mardi 25 août 2009
Liens forts entre mâles (1): l'exemple des singes muriquis
Un documentaire vu hier soir a attiré mon attention sur les relations pacifiées qu'entretiennent les mâles entre eux chez les singes muriquis. Cachés dans les forêts humides du Brésil, en voie de dispartiton comme leur milieu naturel, les muriquis vivent en petits groupes et se déplacent d'un arbre nourricier à un autre. Ils pèsent environ 15 kg, sautent de branches en branches dans des bonds pouvant atteindre 4 m et possèdent une queue préhensible de 70 cm en moyenne, cinquième membre (qu'on leur envie).
Les études sur les singes évolués révèlent qu'ils évaluent les avantages à tirer de l'usage de la violence par rapport à son coût. Chaque espèce tient compte de ses aptitudes et de ses ressources. Là où la taille des mâles dépasse celle des femelles, on observe en général une organisation de type patriarcal. Cas exceptionnel, on ne note pas de compétition entre les mâles muriquis, ni de domination de leur part sur les femelles. Alors, comment s'imposent-ils pour assurer leur propre descendance? Observez les volumineux testicules qu'ils ont obtenus grâce à la sélection naturelle [merci M. Darwin!]. C'est le sperme le plus abondant qui noie celui de la compétition.
Chez les muriquis, les femelles ont à peu près la même taille que les mâles; ils ne peuvent donc pas les dominer (d'où l'évolution de leurs testicules). Pour copuler, l'initiative revient aux unes et aux autres: elles se présentent ou ils vont les renifler. Et l'acte sexuel se prolonge, en public, sans que personne ne manifeste de l'agressivité. Les autres mecs attendent leur tour. L'attachement entre les mâles adultes est profond: ils passent deux-tiers de leur temps ensemble. Pas pour s'épouiller ou se branler; mais serrés les uns contre les autres, soit suspendus par la queue voire tête-bêche, soit se tenant la main ou le pied. Après ces enlacements, ils semblent calmes et rassurés. Ces liens affectifs qui bannissent (apparemment) l'agressivité compétitive leur permettent de se surveiller les uns les autres, surtout dans leurs rapports à la nourriture et aux femelles.
N'y aurait-il pas un exemple à tirer pour l'organisation des familles humaines actuelles? Elles subissent des décompositions et recompositions violentes sans que l'on se donne le temps de créer des liens entre les mâles des différentes portées. Ce serait pourtant un facteur de paix pour toutes les personnes concernées, les enfants d'abord.
Ulysse
Les familles recomposées, ouais. Ca n'aurait pas fonctionné entre mes différents "pères", ma mère savait pas les choisir. Ces singes me font penser au foot où les mecs s'enlacent violemment après chaque point gagné. Le public ne bronche pas. Mais il crie "pédé" dès qu'un joueur lui déplaît...
RépondreSupprimerCe qui restreint la violence dans les sociétés européennes du nord, ce n'est pas l'amour chrétien, mais le coût très élevé qui la rend peu efficiente. Les Américains ne font pas ce calcul.
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