mercredi 7 novembre 2012

La bénédiction des couples de même sexe par l'Église protestante


Adam et Yves.
Le Synode de l'Église réformée du canton de Vaud a accepté le principe d'un rite de bénédiction pour les couples de même sexe au bénéfice d'un partenariat enregistré. En 2008, ce synode s'était déjà prononcé pour l'accueil sans discrimination des homosexuels au sein de la communauté. Ainsi dix Églises cantonales suisses ont institué un acte liturgique pour bénir les couples "pacsés" qui le demandent. Cette attitude, on le comprend, engendre des tensions et quelques coups de pieds au-cul-méniques de la part des piétistes protestants ainsi que des Églises catholique et orthodoxe.

Un groupe d'opposants et un groupe favorable à la bénédiction avaient été mandatés pour préparer les débats du Synode. Les "contre" sont venus avec les arguments connus: 1) l'obéissance littérale aux textes bibliques, 2) la protection de la famille traditionnelle, déjà fortement mise à mal, qui aurait besoin de soutien plutôt que de ce coup de boutoir supplémentaire. [Je ne comprends pas comment la bénédiction de quelques couples "pacsés" -- il y aura peu de demandes -- pourrait inciter plus d'hétéros au divorce. Serait-ce que plein de pères de famille en profiteraient pour virer leur cuti sous l'oeil bienveillant de Dieu?] Patricia Briel, journaliste au Temps, résume les délibérations du groupe en faveur de la bénédiction.

<< "Le discours et l'attitude de l'Église ont changé au cours de l'histoire pour ce qui touche aux discriminations de catégories particulières de personnes, écrivent-ils dans leur rapport. Nous pouvons donc dire que les personnes marginalisées par la société, et -- la plupart du temps -- par l'Église, deviennent occasion pour l'Église de servir plus fidèlement le Christ." Le groupe "pro" souligne qu'il ne s'agit pas de "changer pour se mettre à la mode du monde ambiant, mais changer parce que l'Évangile nous y invite". La question de la bénédiction des couples homosexuels représente donc "une opportunité de manifester notre suivance du Christ, y compris lorsque cette marche prend le risque de déclencher des colères et de changer de route par rapport à un discours millénaire".

>> La Bible ne promeut pas qu'un seul modèle de couple, rappellent les "pro". "Il y a celui qui a plusieurs épouses, celui qui prête sa femme pour s'attirer les faveurs d'un puissant, celui qui a une femme et en désire d'autres, celui qui a une femme mais aime un homme, celle qui aime une femme mais se marie pour des raisons vénales, celui qui est en couple pour procréer, celui qui est en couple pour sceller une alliance politique", etc. L'institution du mariage n'a pas été créée par le christianisme, mais elle est l'héritière de la société romaine. Les Protestants ont renoncé à la dimension sacramentelle du mariage pour valoriser sa dimension civile.

>> Quant aux textes bibliques qui évoquent l'homosexualité de manière négative, les auteurs du rapport affirment que "la Bible n'a pas été écrite par Dieu ni dictée mot à mot par Lui". L'interprétation du texte biblique, fruit d'un long processus de maturation, demeure ouverte. "La manière dont la Bible parle de l'homosexualité doit être replacée dans ses contextes. Ce thème reste globalement marginal, et il n'est pas possible de déduire de ces quelques textes des règles pour l'orientation sexuelle d'aujourd'hui." Les textes qui mettent en garde contre le jugement ou le rejet sont bien plus nombreux, remarquent les auteurs. >>

Ce qu'omet cette déclaration, c'est une demande de pardon. "Pardon de vous avoir si longtemps rejetés, méprisés!" Au siècle dernier, lorsque les lesbiennes et les gays ont commencé à sortir du placard, une offre d'accueil et de bénédiction aurait consolé nombre d'entre elles et eux. Entretemps, ils se sont éloignés de cette foi égoïste et frileuse.

André

2 commentaires:

  1. "l'obéissance littérale aux textes bibliques"
    Ce terme me fait hurler de rire.
    Même les plus pratiquants des églises catholique et orthodoxe auraient vite fait de rire jaune si ils l'appliquaient à la lettre.

    RépondreSupprimer
  2. Bien dit, Spirou !...
    N'empêche que quand passe le rouleau compresseur, si tu n'es pas écarté à temps, tu te fais écraser. Et même, un bon réflexe ne te sauve pas forcément la vie. Et d'ailleurs ça peut être un slalom épuisant pour éviter tous les autres rouleaux compresseurs qui se baladaient encore sur le chantier, il y a 30 ou 40 ans...
    Si l'époque ou l'Eglise peut changer ça, ce n'est pas moi qui m'en plaindrais !
    Obama semble réélu... et j'aime beaucoup la 2ème photo de ta page, André... Alors, ce sera une bonne journée.
    Merci à vous deux !

    RépondreSupprimer