et s'est pris un sacré rateau. Au fil de la lecture,
vous comprendrez comment et pourquoi.
Salut "Brandon"!
Tu souhaitais rencontrer un mec, même "pas libre", écrivais-tu? J’ai répondu à ton annonce! Et non, je n’ai pas honte... En tout cas beaucoup moins que par le passé. Oui, je suis un mec marié, donc pas libre comme je te l’ai précisé. Un homme qui a des relations sexuelles avec des hommes pour le sexe, un HSH. Car je sais maintenant que ça existe et qu’on n’a pas créé cette catégorie uniquement pour moi… Pas trop honte, disais-je? Je t’avoue que je suis loin de me sentir totalement libre, dégagé et à l’aise dans mon histoire plutôt douloureuse et compliquée (doux euphémismes). Les pénibles réactions que j’éprouve encore à la lecture de tes propos hargneux et de ta morale, tirée à bout portant, en sont la preuve: touché! Mais pas coulé! Pourtant je n’ai rien d’un cuirassé…
Oui, toi tu fais partie des braves qui ont osé faire le pas et marchent la tête haute. Moi, pas, pour toutes sortes de raisons qui t’échapperaient sans doute. Disons qu’il m’a déjà été long et difficile de m’avouer cela à moi-même et surtout d’y mettre des mots. Enfin de l’accepter, sans vouloir me laisser détruire ou le faire payer cher à mon entourage !...
Disons à ma possible décharge que je n’ai jamais été dupe de ce que j’éprouvais, ni enclin à feindre la rude et campagnarde virilité qui aurait été de mise dans mon milieu. Par ailleurs, personne n’aura jamais décelé chez moi la moindre trace d’une attitude homophobe. Parce qu'à côté d’une sexualité hors norme, la Nature m'a aussi doté de la lucidité qui l'accompagne souvent. Je tiens à le préciser pour m’inscrire en faux contre cette attitude que tu me prêtes abusivement… Laisse-moi au moins cela! Mais c’est vrai, les mots qui m’auraient fait sortir du placard n’ont jamais pu monter jusqu’à mes lèvres et sont restés étranglés dans ma gorge, étreignant ce souffle qui aurait pu les porter dehors…
Alors voilà, "Brandon ", il y a probablement du vrai dans tes remarques. J’en prends la part qui me revient et vais tenter de l’accepter, comme je dois aussi accepter tout le reste… Que ma vie n’aura été que ce qu’elle est, pleine de doutes, de peurs, d’angoisses, de fatigues, d’espoirs fracassés… et de honte aussi... Avec parfois l’envie de prendre un raccourci pour arriver plus vite au bout de tout cela. Donc oui, l’Enfer existe. Et il n’est nulle part ailleurs que dans cette vie et sur cette Terre… Et ce n’est sûrement pas dans le jardin des autres qu’il est à chercher, comme l’a dit Jean-Paul le Surfait !
Et accepter aussi que ma vie aura été une découverte, un chemin non tracé et sans but… Rien d’autre que cela. Accepter alors cette simple évidence: sur un chemin, qui ne mène nulle part, tout raccourci serait absurde… Dès lors, avec le temps, ce rien d’autre que cela m’apparaît certains jours comme un Tout, très plein, cohérent et productif. Comme si un ami me soufflait à l’oreille: "T’occupe donc pas d’où tu vas, ni d’où tu viens, Philippe! Avance et tâche de garder les yeux et l’esprit ouverts. Regarde et goûte ce qui se présente à toi… sans préjugés."
