Les Suisses, patriotes ou nationalistes? Selon Romain Gary, "le patriotisme c'est l'amour des siens; le nationalisme c'est la haine des autres". Chacun choisit son camp. Derrière le patriotisme auquel j'adhère mollement, il y le Vaterland du latin pater (père) et la mère patrie -- les langues parlées dans ce pays expriment deux visions du sentiment familial qui nous rassemble autour de valeurs communes. Communauté que je ressens un peu plus lorsque je me trouve à l'étranger, confronté à d'autres coutumes.
Aux Etats-Unis, par exemple, la solidarité entre citoyens se manifeste de toute autre manière qu'en Europe de l'ouest. Couverture de santé inégale; jours de vacances restreints. Pour les moins privilégiés: salaires très bas, conditions de travail humiliantes; une armée qui en profite pour vous expédier au casse-pipe contre des avantages illusoires; une justice expéditive qui a la main lourde. En revanche, la solidarité à l'intérieur des communautés est exemplaire, les citoyens palliant par leur volontariat ce que nous considérons comme les déficiences de l'État. Notre solidarité se manifeste au travers des impôts que nous versons, la leur par le bénévolat; ce dernier est parfois teinté de religiosité ou de motivation politique -- ce qui peut être magnifique, mais restrictif s'il est causé par le prosélytisme -- pensez: soupe populaire à l'église ou campagne électorale.
"Qu'un sang impur abreuve..."
En revanche, l'amalgame Dieu - Patrie - Guerre sainte des Américains me fait gerber. Mais, avons-nous achevé la séparation de l'Église et de l'État en Suisse? Examinons la dernière strophe de l'hymne national:
Des grands monts vient le secours,
Suisse, espère en Dieu toujours!
Garde la foi des aïeux, Vis comme eux!
Sur l'autel de la patrie
Mets tes biens, ton coeur, ta vie!
C'est le trésor précieux [Ja, die fromme Seele ahnt,]
Que Dieu bénira des cieux... [Gott im hehren Vaterland...]
C'est inacceptable aujourd'hui pour une conscience déchristianisée ou affiliée à une autre religion. Mais il y a pire: "Aux armes, citoyens [...] Qu'un sang impur abreuve nos sillons."
Le truc de ce slip: une coquille frontale. Aussi criant que le secret bancaire!
Ulysse
Dieu dans les cieux, les hautes montagnes qui nous protègent, les banques et le rembourrage du slip: tout ça c'est du bluff. Ce peuple vit d'impostures, d'escroqueries et de fausse assurance. A force il se dupe lui-même, il croit à ses propres mensonges.
RépondreSupprimerTu l'as bien résumé, Bizzon. Je viens de voir la crête d'un feu d'artifice par la fenêtre. ARTIFICE. Pour célébrer la fondation de la Suisse. Dans le feu de bois qui suit traditionnellement les pétards, nous ferions bien de brûler quelques-uns de nos grigris et une partie de nos illusions, comme le faisaient les païens qui voulaient avoir accès au progrès, à la pudeur de la robe et du pantalon et, j'allais l'oublier, à la foi.
RépondreSupprimerOn pourrait aussi jeter au feu ou à la poubelle l'état-major de l'armée dont la connerie a été plutôt bien cachée jusqu'à maintenant grâce au fait que nous n'avons pas connu la guerre. Sinon, la Suisse n'existerait plus...
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