mercredi 25 avril 2012

Père, fils et petit-fils : trois générations de mecs solides


La conversation se déroule dans le vestiaire, après le cours de yoga. C'est un homme à l'ossature lourde -- je le sais puisque nous avons fait un exercice à deux où l'on soutient le dos du partenaire pendant qu'il s'élève dans un arc à l'envers. Je lui demande ce qu'il va faire ce week-end. "Samedi nous irons skier, ma femme et moi; les enfants seront chez mes beaux-parents. Nous passerons dimanche entre hommes, mon fils et moi; les femmes seront occupées ailleurs." Le fils, six ans, est féru de construction. Il étalera un jeu au pied du bureau de papa. Ensemble, ils détermineront un projet et l'enfant s'y attellera pendant que le père triera ses facture. Le garçon sait qu'il peut déranger papa; mais pas trop souvent pour que l'aîné puisse terminer son travail le plus tôt possible. Le reste de la journée leur appartiendra.

Arc à l'envers.
Notre conversation prend un tour intéressant. Il était lui aussi un garçon actif et entreprenant, toujours en train de bricoler et de tester ses inventions explosives. Ce qui créait pas mal d'incidents, aussi avec les voisins ou les passants dans la rue qui voyaient atterrir d'étranges projectiles à leurs pieds.

Yoga à poil: hélas pas dans notre salle.
"Cela n'a jamais eu de répercussions trop graves et ma mère savait négocier avec les plaignants. Au lieu de me gronder, mon père engageait une discussion d'homme à homme; 'regarde-moi bien au fond des yeux' disait-il. Il me demandait ce que j'avais retiré de l'expérience -- d'abord les aspects positifs pour me mettre en confiance, puis les autres. Qu'est-ce qui m'avait incité à inventer ce bidule, qu'est-ce que j'avais réussi, qu'est-ce qui n'avait pas marché. Nous discutions des erreurs, tant du point de vue technique que de la sécurité. Comment  j'avais dépassé les limites en ne tenant pas compte de ma sécurité ni de celle des autres personnes."





Le garçon n'appréciait pas toujours cet examen minutieux de chaque aspect du problème. Aujourd'hui, il se rend compte qu'il avait un père remarquable, rarement en colère, à l'écoute de son fils. Que cette attitude l'a aidé à progresser et qu'il a rarement répété la même bêtise. Mais avant tout, ces deux hommes ont appris à se connaître, s'apprécier, se comprendre. "Sans savoir, à l'époque, combien j'étais privilégié d'appartenir à une telle famille!"

Habillés, chaussés, nous nous quittons sur la rue et je suis heureux pour son fils. Trois générations de mecs dotés d'une solide force intérieure, donc en paix avec eux-mêmes et leur entourage.

André

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