Un peuple se défait de ses colonisateurs; des jeunes descendent dans la rue un joli mois de mai pour changer le monde et s'émanciper sexuellement; des femmes jettent le soutien-gorge et leur sujétion aux orties. Le besoin de libération est partout, même dans les petites ou grosses culottes. En anglais, on appelle les femmes qui veulent s'en débarrasser des freebuffers -- voyez Sharon Stone dans Basic Instinct et le mouvement du Jeudi sans slip. Les Américains qui se dispensent de porter slip et caleçon durant la journée se nomment entre eux les freeballers, ils vivent les boules en liberté; les Anglais nomment cela aller commando. C'est le mouvement de libération du pacson que les Écossais n'ont pas attendu pour laisser souffler le vent sous leur kilt.
Des deux côtés de l'Atlantique, l'usage est accrédité par l'armée. Lorsqu'il faut réduire le barda, on élimine d'abord les sous-vêtements. Et dans la jungle, n'en pas porter augmente la ventilation de l'entre-jambe, diminue les risques d'infections (mycoses, etc.). Cela réduit aussi le temps de défécation au combat. En cas de feu, même sous un uniforme ignifugé, les sous-vêtements comportant des fibres synthétiques risquent de fondre à la chaleur.
C'est l'aspect technique justifiant le sans-rien-dessous... Aux temps anciens, on ignorait le port du sous-vêtement (sauf pour lutter contre le froid); la toge romaine, la djellaba, le sarong se portaient avec ou sans moule-burnes. Et jusqu'au milieu du siècle dernier, la classe ouvrière n'avait pas les moyens financiers de se procurer le calcif ni le marcel. En hiver, les hommes portaient le même caleçon long jour et nuit. Puis ces pièces de vêtement sont devenues pour ainsi dire obligatoires jusqu'à l'avènement du chauffage central. Désormais, avec les moyens d'hygiène et de lessive actuels, chacun fait comme il lui plaît. Ou presque...
Certains ont besoin de justifications pour oser. Les femmes laissent entendre que le soutien-gorge pourrait avoir un lien avec le cancer du sein. Elles soulignent combien c'est plaisant de ne pas montrer de marques de slip sous la jupe ou le pantalon. Et on est d'accord: la petite culotte de dentelles en synthétique ne se justifie que lorsqu'elles la mettent le soir pour l'enlever aussitôt après... Les mâles jettent le caleçon pour d'autres motifs que la séduction. Ils veulent d'abord honorer leur part sauvage, reconquérir un espace de liberté, même si cela demeure une satisfaction secrète (avec des signes plus ou moins visibles). Sur les forums de discussion dans lesquels les gars s'encouragent mutuellement -- en recherchant ce male bonding, ce soutien et lien affectif si nécessaire entre mecs -- à passer du week-end couilles libres à la semaine entière. Oui: au travail, le soir à une réception, en visite médicale, dans le vestiaire de sport... Ils échangent des conseils et des trucs -- la cruauté sanglante des fermetures à glissière, la transparence des tissus --, décrivent les situations embarrassantes qu'on imagine. Certains n'ont jamais connu d'autre enfermement que les langes. D'autres se décident à l'adolescence, lorsque leur mère ne peut plus en faire façon. Ou passent du slip au caleçon pour choisir finalement la liberté. La majorité fait le saut à l'âge de raison, qui peut être de 29 ou 59 ans. C'est si difficile de devenir adulte...
Portrait de Jean-Baptiste Belley (en 1797), né au Sénégal, expédié et vendu comme esclave à Santo Domingo où il a pu acheter sa liberté. A été capitaine de police à Paris, mêlé à la révolution française, puis américaine. C'est visible: l'élégant portait à droite. Les hauts-de-chausses de l'époque étaient étroits et les tailleurs ménageaient plus d'espace dans l'un des canons, selon le choix du client.
-- Emprunté à Scribalterror, blogue de Gail Hapke.
-- Emprunté à Scribalterror, blogue de Gail Hapke.
Ulysse
Je mets rien dessous depuis quatre ou cinq ans et mes camarades de foot s'en sont aperçus. Par ces froids ils disent "fais gaffe aux écureuils quand tu vas courir dans la forêt, si jamais tes noix se réduisaient à des noisettes"... Je leur explique que les parties recoivent du sang chaud puisqu'elles sont proches du ventre. C'est les extrêmités, oreilles mains pieds, qui gèlent.
RépondreSupprimerBonne chance pour ton blog.
D'après mes observations dans les vestiaires de fitness, les jeunes et les hommes gays portent des boxers de marque, toujours impeccables. C'est plutôt les hétéros à partir de la trentaine qui ne mettent plus rien sous le pantalon ou alors n'importe quel vieux sous-vêt qui pendouille. Même des types en costard d'affaires.
RépondreSupprimerJe suis représentant en équipements de sport, c'est pour ça que je fais ces constatations.
Nous sommes toutes et tous nés nus et "à l'image de Dieu" (qui devait aussi avoir ses bad hair days... la barbe échevelée). Alors pourquoi se soucier des différentes couches de vêtements tant qu'ils sont chauds et plaisants à regarder? En été, je me promène sans panties avec une robe fleurie assez longue pour éviter les regards en coin. C'est la liberté!!!
RépondreSupprimerMerci Ulysse pour votre blog qui m'éclaire sur les hommes que j'aime et ne comprends pas toujours. Quand je voudrais en savoir plus, ils répondent "Ben..." Vous, en tant qu'homme gay ou bi, je présume sans vouloir vous offenser, vous êtes à la fois observateur et acteur. Je vous aime vous aussi!!!
Bienvenue AMÉLIE sur ce site des mecs qui prennent en main leur vie et veulent mieux comprendre leur entourage, mieux aimer leurs amis voire leur amant. Il faudra que je prenne mieux en compte les femmes qui veulent vraiment décoder leur homme, non pour le harceler mais piger ce qui compte.
RépondreSupprimerA part cela, plus on déchiffre, plus on respecte le mystère...
Cette obsession sur le génital, typique des gais, me fait honte quand c'est des hétéros.
RépondreSupprimerHé! courageux Anonyme, si ce que tu as dans le froc te fait honte, tu passe à côté de ce qui fait l'honneur et la modestie des hommes et ce qui nourrit nos passions, nos inventions, nos folies, ce qui cause nos échecs aussi. Je te plains sincèrement de vivre comme un eunuque.
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