Les gens qui ont peu voyagé dans leur tête ou leurs jambes, qui ont
oublié qu'au milieu du siècle dernier l'Europe et l'Extrême-Orient
étaient le théâtre de combats sanglants -- et de nombreux génocides --
ces gens perdent la raison face aux événements actuels au Moyen-Orient, ainsi qu'aux attentats qui endeuillent quelques
villes en Occident et aux migrations provoquées par les guerres
et la faim dans le monde. Comment considérer ces faits lucidement ? Comment évaluer
les progrès (ou pas) que notre société a accomplis depuis la fin de la
deuxième Guerre mondiale, également dans le domaine qui nous concerne, nous
les LGBTQI ? J'y songeais en écoutant le discours qu'a prononcé l'autre
jour Carolin Emcke, récipiendaire du Prix de la Paix décerné chaque
automne par les éditeurs et libraires allemands durant la Foire du Livre
de Francfort.
<< LGBT, ce n'est pas une orientation qu'on choisit.
Mais si j'avais le choix aujourd'hui, je ne changerais pas. Non parce
que c'est le meilleur, mais parce que cela m'a rendue heureuse. >>
Carolin Emcke est connue en Allemagne comme écrivaine et
journaliste. Elle a étudié l'économie et la philosophie dans son pays,
en Grande-Bretagne et aux États-Unis. Au coeur de son récent discours,
questionnant l'appartenance (par exemple, si j'ai la foi, est-ce que
j'appartiens à ma religion ou est-ce qu'elle m'appartient ?), elle a
abordé un exemple très personnel devant le gratin politique et
artistique rassemblé à la Pauluskirche, l'église Saint-Paul de Francfort. "Je suis
homosexuelle, et si je parle ici aujourd'hui, cela ne peut être qu'en
tenant compte de mon expérience. Pas seulement bien sûr, mais quand même
comme une personne pour qui cela ne pose aucun problème d'être homo,
lesbienne, bisexuel/le, intersexuel/le, trans ou queer."
<< Constater qu'un événement aussi personnel puisse prendre une telle
importance pour d'autres gens que vous est renversant ! Ils en viennent à contester vos droits et nier la dignité de vos choix ! >>
"Ce n'est pas une orientation qu'on choisit, a poursuivi Carolin
Emcke. Mais si j'avais le choix aujourd'hui, je ne changerais pas. Non
parce que c'est le meilleur, mais parce que cela m'a rendue heureuse.
Pourtant, la première fois que je suis tombée amoureuse d'une femme, je
n'imaginais pas que cela signifierait mon appartenance à un groupe. Je
pensais que
qui et comment j'aimais n'était qu'une question
individuelle; une situation regardant ma propre vie, sans importance
pour des inconnus ou même l'État. Aimer et désirer quelqu'un, cela me
semblait concerner principalement un acte de ma part, pas une identité
!"
"Constater qu'un événement aussi personnel puisse prendre une telle
importance pour d'autres gens que vous est une expérience renversante.
Et ils en viennent à revendiquer un pouvoir d'interférence dans votre
vie, à contester vos droits et nier la dignité de vos choix ! Comme si
notre façon d'aimer était plus significative pour autrui que pour nous,
comme si notre amour et notre corps ne nous appartenaient pas, mais
concernaient ceux qui voudraient les effacer ou les traiter de
manifestations pathologiques. Cette attitude est assez ironique: on
dirait que pour eux notre sexualité définirait moins notre appartenance à
la race humaine que la leur. Et parfois il me semble que l'obsession
des islamophobes au sujet du foulard y ressemble fort. Comme si le
foulard avait une signification plus forte pour eux que pour celles qui
ont choisi de le porter."
"Et voilà que se referme le cercle
qui nous enclos, nous qui aimons un petit peu différemment qu'eux. Ou
qui paraissons un peu étranges, par exemple à cause du foulard. À leurs
yeux, nous appartenons uniquement à ce premier cercle, même si nous
évoluons entre plusieurs autres groupes qui peuvent présenter
encore plus d'intérêt que le cercle dans lequel ils nous enferment...
C'est ainsi que ce qui nous convient et nous rend heureux
est intimement lié à ce qui nous blesse et nous fait souffrir. Car nous
devons nous justifier jour après jour et expliquer que c'est vraiment et
pleinement notre vie, comme si nous n'appartenions pas totalement à la
race humaine."
Adaptation de l'extrait: André.
Pour entendre le
discours entier:
http://www.deutschlandfunk.de/friedenspreis-des-deutschen-buchhandels-dankesrede-von.911.de.html?dram:article_id=369347
je préfère lui, par méchanceté et jalousie, je suis heureux d'être ce que je suis avec le changement en plus j'aime mieux la vie maintenant
RépondreSupprimerje suis gay 100% et j'en suis heureux, mais serais-je si heureux si avais été né dans les pays homophobes???
RépondreSupprimerSi les parties politiques et les journalistes avaient fait leur boulot, les hétérosexuels se poseraient moins de question sur la communauté lgbt. Les hétérosexuels fantasment beaucoup sur la vie qu'ils supposent des personnes de la communauté lgbt.
RépondreSupprimer