dimanche 18 novembre 2018

Des jours entiers dans les arbres si c'est pour muscler vos fesses












L'intelligence collective et individuelle des arbres fait l'objet de plusieurs ouvrages accessibles à des lecteurs non spécialisés. Nous apprenons que ces êtres branchus sont doués d'un comportement social et d'une forme de mémoire. Mon arbre préféré réside dans un parc proche de chez moi. D'une rugosité altière et virile, il possède aussi une perception très fine de qui je suis. Soit un gars qui a dû s'adapter dès l'enfance à une société rigoriste, pleine de jugements envers ceux qui pensaient et aimaient différemment. Cette société a été obligée d'évoluer contre son gré et elle nous en veut encore aujourd'hui. Néanmoins, le monde pour lequel je me suis battu, en compagnie de quelques camarades, a ouvert les yeux et modifié les lois, comme il l'a fait envers les femmes, d'autres minorités, et envers les moeurs, les couleurs politiques et les religions envahissantes.



Et mon arbre ami, quel est son rôle dans cette histoire ? Il y a longtemps qu'il observe l'humanité et perçoit à sa manière les changements dans l'air du temps. Il enregistre les vibrations, probablement. Et, comme il perçoit aussi celles que je dégage, il peut me communiquer sa vision des situations qui me troublent. Je ne lui parle pas, je me présente à lui à une distance respectueuse. Il ne parle pas non plus. Simplement, il infléchit mes pensées dans une direction qui me permet d'y voir plus clair. Il possède deux troncs d'inégal pourtour qui se séparent en V non loin du sol et montent très haut, harmonieusement. Sa dualité symbolise parfaitement la coexistence des visages que je devais montrer durant l'enfance et l'adolescence pour survivre dans un milieu religieux intégriste alors que je doutais de la véracité de ses enseignements et préceptes; alors aussi que je m'efforçais d'échapper à ses velléités de me "guérir" à tout prix de mon orientation amoureuse et sexuelle.




Mon arbre me comprend et il me reprend quand me manque le courage de m'affirmer encore plus, lorsque je suis fatigué de lutter. La dualité de ses troncs me conduit aussi quand j'hésite à entreprendre une nouvelle recherche, à suivre encore des séminaires, à donner plus d'importance à telle ou telle part de mes activités. Passer plus de temps autour du blogue, ou plus penché sur d'autres textes ? Il me comprend et me soutient dans la prise de décision. Il me console lorsque je me sens seul, peu épaulé, découragé. Avec beaucoup de discrétion. Celle qu'il plonge dans ses racines.





Étant donné ce que j'ai découvert en m'arrêtant pour méditer sous ses branchages, j'aimerais vous recommander de ne pas serrer un arbre inconnu dans vos bras. Les plantes sont comme nous, étouffées lorsqu'un quidam se jette sur elle. Vous marchez dans la rue et un inconnu vous arrête pour vous embrasser avec ferveur, se presser contre vous sans vous adresser la parole... Je n'ai jamais enserré les deux troncs qui m'écoutent; juste caressé une fois ou l'autre, du bout des doigts, ses nobles écorces qui me rendent presque amoureux. Mon arbre est hétéro; il me comprend. Mais je ne veux pas le mettre mal à l'aise. Je respecte sa vie privée, les relations qu'il cultive avec ses voisines et voisins.

André


















2 commentaires:

Xersex a dit…

beaux hommes dans la nature!

Anonyme a dit…

Dans la forêt, il y a des tiques qui transmettent la maladie de Lyme.