mardi 27 septembre 2011

Tauromachisme : l'affrontement inégal de deux paires de couilles

Sous la culotte, un caleçon long quasi transparent.

Ainsi donc, après les Canaries en 1991, la Catalogne deviendra la deuxième région d'Espagne à interdire la tauromachie à la fin de cette année. Dimanche, trois toreros de renom ont tué six taureaux dans l'arène de La Monumental à Barcelone. Matador de légende, José Tomas avait revêtu un habit noir et d'or en signe de deuil.

Matar signifie tuer. Mais quand il se lance sur l'animal pour donner le coup final en enfonçant l'épée, le matador entre dans une transe érotique qui transcende son oeuvre de tortionnaire en geste amoureux. Le sang coule et jamais, sauf en cas d'accident, ses couilles écrasées dans le pantalon n'auront frôlé d'aussi près les cornes puissantes de ces 500 kilos de muscles.

C'est à La Monumental que j'ai vu la seule corrida de ma vie, dans les années 1960. Il avait plu; les hommes et les animaux glissaient dangereusement dans le sable. Je craignais avant tout qu'un homme soit blessé; j'aurais été coresponsable d'un accident ou d'une mort humaine (comme je l'étais, à l'époque, du mauvais traitement des animaux de boucherie -- boeufs, moutons, cochons, poulets). Ce fut une corrida sans panache. Cela m'arrangeait, confirmant mon aversion pour ce genre de spectacle.

Que reste-t-il de ses amourettes?
Je comprends l'effroi que ressentent les défenseurs des animaux; mais ma sympathie (participation à la souffrance) se dirige d'abord du côté des acteurs humains, toreros et peones, parmi lesquels les plus machos m'enverraient certainement foutre. C'est dans leur éducation, dans leur sang de prendre des risques insensés. Et leur virilité exige justement qu'ils s'y exposent. Leur virilité qu'ils portent obligatoirement à gauche, côté coeur, dans la culotte serrée, sans aucune protection comme on peut le vérifier dans mon choix d'images.

La corne l'a transpercé sous le menton.
Soyons clairs: le fait que le métier de tueur, demande des couilles, ne rend pas cet acte admirable. D'ailleurs le véritable sang froid se mesure face à des dangers imprévisibles, exceptionnels. La corrida n'est pas un combat, c'est une mise en danger volontaire de l'homme et une douloureuse épreuve pour l'animal qui ne peut pas la comprendre. On dira que je fais preuve de sensiblerie -- pas étonnant de la part d'une pédale, n'est-ce-pas? Non! Pas sensiblerie, mais sensibilité, l'une des bases de notre humanité, de notre solidarité envers les êtres vivants avec qui nous partageons la vie et cette terre. Vous ne pourriez pas supporter de voir dépecer vivant un chien, alors pourquoi un taureau, pourquoi un torero?

André

2 commentaires:

  1. un merveilleux récit et une réflexion sur l’homme machos et la sensibilité refoulée du toréador pendant ce combat inégal. A ce demander pourquoi l’être humain (au moins un bon pourcentage) a besoin de voir du sang. Personnellement j’ai assisté une foi à la tauromachie dans les années soixante. Cela m’a suffit pour la vie entière.

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  2. A 15 ans, j'ai assisté à une corrida dans les arènes de Nîmes, j'ai trouvé ça abominable. Si tous les toréadors finissaient avec une corne de taureau dans le cul, ça leur passerait l'envie de parader dans la violence et le sang!!! Merci pour votre site, on y apprends beaucoup de choses, de la culture avec humour!

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