mercredi 4 juillet 2012

Ce qui qui fait chialer et pourtant réjouit les gays...


"Moi? me marier avec un homme, jamais!" disais-je et le pensais-je il y a cinquante ans. "On ne va pas singer les hétéros..." Vivre à la colle avec un gars, pourquoi pas (un certain temps). Mais convoler, non!!! Cette volonté de libération des carcans était aussi partagée par les jeunes hétéros des années soixante, très critiques envers la famille nucléaire. Depuis lors, une bombe a fait exploser ladite famille. D'autre part, le cancer et le sida nous ont rappelé combien nous étions vulnérables. Et des lesbiennes ont osé exprimer, puis réaliser leur désir de maternité; des gays ont suivi. Mais avec la maladie de nos proches nous avons découvert que, dans une relation amoureuse privée des formalités prescrites par la loi, nous ne bénéficions d'aucune prérogative. Les ayants droit pouvant nous séparer et nous délester -- déjà avant la mort.

À droite: Chris Hughes, cofondateur de Facebook.
Dans les pays où il a été mûrement réfléchi, le partenariat enregistré a effacé l'injustice concernant les prévoyances professionnelle, invalidité, vieillesse et survivant, ainsi que le droit successoral. C'est une sorte de coming out administratif. Au point juridique et humain cependant, le mariage permet d'éviter toute discrimination, à condition qu'il comporte les possibilités de procréation et d'adoption. L'étape suivante dans l'évolution des moeurs générales, ce serait une législation mieux adaptée autour des familles recomposées; et la possibilité pour les couples non mariés (de toutes compositions et orientations) de bénéficier des mêmes devoirs et privilèges. Comme l'a affirmé samedi la ministre française de la Famille (qui laissait entendre ce qui a été annoncé officiellement hier) lors de la Gay Pride à Paris, toute avancée sociétale profite à l'ensemble de la société. J'observe le phénomène depuis plus longtemps qu'elle et suis parfaitement d'accord.

En attendant le printemps des gays français, je vous propose de vivre, par vidéo interposée, la demande en mariage que Kyle Piers a adressée à son ami Tommy Barth. L'occasion: un concert du choeur a cappella Dear Abbeys (blague de potaches) de l'Université de Boston le 28 avril dernier. (Barth a enregistré et produit le CD qui marque le 20e anniversaire du choeur.) Les deux mecs se fréquentaient depuis trois ans. "Ce soir-là, écrit Piers, peu importe les opinions représentées dans l'auditoire, tout le monde a pu constater que l'amour c'est l'amour et qu'il ne connaît pas de frontières." Quelques centaines de personnes assistaient au concert. Séquence émotion.


Anderson Cooper et son compagnon.
Alors que le candidat républicain à la présidence américaine promet le retour du bâton sur les mesures d'égalité chichement accordées aux personnes LGBT, alors que les Églises catholique et protestantes fondamentalistes se cramponnent à leur programme de haine ("Ce n'est pas le pécheur, mais le péché que Dieu abhorre") encourageant ainsi la discrimination jusque dans les préaux d'écoles, chaque prise de position de personnalités LGBT est la bienvenue. Ce week-end dernier, Chris Hughes, l'un des fondateurs de Facebook, et son ami de longue date ont, comme on dit, contracter les liens du mariage à Garrison (État de New York). Entre autres, Hughes a récemment acheté la revue politique et littéraire The New Republic dont il est aussi le rédacteur en chef. Sean Eldridge, son ami de longue date et maintenant mari, a fondé une organisation qui vise à réformer le système de financement des campagnes politiques.

Cooper, reporter de guerre.
Autre bonne nouvelle pour les gays américains: le célèbre journaliste de TV Anderson Cooper a rendu publique son homosexualité. Sans cacher son lien avec son compagnon, mais en restant longtemps discret à cause de ses missions dans des régions dangereuses, Cooper vivait dans ce qu'on appelle un placard en verre. "J'ai toujours été très ouvert et honnête sur cet aspect de ma vie avec mes amis, ma famille et mes collègues. Dans un monde parfait, cela ne devrait intéresser personne d'autre. Mais je pense qu'il faut s'affirmer et le faire savoir. Je ne suis pas un militant, pourtant j'appartiens à la race des humains, aussi en tant que journaliste."
André

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