mardi 1 novembre 2011

Lutte turque à l'huile: gare aux mauvais coups et aux gays !


 Comme au waterpolo où l'on ne dénonce pas les adversaires qui vous ont broyé les joyeuses au fond du bassin, en lutte turque à l'huile, on s'abstient aussi de dénoncer celui qui plonge profond. Si l'arbitre n'a rien remarqué, on règle le différend entre hommes. On s'entoure de copains pour rencontrer le coupable dans un couloir désert. En Turquie, les règlements de compte sont violents, j'en sais quelque chose.

Ces joutes déchaînent les passions parce qu'elles mettent en scène des traditions ancestrales et la splendeur de l'agressivité mâle -- cultivée et glorifiée tout en étant surveillée de près par les instances qui répriment l'insoumission politique.

Des gays du monde entier rêvent de suivre ces fêtes. Sachez que: 1) vous ne serez pas du tout bienvenu si des spectateurs vous repèrent, particulièrement en groupe de voyage organisé; 2) cette lutte est plus émoustillante à contempler en photos gros plans et en vidéos qu'assis durant des heures à regarder un pré où s'affrontent plusieurs duos en même temps et durant 30 à 40 minutes, sinon plus. Certes, on peut imaginer devenir huileur pour se tenir près des combattants; mais il faudrait apprendre la langue (pas facile, j'ai essayé), se convertir à l'islam et se faire trancher le prépuce (s'il n'a pas encore connu le bistouri).

Un mélange d'huile et d'eau.
Le pantalon que le lutteur porte sans slip (aïe!) est taillé dans du buffle (13 kg); le liquide dont il s'enduit jusqu'à l'intérieur du froc est composé d'huile et d'eau. L'adresse et l'équilibre sont aussi importants que la force. Le but est de renverser l'adversaire sur le dos en passant la main sous sa ceinture et de maintenir sa tête au sol. La qualification se gagne soit au tomber, soit aux points. Musiciens et bonimenteurs enflamment le public.

Juniors au repos.
Les agressions et les meurtres d'homosexuels ou de transsexuels sont encore courants en Turquie. Il n'est pas rare qu'un membre de la famille soit chargé de tuer un fils ou un frère, comme cela se produit aussi pour une fille ou soeur qui a "déshonoré" le clan. Dans le passé, on n'hésitait pas à les enterrer vivants. La police et la justice interviennent sans hâte. Beaucoup de cas sont oubliés. Les gays étrangers ne sont pas traités avec plus d'attention. Il suffit que le meurtrier déclare qu'il a subi des avances pour s'en tirer avec une peine réduite, si jamais son cas vient à être jugé.

Les mâles de l'Anatolie paysanne ressemblent aux ours. Doux comme des agneaux lorsqu'on leur offre du miel; fiers; et inconscients de la force de leurs griffes.

André

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