mardi 29 mai 2012

Splendour in the grass: au bord de l'eau entre copains partouzeurs




















Je survole chaque jour le blogue de Scott à Seattle intitulé Bill in Exile. Scott, ancien Marine athlétique, vit depuis longtemps avec le virus. Il est riche, riche, démocrate critique, marié à un homme plus jeune (qui mène une carrière internationale). Il livre à ses lecteurs un choix de réflexions et citations politiques; des chroniques ahurissantes sur sa vie sexuelle; les photos de ses anciens amants, de son neveu de deux ans, de ses parents qui l'encaissent bien. Il y a des mecs à poil dans son blogue, des vidéos de Q, et ce qu'il nomme son "porno militaire": des photos d'avions et d'armes accompagnées de détails techniques. Scott prend la défense des bas salaires, des femmes privées de leurs droits par les talibans chrétiens (néoconservateurs). C'est un vrai mâle qui encule et aime être enculé. Il construit actuellement une boîte de nuit gigantesque... Voici un billet, paru le 1er mai, qui me laisse songeur.

"Lorsque j'étais au lycée, je rentrais au Kentucky pour rendre visite à ma famille durant l'été. Nous allions nager en bande presque chaque jour. Ma parenté possédait une crique non loin de la maison. Nous nous y rendions pour passer l'après-midi à poil et c'est là qu'après une ou deux heures de batailles nautiques et de conneries d'ados, nous couronnions nos activités du jour par une branlette en groupe qui pouvait se métamorphoser en séance de pipes et de baise, suivant le type de participants...
"Inutile de préciser que la plupart des gars ont depuis lors choisi de s'enfermer dans un mariage hétéro, avec éducation des enfants et participation active à la vie de leur Église. Ils habitent toujours la ville où ils ont grandi.
"C'est plutôt triste. Parce que certains de ces garçons étaient si bien foutus qu'ils auraient pu devenir des superstars à New York ou Los Angeles. Bon! pas tous des superstars, mais au moins des étoiles du porno.
"Je me console en me disant que j'en ai croqué un morceau avant qu'ils ne s'installent dans leur vie de désespérance muette, avec une épouse et des mômes turbulents et consanguins [à force de se reproduire dans le même milieu]."

Ce récit m'embarrasse car il suit un scénario classique chez nous les gays: l'histoire d'hétéros malheureux parce qu'ils sont en fait bisexuels. Il en existe, pour sûr, et ils souffrent tout en respectant leurs engagements. Mais de l'autre côté de la barrière, nous sommes nombreux aussi à éprouver des regrets. Par exemple de ne pas avoir pu fonder une famille avec des enfants turbulents. Ou d'avoir raté notre carrière de superstar... Qu'en pensez-vous?

Pour revenir à des souvenirs de jeunesse au bord de l'eau -- voici quelques vers de William Wordsworth (1770-1850).

Though nothing can bring back the hour
Of splendour in the grass, of glory in the flower,
We will grieve not, rather find
Strength in what remains behind...
Bien que rien ne puisse ranimer le temps
De l'herbe splendide et des fleurs glorieuses,
Nous ne nous lamenterons pas, mais puiserons
Notre force dans ce qui reste du passé...

André

4 commentaires:

  1. ....????
    j'arrive à ce qu'il est convenu d'appeler "l'âge mûr"... et voilà que rien n'est encore mûr en moi. C'est un peu désespérant !...
    J'ai aimé des hommes et couché avec certains d'entre eux... et avec d'autres qui m'attiraient d'une autre façon...
    J'ai rencontré une femme qui me plaisait et avec qui je me sentais bien... Nous avons couché et puis vécu ensemble. Nous nous sommes mariés et avons eu des gosses magnifiques. J'ai essayé de rester "fidèle" (à une promesse que nous ne nous sommes jamais faite, d'ailleurs !) pendant plus de 20 ans... Nous sommes toujours ensemble. Pourtant depuis 10 ans, j'ai recommencé à "voir des mecs" et j'en ai besoin !... J'ai même entretenu une relation assez longue...
    Suis-je bi ?... ou, plus probalement un homo planqué ou refoulé ???...
    Suis-je heureux ?... Malheureux ?...
    J'ai essayé parfois de faire les choix que je pouvais et j'en ai bavé... souvent ! (Choisir, quel leurre !)
    Ce qui est certain, c'est que j'ai manqué des choses dans ma vie. Mais ce qui est tout aussi certain, c'est que j'en ai reçu d'autres...
    Alors, le bilan... bien malin qui pourrait le faire ! En tout cas pas le principal intéressé...
    Alors, s'il y a dans cette Case, quelques mecs qui pouvaient m'y aider, qu'ils sachent je n'ai jamais craché sur la main de personne...
    Merci.

    Philippe

    RépondreSupprimer
  2. having had my splendor in the grass when I was young and then went on to marry and have children, it is hard for me to regret my decision. My children and my grandchildren are all to me. I have days when I think what would have become of me if I had made the bolder, braver choice, but I didn't and now I am left with a lonely life, alone, with no man, but filled with love and appreciation for all I have with my family.

    Merci, robert

    RépondreSupprimer
  3. Vous deux/both of you, Philippe et/and Miracleman faites à peu près le même bilan / evaluate more or less the same situation. L'un en Suisse, l'autre aux États-Unis / Ph. in Switzerland, Mi. in the States. Tous deux vous aimez les arts et les pratiquez. / Both are performers of your art. Vous avez à peu près le même âge, / You are about the same age and come across in the comments section of a blog! / et vous rencontrez dans les commentaires d'un blogue!

    Vive / cheers to l'INTERNET!

    RépondreSupprimer
  4. Damned !...
    Je suis démasqué... et ça me fait bien plaisir, finalement !
    Comme cela m'a fait plaisir de lire le texte de Miracleman, le bien nommé et qui me montre qu'il faut bien plus que des océans pour séparer les hommes...
    Et comme cela me fait plaisir de lire ton commentaire, André, qui me rassure et me démontre que je n'avais pas tout oublié de mon anglais... Assez toutefois pour ne pas encore oser répondre directement à Miracleman, dans sa langue.

    Mais je vous embrasse tous les deux. Et ça, je sais qu'il comprendra !

    Philippe

    RépondreSupprimer