lundi 28 février 2022

Comment la médecine chinoise renforce l'énergie sexuelle mâle











En voyageant à travers le monde, mon corps et mon âme ont bénéficié d'expériences qui ont développé ma spécificité d'homme ouvertement gay. Au milieu de l'été 1966, j'ai été témoin de l'apparition subite et violente des jeunes Gardes rouges de Mao dans les rues de Pékin. L'année suivante à San Francisco, j'ai vu les premières manifestations du mouvement hippie. En 1968, c'est la jeunesse européenne qui a fait évoluer nos moeurs, y compris celles du futur mouvement LGBT+. Oui, la planète a été chamboulée ! ! Et la nuit que j'ai passée dans un établissment de bain à Hong Kong en 1966 a bouleversé ma conception du massage.




J'imaginais entrer dans un sauna pas cher, hors du quartier des salons de massage hétéros. Et voilà: on m'installe dans une cabine de la dimension d'un lit. On emporte mes vêtements puis on m'amène au bord d'une piscine où un jeune chinois complètement nu me savonne sous la douche, s'assied au bord de l'eau et m'étend sur ses genoux pour me masser recto et verso. Je retiens mon érection car ce n'est pas le but de l'exercice. Puis on me ramène à la cabine où un autre homme me masse très profondément -- aïe! -- de la tête aux pieds, puis marche sur mon dos selon les préceptes traditionels chinois. Vanné, je m'endors. On me réveille à l'aube avec un café et mes habits lavés, repassés... Mon prochain massage en Chine sera en 1996 à Pékin. Dans le sauna crado d'un hôtel, administré par un virtuose. Ah, si seulement la Chine actuelle pouvait connaître cet esprit de fraternité !






En 1970, parallèlement au journalisme, j'exerce le métier d'escort -- accompagnateur de touristes pour une agence de voyage de Chicago. Le périple de mes 25 participants va durer 80 jours, de San Francisco à Athènes. Au Cachemire, nous logeons dans des house boats sur un lac. Un coiffeur ramant dans son étroit canot s'approche de notre bateau amarré et propose ses services. Mes Amerloques refusent. Par pitié, je lui propose de me tailler tête et barbe. Je m'installe en slip dans la baignoire parce qu'il n'a pas de quoi rassembler les poils. Puis il suggère un massage.




Je m'étends à poil sur le lit. Son art est différent de celui du chinois. Caresses appuyées qui étendent l'énergie au corps entier au lieu de traiter en particulier des organes tels que les reins, le foie ainsi que les points d'acupuncture. Le vieil homme n'esquive ni le pénis ni les testicules qu'il étire délicatement sans me faire bander. En me rhabillant, je lui demande pourquoi. Il répond: "strong cock" c'est pour la vigueur de la bite. Cette expérience restera dans mon coeur comme si, bébé, j'avais été tenu dans les bras de mon grand-père. Le massage du nourrisson est une pratique maternelle en Inde.






Plus tard, lors d'un stage de massage taoïste érotique dirigé par Joseph Kramer (Américain qui a quitté l'ordre des Jésuites avant l'ordination), j'ai appris l'art de la rétention du sperme. À tour de rôle, chaque participant occupe le poste du patient et s'étend pour recevoir les soins de trois autres gars. L'un prend soin de sa bite, alternant des mouvements masturbatoires spécifiques pour amener l'organe au maximum de sa tension alors que le récipiendaire respire calmement. Les deux autres gars, l'un posté près du thorax, l'autres près des jambes, accompagnent l'énergie sexuelle jusqu'aux extrémités du corps. Cela dure aussi longtemps que possible. Lorsque l'orgasme lui devient inévitable, le gars élève son bas-ventre comme un pont, contracte ses muscles, retient son souffle puis envoie le jus au ciel en l'accompagnant d'un hurlement sublime.






Au début de la crise du sida, cette technique a été utilisée pour permettre aux hommes d'échanger des rapports sexuels de valeur avec leurs partenaires, sans crainte, ni latex. Oui, c'était mieux qu'un port du masque sur les parties génitales et l'on pouvait se regarder droit dans les yeux... Quand on pense aux tracas qu'ont causés les opposants au vaccin, ces deux dernières années, alors qu'au début du sida, tous les gars contaminés étaient des condamnés à mort !


Selon la médecine chinoise, l'énergie sexuelle est conservée dans les reins et mise en mouvement par le foie. En général, les problèmes d'impuissance, les déficiences en matière d'érection, d'éjaculation ou de fertilité, etc. trouvent leur origine dans l'un de ces organes, ou les deux. Et d'où vient leur faiblesse ? D'une nourriture malsaine, d'un manque d'exercice physique, du stress, de crises émotionnelles. États qu'un régime plus proche du végétarisme et une énergie tempérée par la méditation (ou d'autres méthodes) pourront corriger.

André 









Dans cette vidéo consacrée à l'énergie sexuelle des mâles, Eric Delafontaine praticien de médecine chinoise explique ce qui peut perturber le fonctionnement de nos organes et comment y remédier. L'animatrice est bavarde, mais il ne faut pas y faire attention tant le message du praticien est précieux.


















lundi 21 février 2022

La photographie a soutenu la cause gay depuis la fin du 19e siècle




L'un des premiers Tarzan.



