samedi 1 février 2020

Père et fils : une relation sacrée (ou parfois empoisonnée)




L'amour et la tendresse entre un père et son fils sont souvent exprimés avec retenue. Ainsi le veut l'éducation des mâles. Cette affection peut être dévorante chez le tout petit bonhomme jusqu'à ce que la famille ou la société lui signifie de se retenir. Dommage ! Quant au père, il arrive qu'il confonde pudeur des sentiments avec pudibonderie. Avant l'installation des salles de bain dans chaque logement, la nudité intergénérationnelle ne posait aucun problème. Dans notre société plus individualiste, les gars ont tendance à cacher leur nudité même dans les vestiaires, ce qui est ridicule.





Le partage de la douche, par exemple le dimanche matin, entre père et fils constitue un élément important de leur développement -- oui, aussi celui du père ! Pour l'enfant puis l'adolescent, la présence physique à la fois tendre, rugueuse et protectrice de l'aîné, ses mouvements, son odeur et la sensualité qui émane de ce corps adulte sont une source d'enseignement non verbal. L'un comme l'autre, ces deux corps changent à un rythme différent. L'un s'allonge, l'autre épaissit, l'un pose des questions sur l'apparition des signes sexuels, l'autre retrouve des souvenirs; cet échange n'a pas de limite. Curieux, le petit garçon veut toucher et il découvre qu'un jour, son corps ressemblera à celui de son père. Des années plus tard, s'ils en ont l'occasion, le fils adulte prendra connaissance de son évolution probable dans un corps plus âgé, très âgé...




La figure paternelle est un élément fondamental du développement du petit gars. L'échange qui se construit au fur et à mesure des années fortifie ou détruit les bienfaits de la transmission d'une génération à la suivante. Malheur au petit garçon qui ne trouve pas d'écho à l'amour dévorant qu'il éprouve envers son père et dont il a besoin en retour; il va multiplier les tentatives d'approche jusqu'à ce qu'il comprenne que le courant ne passe pas. Toute sa vie en sera marquée à moins qu'il ne rencontre un père de substitution. C'est peut-être une explication de la recherche d'un daddy chez certains gays.






Les frères Messoudi: tel père, tels fils.



On le dit: les pères devraient se souvenir qu'un jour leur fils suivra leur exemple, pas leurs conseils.




On dit aussi que lorsqu'un homme comprend enfin que son père avait raison, il a un fils qui est persuadé que son papa se trompe.






La langue française est lacunaire. Un petit gars qui observe son père sortant du lit le matin pour aller pisser, la bite dressée, que voit-il ? Le conduit urinaire dont est muni chaque mâle, et cela dans une position qui va empêcher papa de se soulager immédiatement. Il apprendra plus tard qu'il s'agit de la dernière des tumescences péniennes nocturnes automatiques, un fonctionnement d'entretien sans rapport avec un rêve sexuel. Et pourtant on appelle cet organe le "sexe"... On utilise le même mot pour parler d'un acte partagé entre deux personnes, qu'elles s'y lancent par amour ou par simple concupiscence. Le "sexe" c'est encore ce qui distingue les femmes des hommes sur une pièce d'identité. Pauvreté de la langue française !



Et que sera le premier usage que fera le garçon de sa bite devenue "sexe": il se branlera. Préparation en vue des activités ultérieures: pénétration, masturbation pour le plaisir en solo (voire à quatre mains), sinon friction express en cas de nervosité. Le "sexe" du jeune mec, son service trois-pièces compte aussi les testicules productrices de spermatozoïdes et des hormones mâles. Sans l'aide d'un père ou d'un grand-frère bienveillant, le garçon aura de la peine à s'y retrouver dans ce labyrinthe où le mot "sexe" signifie tout et n'importe quoi. Et, comment saura-t-il si il a "fait" l'amour ou "baisé", deux tournures sans poésie pour exprimer les délices d'un moment ineffable: sa première passion ?

André


PS Il existe des pères et leurs fils qui, semble-t-il, dépassent ensemble les limites de l'intimité recommandées dans la tradition familiale. Mais ce n'est pas à nous d'en juger...









8 commentaires:

Xersex a dit…

Très interessant!

toute une gamme de porno est dédiée à l'inceste. J'ai lu des témoignages de pères et de fils adolescents et adultes qui ont couché ensemble et qui ne se sentaient absolument pas coupables. S'il n'y a pas de contrainte ou de violence, pourquoi pas?

David Jean-Félix a dit…

La relation père-fils est sujet que les gays n'abordent pas souvent. Le nombre de video porno sur cette thématique pourrait faire l'objet d'une thèse.

André a dit…

David, à toi d'entreprendre cette thèse !

Je te donne une première information. Sur mon blogue, le sujet des relations entre pères et fils, non pornos, non sexuelles même s'il s'agit d'éducation ou plutôt de transmission, attire le plus de visiteurs. Des centaines de milliers, tant dans les sujets récents que les archives. Je suis persuadé qu'il s'agit d'un grand manque pour les gars de ma génération et des suivantes, hétéros et gays. J'espère que la communication passe mieux aujourd'hui.

clodoweg a dit…

"Cacher sa nudité dans les vestiaires…"
Ouais… même dans les vestiaires du sauna, pour, ensuite...

Pedro a dit…

Bravo!

Unknown a dit…

Sujet passionnant ! Trop de censure malheureusement

Lo a dit…

Je peux en témoigner mon père m a appris à dormir nu à vivre nu et à ne pas avoir honte de mon corps comparé au sien
Lui très musclé et fin et moi enrobé
Nous n avons jamais eu de rapport néanmoins on dormait ensemble quand on allé en vacances on partagé le même lit donc on a vus nos erections et il m a appris à me branler.
Avec le recul j aurai aimé que moi ou lui passions à l acte pour m apprendre des choses
S est un grand regret

Lo a dit…

Exact très peu de témoignage et tabou