Un article paru vendredi dernier dans le Papua New Guinea Post-Courier rapporte qu'un nouveau culte voué à la croissance de la banane, dans lequel les fidèles s'adonnent à des relations sexuelles en public, a été dénoncé dans la province de Morobe en Nouvelle-Guinée. Un villageois du hameau de Yamine (30 habitants) a promis à ses disciples que les bananiers produiraient dix fois plus de fruits chaque fois qu'ils niqueraient en plein air. Et les récalcitrants ont été menacés de violences s'ils ne participaient pas à l'office religieux. Le président de la cour du hameau qui se rebiffait a été enfermé. Il a pu fuir de nuit jusqu'à la prochaine bourgade (une marche de 12 heures) où on lui a promis des renforts policiers pour enquêter sur le scandale et arrêter le chef de la communauté. Des employés de la mine voisine se sont également plaints d'avoir vu passer des gens dans le plus simple appareil qui n'étaient nullement embarrassés par leur nudité.
Il n'y a pas longtemps, les habitants de cette région vaquaient encore à leurs occupations dans leur tenue traditionnelle: une ample jupe d'herbe pour les femmes, un fier étui pénien pour les hommes... Mais la civilisation leur a apporté ses bienfaits, avec le protestantisme luthérien en prime. L'instigateur de ce culte aurait déclaré à ses coreligionnaires qu'il fallait bien se débrouiller pour faire rentrer un peu d'argent par de meilleures récoltes puisque les autorités de la région les avaient complètement oubliés.
L'office religieux.
Cette liturgie du cul pour faire pousser les régimes de bananes (oh fantasmes!) rappelle les cultes du cargo qui étaient pratiqués dans la région (et dans presque toute la Mélanésie) au siècle dernier. Les habitants avaient observé les radio-opérateurs des troupes occupantes. Il leur suffisait, semblait-il, de passer commande à leur micro pour que les vivres et médicaments arrivent par bateau ou avion. C'est ainsi que les Papous se mirent à construire des imitations de postes émetteurs, d'avions ou de pistes d'atterrissage avec les matériaux locaux, et à prier les dieux d'exaucer leur voeux et d'envoyer le matériel par cargo. Ils ne pouvaient pas imaginer tout le système économique qui se cachait derrière les arrivages puisqu'ils ne voyaient jamais les soldats, les fonctionnaires ou les missionnaires étrangers travailler à la fabrication des produits.
Le gourou avait des papous dans la tête.
Aujourd'hui, les cultes du cargo évoluent. Les plus maîtrisés s'apparentent aux mouvements sociaux de résistance contre les influences étrangères... On peut rire, si l'on veut, du gourou aux bananes. Mais "l'Église" de Scientologie avec ses vedettes de cinéma [qui, dit-on, ne pourraient pas la quitter étant donné les dossiers qu'elle détient sur leurs moeurs privées]; mais les exorcistes qui vendent une psychanalyse complète en une séance; mais les Baptistes qui prétendent "guérir" les homosexuels de leur orientation bien ancrée; mais les Islamistes qui vendent 72 vierges au Paradis à ceux qui se font péter la cervelle dans une attaque-suicide; mais les spéculateurs qui confient leur fortune à Bernard Madoff, ancien maître nageur à Long Island, contre une promesse de 17% de profit annuel...Ulysse
"Notre Banane qui êtes aux cieux, que Votre nom soit béni, que Votre règne vienne..." Peut-on se moquer de ces sauvages alors qu'on mange le corps d'un dieu chaque dimanche et qu'on attend d'être enlevé au ciel pour y retrouver ses chers disparus?
RépondreSupprimerLes spéculateurs auraient dû le faire: danser à poil devant les banques et niquer jusqu'à ce que leurs bourses remontent.
RépondreSupprimerCurieux du phénomène culte du cargo, j'ai un peu cherché sur le net. J'ai découvert qu'on y fait aussi allusion en informatique lorsqu'une personne emprunte une partie de programme en copier-coller pour l'utiliser dans un autre contexte, sans rien comprendre à son fonctionnement, mais en espérant que cela marchera. C'est notre manière de faire fonctionner la pensée magique.
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