L'inventeur Nicéphore Niépce a réalisé la première phototgraphie en 1827. Son procédé dit argentique est demeuré la base jusqu'à la fin du XXe siècle. Puis nous avons passé au numérique. Dès le milieu du XIXe siècle, la médecine et les arts ont utilisé ce nouveau sytème pour étudier le corps humain avec plus de précision. Et la chronophotographie d'Eadweard Muybridge (1830-1904) a permis d'analyser les mouvements que notre oeil n'arrivait pas à décomposer avec exactitude. Ces photos étaient considérées comme des objets d'étude; elles n'étaient pas destinées au grand public.


Étude de la locomotion humaine par Eadweard Muybridge.




Au fur et à mesure que la qualité des tirages photographiques est devenue plus précise, elle a permis d'en étendre l'usage au portrait, aux photos de groupes, aux paysages. Puis à des réalisations artististiques voire érotiques, sinon franchement coquines. À la moitié du siècle, en plus des tirages de nus, les vues stéréoscopiques pornographiques ont ravi la clientèle malgré la censure.










Qu'en était-il du nu masculin ? Peu à peu, des gars talentueux se sont spécialisés dans ce domaine, photographiant leurs modèles dans des styles esthétisants inspirés de l'antiquité grecque ou romaine. Cela afin d'éviter si possible les polémiques avec les homophobes et les censeurs. Puis ils ont adopté une présentation plus sportive et musclée, en plein air, encore avec la même circonspection. Les figurants -- amateurs ou professionnels -- ne semblaient pas s'engager dans un rapport sexuel; ils jouaient aux bons copains... La concurrence du porno s'est installée plus tard.














Ci-dessus, trois photos du grand acteur américain Burt Lancaster (1913-1949). Il a débuté dans le monde du spectacle en tant qu'acrobate de cirque. Puis, au cinéma, il a incarné d'abord des durs au coeur tendre, cow-boy ou gangster, puis a évolué vers des films plus complexes. En Italie, il a tenu le rôle principal dans Le Guépard (Il Gattopardo) de Luchino Visconti en 1963. Avec Claudia Cardinale et Alain Delon. Un film prodigieux sur le déclin de l'aristocratie sicilienne. Également avec Visconti en 1975 dans Violence et passion, auprès de Silvana Mangano (mon actrice italienne préférée) et Helmut Berger; il a été ce vieux professeur qui se lie d'amitié avec un jeune prostitué. Dans son pays, Lancaster a soutenu notamment le Mouvement des droits civiques. En 1985, il a participé au combat contre le sida, ému par la mort de son ami Rock Hudson.

 










Né à Antibes (1931), Jean Ferrero qui photographiait ses copains sportifs en amateur est devenu célèbre lorsque des magazines américains lui ont demandé de les déshabiller. Le succès l'a amené à approfondir son art et à choisir ses modèles parmi des athlètes pas trop musculeux, plus "européens". Puis il s'est mis à prendre des portraits de grands artistes comme Picasso ou César. Si je suis bien renseigné, Ferrero est l'un des rares photographes célèbres de la branche à ne pas produire du beefcake.








Revenons à l'époque des premiers photographes de talent qui ont fait connaître notre représentation du corps mâle au monde occidental. Parallèlement ils ont libéré beaucoup d'homosexuels en leur montrant qu'ils n'étaient pas seuls à préférer l'amour au masculin pluriel. Le nu couillu a émergé avec des gars comme le baron Wilhelm von Gloeden, né en Prusse orientale (1856) et mort à Taormina (1931). Dans sa jeunesse, ce noble pédéraste a quitté sa patrie pour s'installer en Sicile afin de soigner sa tuberculose et de pouvoir vivre librement son orientation sexuelle. En prime, il a découvert son talent d'artiste dans ce village ignoré des touristes. Avec l'un de ses parents éloignés, Wilhelm von Plüschow qui résidait à Naples, il a développé sa vision d'une nouvelle Arcadie dans ce qu'il appelait, en français, des "Tableaux vivants". 

 





La renommée de Wilhelm von Gloeden dans le monde des élites homosexuelles de l'époque a rejailli sur Taormina. Elle est devenue l'un de ces lieux où il fallait avoir séjourné. Des écrivains -- citons Oscar Wilde et Gabriele d'Annunzio -- des acteurs, des peintres et d'autres célébrités venaient admirer l'amphithéâtre grec datant du IIIe siècle avant notre ère, avec vue sur l'Etna qui domine à 3350m. d'altitude. 

 





Lorsque je me suis rendu à Taormina, jeune stagiaire rédacteur dans un quotidien, c'était pour soigner mon allergie au papier (cocasse pour un journaliste...) qui provoquait des crises de toux inextinguibles. C'était en février au début des années 1960; je logeais dans un petit hôtel en bord de mer. Le soir, la patronne allumait un feu au salon pour ses quatre ou cinq clients tous aussi célibataires que moi. Elle nous parlait des hôtes anglais ou français célèbres qui nous avaient précédés. Parmi eux André Gide qu'elle décrivait comme un homme réservé pour lequel l'âme humaine n'avait pas de secret, le contraire d'un Sicilien, affirmait-elle.

André.







Ci-dessous, une photo pornographique mettant en scène un capucin. Elle date des années 1890. Preuve, me semble-t-il, que l'on soupçonnait déjà ce que l'Église cherchait à cacher.