dimanche 14 août 2022

La variole du singe va occasionner des "coming out" forcés





Dans une conversation entre mecs, on peut prononcer les mots les plus grossiers, déverser les plus orduriers sans choquer, c'est une preuve de virilité. Néanmoins, un terme demeure hors limite, imprononçable: abstinence. L'abstinence, c'est se priver d'un verre de vin parce qu'on est alcoolique, renoncer à la chair animale parce qu'on est végétarien et à la chair humaine parce qu'on est un ecclésiastique. Cher humain masculin, je comprends ton calvaire chaque fois qu'on t'encourage à demeurer chaste en présence d'un nouveau virus. Tu es plein de bonnes intentions, comme un curé auquel on ordonne de se châtrer spirituellement. Mais le bout dur reprend bientôt le dessus.






Cette bougre de variole du singe nous presse d'entrer en abstinence tant qu'un vaccin performant ne sera pas à disposition. De ne tenir dans nos bras que des partenaires sûrs. Grâce au covid, on sait ce que cela signifie. Patienter le temps nécessaire pour vérifier avant d'agir, puis patienter de nouveau avant de réitérer. De plus, cette épidémie ayant été véhiculée par "des hommes qui ont des relations sexuelles avec des hommes" il faut vaillamment supporter la stigmatisation avant que la maladie ne frappe les gens qui se croient à l'abri. En Afrique, elle affecte aussi les enfants.

 



J'avais passé 40 ans lorsque l'épidémie du sida s'est abattue sur nous. Au début, on ne savait pas comment le HIV se propageait. Nous passions tous pour des pestiférés. Les hétéros nous tenaient à distance. Puis, grâce à des campagnes d'information apaisantes, le public est devenu bienveillant, les familles qui ne visitaient pas leurs fils à l'hôpital sont venues sur la pointe des pieds... prendre congé de lui. Au début, ils mourraient tous. La nouvelle variole est beaucoup moins dangereuse, mais plus perfide. Car, bien que n'étant pas ce que l'on nomme une "infection sexuellement transmissible", elle s'attrape surtout au cours de contacts physiques.






Attention ! On a déjà répertorié des victimes féminines. Vous imaginez l'embarras d'une femme défigurée par des ganglions lymphatiques. Et chez ces hommes qui passent pour hétéros, mais fricotent parfois avec des mecs, les ganglions au museau ce sera la fin de leur couverture vis-à-vis de l'épouse, des enfants, de leurs coreligionaires, leur employeur, leurs copains de sport... Parce qu'ils n'auront pas su se retenir à temps, pas pu se faire vacciner, pas osé informer leurs contacts ni consulter leur médecin. Où pourront-ils se cacher en attendant la guérison ? Prendre l'avion pour fuir: pas possible, les autres passagers les expulseront avant le départ.



Tandis que le nouveaux virus continue à occasionner douleurs et embarras, ses prédécesseurs poursuivent leur carrière et d'autres fourbissent leurs armes. Beaucoup de colère et de larmes dans l'air en cette fin d'été ! Alors qu'on espérait oublier les tracas des deux dernières années. En même temps, une guerre imprévue étend ses dégâts... Qu'est-ce qu'un vieux loup comme moi peut en tirer ? J'ai connu la deuxième guerre mondiale à l'abri d'un pays neutre; comme beaucoup de mes contemporains, j'ai soigné et enterré des victimes du sida; ma demi-soeur et mon demi-frère qui ont été tués par leur mère m'ont toujours manqué, même avant que je connaisse leur existence; mon premier grand amour a été tabassé à mort; le deuxième a été terrassé par un cancer...






La mort des autres nous apprend à vivre et à ne pas craindre le grand voyage vers un autre monde. Le rejet que subissent tant de personnes LJBTQ+ nous mène au désespoir ou à l'espoir que les circonstances changeront. Je n'ai jamais douté de la légitimité de mon orientation sexuelle, même si mon entourage a supplié Dieu et ses comparses de me guérir. Ce Dieu-là, ou un Plus Éclairé, m'a prédestiné à d'autres tâches plus passionnantes et pertinentes. Avec beaucoup d'autres gars à travers le monde, j'ai participé aux campagnes de libération des gays, jusqu'à ce que la société nous considère comme des êtres égaux. Il en a fallu du temps ! Mais je n'imaginais pas, dans les années 1970, que j'aurais de mon vivant la possibilité de me marier. Lorsqu'on en parlait, je disais: "Oui j'épouserai une vache, et elle aura plein de cornes tellement je la tromperai avec des mecs !"

André





La main, parfaite partenaire...


À quand le vaccin libérateur ?






Danger, même sans pénétration.


Danger de contact humide.



Danger de contact peau à peau.











2 commentaires:

François, mais pas pape a dit…

Le virus qui selon la presse affecte "les hommes qui ont des relations sexuelles avec des hommes" est, comme tu le déclares, André, beaucoup plus tolérant et pas du tout hétérophobe. On signale que des femmes sont infectées, probablement pas par des gays... Et maintenant c'est un lévrier qui a choppé le virus de ses maîtres, à Paris.
Quant à vous, les Suisses, je lis que dans votre pays, les gays sont en colère contre leurs autorités fédérales qui n'ont pas encore autorisé l'usage du vaccin.

Xersex a dit…

abstinence ou fidélité, pour ceux qui ont un petit ami/mari/partenaire.