samedi 13 août 2016

Des athlètes - un gay, un transgenre - se mettent à nu corps et âme



Greg Louganis.

Voici deux athlètes qui ont de nombreux messages à faire passer. Et ils ont choisi une voie inhabituelle: le spécial corps nus du magazine de sport américain ESPN qui publie chaque mois d'août un numéro présentant de splendides photos malheureusement trop pudiques. Aux États-Unis, en photo comme en politique, c'est soit porno, soit prude. Le plongeur Greg Louganis, quadruple champion olympique médailles d'or de tremplin à 3 mètres et de haut-vol. En 1984 à Los Angeles et en 1988 à Séoul. Il avait déjà gagné l'argent à l'âge de 16 ans en 1976 à Montréal... À 28 ans, six mois avant les Jeux en Corée, il avait été diagnostiqué séropo. À l'époque, cela équivalait à une condamnation à mort. Aujourd'hui, à 56 ans, son premier message c'est: regardez-moi, je suis toujours en vie, je tiens la grande forme et je soutiens les sportifs qui comme moi sont gays.

L'accident à Séoul.


Mariage en 2013.
Louganis en a bavé. D'ascendance samoane et suédoise, il a été adopté par une famille américaine d'origine grecque. Ce garçon splendide a longtemps souffert de dépression chronique. Et lorsqu'il a contracté le virus, il l'a gardé secret (de crainte de n'être pas admis en Corée) tout en continuant à lutter pour se préparer aux Jeux. Les jours sans entraînement, il se réfugiait au lit et attendait la mort. Sa victoire à Séoul est d'autant plus marquante que sa tête avait frappé la planche lors de l'avant-dernier plongeon de qualification. Il a veillé à ce que personne ne le touche alors qu'il sortait de l'eau tout ensanglanté. Greg a attendu les Gay Games de 1994, auxquels il a participé, pour sortir officiellement du placard. Et il a parlé de son rapport au virus l'année suivante. Depuis, il s'est engagé publiquement dans la lutte contre le sida et l'homophobie.




Le monde du sport n'est pas composé de types très évolués. Louganis ne pouvait pas cacher son homosexualité: il avait étudié le ballet classique. Il raconte que lors des déplacements de l'équipe de plongeurs, la plupart de ses collègues refusaient de partager une chambre avec un pédé. "La situation des gays a évolué depuis, dit-il aujourd'hui. Les gens comprennent mieux les souffrances qu'entraînent le mépris, les brimades et les injustices. La preuve: de plus en plus d'athlètes sortent du placard." Et de vivre avec le virus l'a rendu plus fort et plus résistant qu'il ne croyait l'être. C'est pour le prouver qu'il a accepté de se faire photographier en costume d'Adam. "J'imaginais que je ne dépasserais pas 30 ans et me voici à 56 ans !"




Le plongeur de Paestum, 470 av. J-C.

Durant 29 ans, avant sa transition de féminin à masculin, le triathlète Chris Mosier (ci-dessous) s'est senti mal dans sa peau. Aujourd'hui, il est enfin réconcilié avec son corps et a désiré le marquer en posant nu pour ESPN. Samedi 6 août, il a participé à un triathlon de format olympique: 1,5 km de natation, 40 km à vélo, 10 km de course à pied, cela dans l'équipe masculine, alors qu'auparavant il se mesurait aux autres femmes. Il a entrepris sa transformation il y a près de deux ans. Pratiquant plusieurs sports dès sa jeunesse, Chris s'est mis au marathon il y a trois ans. Puis il s'est attaqué à un nouveau défi avec le triathlon, en même temps qu'il a programmé sa transition.


Chris Mosier, triathlète.

Comme Mosier n'a pas bénéficié des muscles dont la testostérone dote les mâles à l'adolescence, ses résultats dans une épreuve masculine sont moins pointus que lorsqu'il -- ou plutôt elle -- concourait parmi les femmes. Et un problème pratique se pose lors de certaines épreuves: les lieux où les participants se changent pour passer de la natation au vélo, sont communs, sans cabine où se mettre à l'abri des regards. Cela dit, Chris a choisi de parler ouvertement de sa transition afin d'informer le milieu sportif et de faire évoluer les mentalités. Il est aidé en cela par le règlement émis cette année par le Comité olympique qui a supprimé l'obligation de prouver qu'on a complètement transité avant de pouvoir concourir dans les rangs de son nouveau genre. On souhaite à Chris Mosier un double succès. Dans son sport comme dans son engagement envers les sportifs transgenre.

André

Avant notre ère les athlètes défilaient à poil.

Arrivée de la torche olympique à Rio.

2 commentaires:

  1. Philippe du Nvd16 août 2016 à 08:39

    Bravo à ces hommes !
    Je salue sans restrictions leur courage et leur détermination.

    Et je me pose une question très personnelle et évidemment sans réponse:
    -"Est-ce que d'être si beau, cela aide ?..."

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