lundi 12 mars 2012

L'exploitation et l'exhibition des lutteurs de foire au siècle dernier




Les sports dans lesquels les hommes développent tous leurs muscles, et pratiquent peu vêtus, attirent l'attention d'une frange de femmes, mais surtout de mâles, qui s'intéressent moins à la compétition qu'au compétiteur.

C'est dans les disciplines peu rémunératrices -- par exemple la lutte ou le bodybuilding (sauf exceptions) -- qu'elles/ils ont le plus de chance de satisfaire leurs besoins, indépendamment de l'orientation de leur proie. Demandez aujourd'hui aux plus célèbres ex-culturistes (réellement hétéros) comment ils ont financé leur coûteux entraînement -- coach, salle de gym, nourriture, "compléments" et petites attentions aux jurys. Il ne vous répondront pas. La marraine ou le parrain n'était ni une compagnie d'assurance, ni une montre de luxe, ni un café en capsules.





Championnat international de lutte, Casino de Paris (1902).




Combat de boxe photographié par Eadweard Muybridge dans les années 1870.

"Jacob luttant avec l'ange" par Léon
Bonnat (1855). La Bible raconte ce combat à la fin duquel l'être mystérieux déclare: "On ne t'appellera plus Jacob, mais Israël, car tu as été fort contre Dieu et contre les
hommes et tu l'as emporté". Parole prophétique qui dessine les lignes d'un destin maléfique et sans fin.
En lutte, les prises les plus dangereuses étaient pratiquées jusqu'au début du siècle dernier. Puis elles ont été abolies, sauf dans les combats clandestins qui attiraient les parieurs. La lutte est devenue un divertissement de foire. Les amateurs étaient invités à venir se mesurer aux hommes forts dans l'arène des cirques et des baraques foraines. Les lutteurs devaient enchaîner les spectacles malgré les blessures qui se produisaient même si les combats étaient truqués.
Les spectateurs mâles demandaient de l'émotion et de la violence. Les hommes forts étaient obligés de se donner à fond pour remplir la caisse, car ils étaient rémunérés au pourcentage des entrées. Entre deux spectacles, ils étaient exhibés sur une estrade devant les badauds, leurs muscles et et leurs blessures bien mis en évidence.


"Eugène de Paris", vers 1910.


Les lutteurs racontaient qu'ils étaient tellement cabossés que l'amour, et même la baise rudimentaire, ne les intéressaient plus; qu'à force d'être toujours dans le corps à corps le plus intime avec l'adversaire, sa transpiration et ses autres odeurs, toute leur sensualité était émoussée. Les plus recherchés -- pour leur musculature parfaite -- participaient à des séances photographiques privées devant un public de connaisseurs qui faisaient monter les enchères jusqu'à ce qu'ils laissent tomber la feuille de vigne.

André -- Photos empruntées pour la plupart à Fred's Museum.

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