Et certains Grecs, Arabes ou Samouraïs (du Japon) considéraient que l'épouse était pour le foyer, le jeune homme pour l'amour et l'érotisme. Rien de tout cela ne mettait en péril l'hégémonie sociale de ce qu'on a appelé plus tard la normalité. Les putains de salopards de colonisateurs ont encore beaucoup de crimes à expier.

André





5 commentaires:

Sixpence Notthewiser a dit…

Totally agree with you. The imposition of western christian ideology on so many colonized territories brought that stupid canon that tried to erase eroticism between males and penalized any sexual contact between people of the same sex with jail and even death. The Christofascists are everywhere, but little by little they see their outdated dogma being struck down.
xoxo

Xersex a dit…

C'est bien vrai que c'est une relique de la législation britannique du XIXe siècle.
enfin c'est fini!

Anonyme a dit…

Combien de pays pénalisent encore l'homosexualité ?

André a dit…

Anonyme !

Si je ne fais erreur, on recense encore 71 pays où le rapport homosexuel est un crime. Dans 8 d'entre eux, il est même passible de la peine de mort.

david jean félix a dit…

Le puritanisme anglican et ses ravages