Accepter enfin que le Paradis est aussi sur cette Terre et le découvrir dans le regard des autres, de ma femme et de nos enfants, dans la joie. Cette joie encore sans mélange à la vue du tout petit dernier fraîchement débarqué dans ce monde. Dans le regard de ceux qui chantent à mes côtés et du pianiste qui m'accompagne. Dans celui d’un ami... ou d’un amant! Et même dans les yeux de cet âne, à la clôture de son pré, avec son nez si doux et son souffle tiède, semblant quêter de la tendresse au creux de ma main, ce soir d’hiver où j'en avais pourtant si peu pour moi-même…
Accepter tout et ne garder rien… Me vider totalement et, peut-être, me remplir à nouveau. La grande respiration de la Vie… Celle par laquelle je nous souhaite à tous deux, "Brandon" d’arriver à nous laisser porter… un jour. Bonne chance dans ta quête…
Philippe
Bonjour Philippe,
RépondreSupprimerJe comprends ce que tu exprimes et je pense que nous sommes nombreux dans ton cas, à vivre cette déchirure entre notre attirance sexuelle et ce que la vie, les convenances, les rencontres, et peut être nos lâchetés, ont fait ce que nous sommes, des hommes mariés,aimés, des pères fiers et heureux de nos enfants.
Ce n'est pas simple à vivre... et même si c'est difficile à comprendre pour certains, j'ai fais le choix de ma vie "sociale" d'hétéro, au vu et su de tous au détriment de ma vie "sexuelle".
C'est vrai à chaque fois j'ai peur d'être mis à nu, découvert, obligé de faire un coming-out forcé au risque de faire soufrir ceux que j'aime le plus.
Pourtant, dans ces rencontres masculines, la plupart sans lendemain, j'éprouve une plénitude, un plaisir que jamais aucune femme ne m'a donné.
Bon courage à toi, à nous tous dans cette situation... et tant pis si certains ne comprennent rien à nos choix, ou nos absence de choix.
Luc
Merci à André pour ce blog
Bonjour Luc,
RépondreSupprimerMerci de ton commentaire si franc, si clair à mon texte sur le blog d’André… Et merci à lui de nous ouvrir ses pages!
Oui, comme tu l’écris, nous devons être nombreux, dans notre cas, à nous sentir des imposteurs, d’abord dans nos familles et, ensuite, vis-à-vis de nos amants… (quoique, dans ma situation, je n’aie jamais caché mon état-civil à ces derniers.)
Non, je ne suis pas le seul à me sentir ainsi écartelé par un choix impossible… Je m’en doutais un peu avant de le savoir tout à fait clairement pour avoir rencontré un
proche collègue dans un de ces lieux de rencontres particulières où il n’avait rien à faire… Et moi non plus, bien sûr!...
Après m’avoir beaucoup déstabilisé, cette rencontre m’a, assez curieusement, beaucoup apaisé: Au moins, quelqu’un « savait ». Enfin! Et enfin, je pouvais parler de «ça» avec quelqu’un.
Je reconnais qu’en guise de coming out, c’est assez faiblard, mais cela m’a fait un bien énorme. Comme cela me fait du bien aujourd’hui de lire ton commentaire.
Moi aussi je me sens bien en compagnie des femmes et de celle que j’ai épousée, en particulier. Moi aussi, j’aime mes enfants et j’aime vivre en leur compagnie. Et pour tout un tas de raisons, je n’ai pas pu ou n’ai pas voulu leur en dire davantage
que je ne leur en ai dit. Et comme toi j’aime aussi les hommes. J’en ai même besoin. Besoin de leur chaleur, de leur force, de leur tendresse (mais si!) besoin de leur odeur, de leur timbre de voix. Et, avec eux, j’éprouve aussi ce sentiment de plénitude et ce plaisir dont tu parles. Les rencontres "sans lendemain" n’étant pas forcément les moins intenses.
Je me suis longtemps haï pour cela, au point d’avoir été tenté par le "raccourci". Je fais peu de cauchemars mais dans un qui revenait
régulièrement jadis, j’essayais de parler, de raconter, de m’expliquer… mais aucun son ne pouvait alors sortir de ma gorge, complètement étranglée. Une sensation horrible d’étouffer avec "ça". Je ne fais plus ce cauchemar depuis que je me suis autorisé a laisser vivre aussi ce côté de moi-même malgré son aspect sombre et clandestin...
Alors, merci à toi, Luc le bien nommé, de me confirmer, par ton commentaire que nous sommes probablement nombreux et que, parmi nous, il y a des mecs bien et sensibles, au moins autant qu’ailleurs. Je te souhaite bonne route, avec de belles rencontres. Au plaisir de te lire ou te retrouver à l’occasion sur le blog d’André.
Philippe