Un tramway nommé désir, un Titanic baptisé mariage -- et plouf !

Les culturistes Lalanne et Thomas.

Prononcez le mot mariage et écoutez les commentaires. D'aucuns l'associent aux drames de l'abus et de la violence, d'autres aux contes de fées qui n'ont jamais tenu compte des statistiques. "Ils furent heureux et eurent..." En France, 50% des enfants naissent hors mariage (40% en U.E., 20% en Suisse) au sein de familles aussi aimantes ou dysfonctionnelles que les autres. Dans les pays dits développés, environ 50% des sacro-saints mariages se décomposent. Merci donc aux bonnes âmes qui se soucient avant tout du sort des enfants élevés par des couples homos. Faisons le calcul: quel pourcentage de LGBT dans un pays? Quel pourcentage de ce pourcentage désireux de s'unir devant la loi? Et combien d'entre eux nourrissent-ils le désir (bien réfléchi) de mettre au monde/adopter/acheter un ou deux bambins? Pourtant des gens descendent dans la rue ou mènent des campagnes coûteuses pour empêcher cette mise à niveau de l'égalité. Pendant ce temps le Titanic nommé mariage hétéro prend l'eau de toutes parts...
Ce dont on n'a pas l'habitude réveille des peurs irraisonnées. Le mariage gay n'a rien à voir avec la religion, la morale ni l'éthique. C'est juste une tentative d'être en sécurité. Des couples hétéros réalisent cet équilibre conjugal où l'on se sent mutuellement épaulé; mais ils sont devenus rares. Car les relations de famille telle que vécues ou rêvées par le passé sont en train de se disloquer. Il est inutile de vouloir réinstaurer les valeurs d'autrefois; le monde a changé, les êtres qui naissent aujourd'hui aussi. Il faut les accueillir autrement. Ils possèdent des dons plus pointus et l'obéissance aux parents, les sacrifices pour la famille n'en font pas partie. Ils ne vont pas s'accrocher à des relations de sang si elles n'apportent pas de réponses à leurs attentes. Les gays l'ont compris depuis longtemps. Et des photographes leur ont servi de témoins.
L'idée que l'on va trouver le ou la partenaire idéal/e  pour toute une vie fait partie du passé. Ce que les jeunes -- et nous aussi qui voulons évoluer -- aimeraient apprendre, c'est comment oser se lancer dans l'inconnu. Quand j'entends une femme déclarer "Le jour de mon mariage a été le plus beau de ma vie" cela me fait gerber. N'a-t-elle rien connu d'extraordinaire avant? Profession, voyage, lectures, rencontres? Et plus rien après. Aucune envolée plus éblouissante avec son mari que leur nuit de noces après une journée épuisante? Ses enfants ne suscitent-ils pas autant d'émotions qu'une cantate de Bach ou une soirée de danse endiablée? Elle a promis fidélité à son homme; et personne d'autre, plus jamais ne l'aurait bouleversée ?
Messieurs -- gays ou pas -- vous le savez: la permanence des sentiments ne dépend pas d'un engagement prononcé un jour avec conviction. La fidélité à cette promesse n'exclut pas des changements profonds qui peuvent nous affecter hors de tout contrôle. Et les règles d'un autre âge n'ont plus cours aujourd'hui. Alors, que faire? Il existe une autre fidélité -- plus honnête -- envers les engagements pris et envers les partenaires aimés. Une fidélité qui dure au-delà des mariages ou des compagnonnages. Et l'on n'a plus besoin de se déchirer pour mettre une certaine distance entre deux partenaires qui ont évolué séparément. L'amour, ce puissant lien a toujours existé, tandis que le mariage est une invention plus récente, bien trop étriqué pour des esprits du XXIe siècle. Alors merde, faisons exploser les conventions !

André
Dans un prochain billet: Et que se passera-t-il après ?