jeudi 25 septembre 2008

Les identités qui fâchent: Rachida Dati, un pédé comme les autres




Un blogue dans l'air du temps fait son apparition sur le site de Libération, il est intitulé Observatoire de l'hétérosexualité. On se dépêche d'étudier cette inclination. Car, avec la métrosexualité, l'intersexualité, l'asexualité, l'homosexualité, la bisexualité et toutes les autres, la zone de chalandise des femmes et des hommes qui se considèrent hétéros et rien-que-ça ["normaux", disent-ils] rétrécit. Louis-George Tin, l'auteur du blogue, pose la question: quelles sont les causes de l'hétérosexualité? Et dans un texte du 20 septembre, il démontre que Rachida Dati (Garde des sceaux, ministre française de la justice et maire du 7e arrondissement de Paris) est victime de l'hétérosexisme.

Née en France (1965) d'un père marocain (maçon) et d'une mère algérienne, dans une famille nombreuse, Mme Dati est la première personne issue de l'immigration maghrébine à accéder à une telle responsabilité gouvernementale. On dit que ses études n'ont pas été brillantes. Moi, j'admire sa capacité à s'intégrer aussi bien dans le milieu très privilégié et fermé
elle évolue aujourd'hui, sans avoir bénéficié du dressage que l'élite fait subir à ses enfants. Bien sûr, elle commet quelques gaffes, elle n'est pas des plus compétentes; mais les hommes en face d'elle, tous des cracks? Et puis, elle est célibataire, actuellement enceinte sans que l'on connaisse le nom du géniteur. Mariée, elle le fut à l'âge de 27 ans, cédant admet-elle à la pression de son entourage. [A 27 ans, encore vulnérable?] "Je me dis qu'après tout, être mariée me donnera un statut." Elle se sépare rapidement de son mari et obtient l'annulation. Commentaire de l'Observatoire de l'hétérosexualité:

Rachida Dati est donc cette femme étonnante qui accepte le mariage, mais repousse le mari, qui devient mère sans dire qui est le père. Or, en tant que femme publique, à la tête d’un ministère aux fonctions régaliennes, elle exerce son autorité de manière brutale, c’est-à-dire masculine, tout en jouant dans les revues people sur une féminité exacerbée par les apprêts de Christian Dior, de Chanel ou de Prada. Une femme, très femme, qui agit comme un homme, qui accepte les hommes et semble les refuser. En ce sens, on le voit bien, elle ne cesse de déroger aux règles assignées aux personnes de son genre, qu’on s’en réjouisse ou qu’on s’en plaigne…

J'y vois un parallèle avec la carrière et la vie privée des hommes homosexuels qui épousent une femme (consentante ou ignorante) pour faciliter, pensent-ils, leur promotion dans la société. C'était compréhensible (mais injustifiable) dans le passé. Aujourd'hui en Occident, des types remarquables et remarqués montrent que l'on peut s'imposer en politique sans craindre plus l'hétérosexisme (l'homophobie) que les autres attaques habituelles des adversaires.

La carrière politique d'une femme est encore semée d'embûches et Rachida Dati
collectionne les difficultés: elle a succombé aux chants de la sirène Sarko [à 43 ans, encore vulnérable!] qui a fait joujou avec sa promotion comme avec celles de Rama Yade et Fadela Amara. Elle reste femme [et les femmes demandent ce qui semble encore bien pénible aux hommes: le droit à l'égalité de traitement -- elles doivent elles aussi modifier certaines attitudes]. Même Française, elle ne pourra jamais faire oublier ses origines dans un système de pouvoir qui subordonne le Français [ou le Suisse] de première génération au citoyen de souche, le féminin au masculin, l'homo à l'hétéro, le célibat à la conjugalité, le col bleu au col blanc.

En fait j'ai tort: Rachida Dati n'est pas un pédé comme les autres. Elle n'a même pas la possibilité de se cacher au fond du placard pour prendre des forces. Dans sa situation, toutes les "tares" sont visibles. Comme disait l'autre: "Personne n'est parfait!"

|| Ulysse

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